Apres un détour par le film à oscars (SlumDog Millionnaire, 127 heures) et sa mise en scène des cérémonies olympiques Danny Boyle revient à ses premières amours avec ce thriller très noir.
Le film s’ouvre sur la voix off très « Trainspotting » de James Mc Avoy commissaire priseur qui participant à un vol d’œuvre d’art perd la mémoire lors d’un choc et oublie ou il a caché le Goya valant plusieurs millions de livres. Cette amnésie conduit son complice Franck (Vincent Cassel) a faire appel à Elizabeth Lamb (Rosario Dawson) une hypnothérapeute pour lui faire retrouver la mémoire.
C’est sur cette trame alliant suspense et inconscient , qui aurait plu à Sir Alfred Hitchcock que Danny Boyle va bâtir son film. Tel un prestidigitateur il utilise les attentes du public qui, se trouvant dans le cadre familier du film de braquage, croit deviner ou va mener l’intrigue et quelles vont être les réactions des personnages pour nous surprendre avec des renversements complets de situation.

On adhère ou pas au style très graphique de Boyle mais on ne peut qu’ être impressionné par sa virtuosité , il enchaîne les cadres très baroques, avec Antony Dodd Mantle son directeur de la photo (qui travaille aussi chez Lars Von Trier) il multiplie les expérimentations visuelles, les couleurs bleues oranges deviennent de plus en plus trippantes à mesure qu’on s’enfonce dans les méandres du cerveau de Simon. La musique electro de Rick Smith fondateur d’ Underground (déjà dans Trainspotting) , qui baigne le film,lui donne une pulsation, a la fois énergétique et un peu étrange.
Le film est ponctué de scènes chocs ou Boyle utilise des images et des sons extrêmes pour constituer de véritables assauts sensoriels les rendant encore plus éprouvantes. Il a la particularité dans les moments de violence de ne jamais détourner la caméra ou d’autres choisiraient l’ellipse.Malgré toute la tension il y a de nombreux moments d’humour et d’ironie.
Vincent Cassel dans un rôle pourtant attendu de gangster n’a pas recours à ces tics habituels son jeu beaucoup plus sobre fait apparaitre un homme certes dangereux mais plus complexe et humain qu’il n’y parait, je ne l’ai jamais trouvé aussi bon.
James Mc Avoy succède à Ewan Mc gregor et Cillian Murphy en leading man écossais chez Danny Boyle .Son coté juvénile et sympathique provoque l’empathie mais comme chez Mc Gregor il y a quelque chose d’étrange dans son sourire trop grand et ses yeux trop bleus. Mc Avoy est à l’aise dans tous les genres et son talent est vraiment éclatant ds ce film.
Rosario Dawson enfin en vedette après des années de seconds rôles sait saisir la chance qui lui est offerte, un peu en retrait au début du film son personnage se révèle et elle fini par dresser un très beau portrait de femme.

La mise en scène hallucinatoire de Danny Boyle dynamite ce thriller sensuel et psychanalytique et violent sur lequel plane l’ombre d’Hitchcock porté par un trio d’acteurs magistral .8/10