Pour les trente et un an de sa sortie française , voici la critique d’un de mes films favoris all-time , l’épique, romantique et super-héroique Highlander!
C’est lors d’une visite des collections de la Tour de Londres que Gregory Widen eut l’idée de ce qui allait devenir Highlander s’imaginant la même visite commentée par un individu qui aurait pu utiliser ses armes au cours des ages. Impressionné par le premier film de Ridley Scott Les Duellistes, il enrichi son concept en imaginant non pas un mais deux personnages pris dans un duel s’étirant à travers les siècles. Il vend son script aux producteurs Davis et Panzer qui viennent de produire Osterman Week end dernier film de Sam Peckinpah . Ils font réécrire le script pour le rendre plus spectaculaire (entre autre par Larry Ferguson scénariste de A la poursuite d’Octobre Rouge) l’adversaire du héros y perd par exemple son caractère noble et ambigu pour devenir un pur méchant. Highlander raconte l’histoire d’un groupe d’immortels vivants parmi nous luttant jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un seul (seul la décapitation peut les tuer) . A ce survivant ultime est promis « Le prix »pouvoir mystérieux issu de celui de tous les autres immortels combinés. L’intrigue se concentre sur Connor McLeod, né dans les montagnes de l’Ecosse au cours du 15ème siècle, «tué» lors d’une bataille avec un autre clan et chassé de son village pour sorcellerie quand il se rétablit mystérieusement. Après plusieurs années, un autre immortel Ramirez le retrouve et le forme afin qu’il puisse lutter et empêcher un immortel maléfique le Kurgan de remporter « Le prix » . A travers les siècles, la guerre entre immortels se poursuit jusqu’à la bataille finale dans le New York des années 80. Le script adhère au modèle de Joseph Campbell mais la mythologie fascinante tissée par Widen est enrichie par un dispositif narratif astucieux qui entremêle des flashbacks se déroulant au cours de l’existence de MacLeod, de l’Ecosse du 16e siécle à la Seconde guerre mondiale en passant par un duel picaresque dans le Boston du 17e siècle.

Le duo de producteurs embauche le meilleur clipper de l’époque l’australien Russell Mulcahy qui vient de signer Razorback, dents de la mer dans l’Outback avec un sanglier en lieu et place du requin. Pour incarner l’écossais Connor McLeod, Mulcahy fait le pari de Christophe Lambert qui n’a pourtant qu’un film anglais à son actif (Greystoke) dont le coté physique et l’étrangeté le séduisent . Pour rassurer les investisseurs les producteurs engagent Sean Connery (pur écossais lui !)mais pour le rôle du flamboyant tuteur égypto-espagnol (?) du héros : Juan Sanchez Villalobos Ramirez. Ils ne disposent du très cher écossais que pour quelques semaines de tournage mais par chance les deux comédiens s’entendent à merveille leur amitié sur le plateau rend palpable le lien qui unit l’encore jeune immortel à son mentor. Avoir pour délivrer les nécessaires dialogues d’exposition les inflexions autoritaires de l’ancien James Bond aide à la solennité de l’affaire. Ramirez sera le premier rôle de mentor de Connery qui décrochera un Oscar pour celui d’Eliott Ness dans Les Incorruptibles. C’est Clancy Brown (remarqué en monstre de Frankenstein dans La Promise de Franc Roddam) qui est choisi pour le rôle du Kurgan l’immortel maléfique. Si il ne reste rien de l’ambigu duelliste inspiré par le personnage d’ Harvey Keitel l’acteur compose un méchant incroyablement impressionnant, effrayant doté d’un sens de l’humour cruel auquel il prête sa voix d’outre-tombe et son physique colossal. Dans les scènes contemporaines d’un New York nocturne qui doit beaucoup au Los Angeles de Terminator (sortie 2 ans avant) il arpente à la manière de l’androïde du film de James Cameron les mêmes allées obscures et hôtels sordides.
Highlander est également une fresque romantique exploitant l’aspect émotionnel du parcours de Mcleod qui voit disparaître tous ceux qu’il aime.Ainsi le souvenir de son premier mariage avec Heather (Beatie Edney) va le hanter jusqu’au 20 ème siècle. Encore plus touchante sa relation avec Rachel Ellenstein (Sheila Gish), que Connor a sauvé enfant, au milieu d’un champ de bataille de la Seconde Guerre mondiale et élevé comme sa fille. En quelques scènes, Lambert et Gish parviennent à créer une relation d’amour et de compréhension mutuelle. Seul point faible du film la relation de McLeod avec l’enquêtrice Brenda Wyatt (Roxanne Hart) peut développé en dehors d’un rôle de demoiselle en détresse.

Pendant de la structure narrative les transitions du réalisateur Russell Mulcahy sont inventives même si entre temps ses astuces visuelles ont été pillées à plusieurs reprises. Sa caméra ultra-mobile glisse d’un parking sous-terrain à la boue des champs de bataille de l’Ecosse du 16 ème siècle reste encore impressionnante à notre époque du CGI. La modernité et l’aspect cinétique de la mise en scène de Mulcahy donne une énergie folle au film, son découpage graphique confère aux confrontations entre immortels un aspect « comic-book » unique pour l’époque. Il traite ses combattants indestructibles (tant que leur tète n’est pas tranchée) comme des surhommes qui font s’abattre les murs à coups d’épée, endurent le pires dégâts.
Engagé pour une chanson le groupe Queen décide de produire un album complet où chaque membre va écrire une chanson. Le compositeur Michael Kamen (Die Hard , Lethal Weapon) ne s’en offusque pas et travaille avec eux pour inclure leurs chansons de matière organique au score en particulier le magnifique thème de Brian May « Who wants to live forever ». Cet apport décuplera la puissance épique du film.
Conclusion : Highlander est un film à l’image de son score : romantique, épique et opératique, trente te un ans après IL NE PEUT EN RESTER QU’UN !
Ma note A
Highlander de Russel Mulcahy (sortie le 26/03/1986)
Un excellent film ! Dommage que les suites ont tout gâché
En effet !