Nés sous la plume du romancier Jussi Adler-Olsen, les Enquêtes du département V débarquent sur grand écran. Le premier opus, Miséricorde, réalisé par Mikkel Norgaard (Klown), et sortira en VOD le 27 mars prochain, relate la naissance de ce département. Sa sortie sera suivie de près par le second volet, Profanation, du même réalisateur, en salles le 10 avril.
Tout commence quand Carl Mørck (Nikolaj Lie Kaas) et son assistant syrien Assad (Fares Fares) sont chargés d’une nouvelle mission, clôturer les affaires classées du commissariat. Relégués au fin fond du bâtiment, à la cave, sans même une fenêtre. C’est l’apanage des exilés. Assad, pour qui il s’agit plutôt d’une promotion, est un personnage plutôt social, intelligent et de bonne volonté (et on sent également qu’il est plus que les apparences nous le montre…). Tandis que Carl a tout du flic puni pour son arrogance et son côté indiscipliné. C’est d’ailleurs à la suite d’ une bavure, qui a laissé son meilleur ami paralysé à l’hôpital, et entrainé la mort d’un collègue, qu’il se voit affecté à ses nouvelles fonctions.
D’un caractère renfrogné, il va pourtant vite trouver un intérêt à ce nouveau travail, se plonger corps et âme dans ses nouveaux dossiers, le travail étant son seul univers.
Dans Miséricorde, l’histoire débute avec une femme supposée morte suicidée, et les deux hommes vont se laisser happer par une enquête palpitante.
Et le spectateur également ! Outre de très bonnes interprétations, le scénario est bien construit, mêlant action, violence, suspense et même, un soupçon d’humour scandinave. La musique, harmonieuse partition, accompagne à merveille les différentes ambiances. Quant à la photographie, elle sublime le tout, jouant avec les contrastes, le sombre pour dépeindre les lieux intérieurs – cabine, bureau du département, appartements…- (comme les sombres recoins de l’âme humaine), et la lumière pour filmer les extérieurs (mais aussi les souvenirs, l’innocence de l’enfance…). Tantôt dans les nuances jaunes-vertes, tantôt plongé dans une intense luminosité, le spectateur est captivé. Les paysages nordiques (Danemark, Suède), froids, se marient à l’austérité de l’histoire.
Les thèmes abordés, tout comme les contrastes de lumière, sont à plusieurs niveaux. En surface, la disparition d’une femme. En profondeur, les recoins sombres de l’âme humaine. Miséricorde, un titre qui n’est pas choisi au hasard, traite de la façon dont l’être humain perçoit la réalité et s’en accommode. Chacun, face à ses expériences, ses traumatismes, apprend à continuer à vivre, à avancer. Il y a ceux qui font face et dépassent leurs peurs, leurs blocages, leurs croyances. Et puis, il y a les autres, Ceux qui préfèrent passer du côté obscur, laisser parler la vengeance, la peur. Se laisser dominer par ses émotions, sa colère. Ne pas lâcher prise sur le passé…
Dans Profanation, à la suite de leur première enquête, les deux collègues voient leur équipe se renforcer avec l’arrivée d’une assistante, Rose (Johanne Louise Schmidt), qui apporte une touche féminine dans cet univers sordide.
Les deux hommes enquêtent alors sur un double meutre, ayant eu lieu dans un internat en 1987. Ils vont se retrouver au cœur d’une histoire d’amour passionnelle, obsessive, malsaine… de celles qui vous poussent à repousser vos limites, de celles qui vous détruisent.
L’atmosphère y est suffocante. La violence, le sexe, la destruction nous entrainent dans des recoins sombres de la psychologie humaine. Quand la passion amoureuse se transforme en obsession, l’être humain est capable des pires atrocités. Les autres thèmes abordés sont le jugement moral, les limites du bien et du mal, la culpabilité et la responsabilité, l’abus de pouvoir et le pouvoir de l’argent. La tendance à se croire au-dessus des lois. Autant de thèmes qui nous interpellent, nous interrogent sur les motivations et actes d’autrui.
Tout comme le premier volet, l’ambiance pesante est sublimée par la lumière et la musique qui sont à la fois sobres et justes. L’histoire, captivante, reprend les mêmes ingrédients (violence, action, suspense, humour) en ajoutant une touche de sexe et de perversité.
Conclusion : Portés par un casting brillant, Miséricorde et Profanation sont des polars nordiques glaçants, qui vous embarquent pour un voyage au cœur des ténèbres humaines. Et, en attendant d’ores et déjà avec impatience les suivants, je vous recommande vivement la lecture des romans, tout aussi haletants !
Ma Note : B
Les enquêtes du département V : Miséricorde de Mikkel Norgaard (sortie VOD le 27/03/2015)
Les enquêtes du département V : Profanation de Mikkel Norgaard (sortie le 10/04/2015)