
Bien que le récit de The Apprentice puisse sembler prévisible, Ali Abbasi le déroule avec une précision clinique et une cruauté saisissante. Le film offre un aperçu des dynamiques de pouvoir et des ambitions démesurées, mettant en lumière la transformation d’un jeune héritier en un personnage complexe et dérangeant. Chaque scène est soigneusement construite, laissant le spectateur s’interroger sur les motivations des personnages et les conséquences de leurs actions.
Cependant, la véritable force de The Apprentice réside dans ses deux performances exceptionnelles. Sebastian Stan, dans le rôle principal, incarne un jeune Donald Trump en devenir avec une profondeur remarquable. Il évite les pièges de l’imitation grossière ou de la performance trop subtile, préférant se concentrer sur une incarnation authentique du personnage. Ses tics et ses obsessions, habilement mis en avant, nous montrent comment ce jeune homme presque sympathique se transforme peu à peu en un prédateur charismatique. Stan réussit à capturer l’essence d’un personnage dont l’ambition et la soif de pouvoir sont à la fois fascinantes et inquiétantes, comme dans une véritable origin story de super-vilain.
À ses côtés, Jeremy Strong livre une performance tout aussi captivante, se glissant dans la peau d’un mentor diabolique qui manipule les événements à sa guise. Son interprétation reptilienne et sournoise renforce le sentiment de malaise tout au long du film, alors qu’il pousse son protégé à explorer les limites de son ambition. Le personnage de Strong, bien qu’initialement séduisant par son intelligence et son charisme, révèle rapidement sa nature pitoyable. Cette dualité dans son rôle ajoute une couche supplémentaire à la dynamique du film, soulignant la toxicité de leur relation et les implications morales de leurs choix.
Au final, The Apprentice est un film qui parvient à capturer la montée en puissance d’un personnage complexe tout en mettant en lumière les dangers de l’ambition sans limites. Grâce aux performances remarquables de Sebastian Stan et Jeremy Strong, le film transcende ses éléments narratifs prévisibles pour offrir une réflexion profonde sur le pouvoir, la manipulation et la nature humaine. Abbasi réussit à créer une atmosphère à la fois captivante et troublante, où chaque choix des personnages résonne avec des conséquences dramatiques. C’est une œuvre qui mérite d’être vue, tant pour ses performances que pour sa réflexion incisive sur la psyché des prédateurs modernes.