
Lethal Weapon, réalisé par Richard Donner en 1987, est sans conteste LE modèle du buddy cop movie par excellence. Bien qu’il n’ait pas initié le genre, il a su introduire tant de tropes désormais considérés comme des clichés. Donner, réalisateur chevronné venu de la télévision, avait déjà à son actif des succès tels que The Omen (La Malédiction) et Superman (Superman, le film). Sa collaboration avec le producteur Joel Silver, connu pour son sens aigu du divertissement et sa capacité à rassembler des équipes talentueuses, a été déterminante dans sa carrière, faisant de lui un maître dans l’art de marier action et drame. Décédé le 5 juillet 2021 à l’âge de 91 ans, Richard Donner n’aura peut-être jamais eu les honneurs de la critique, mais il est difficile de penser que la présence de tant de films essentiels dans sa filmographie relève du hasard.
Au cœur de Lethal Weapon, on trouve évidemment la dynamique captivante entre Martin Riggs ( Mel Gibson) et Roger Murtaugh (Danny Glover). Cette relation, véritable moteur du film, oscille entre comédie et drame. Riggs, un policier au bord du gouffre, est un personnage complexe, dont le déséquilibre et la douleur sont palpables. Gibson, dans une performance électrisante, fusionne vulnérabilité et violence, rendant son personnage à la fois attachant et dérangeant. En parallèle, Murtaugh, à un tournant de sa vie, incarne le bon sens et la sagesse. Sa phrase emblématique, « Je suis trop vieux pour ces conneries », résonne comme un mantra pour tous ceux qui se sentent dépassés par les événements. La chimie entre les deux acteurs est indéniable, leurs échanges créant un équilibre parfait entre tension et légèreté. Lethal Weapon ne se limite pas à la dynamique entre ses personnages, bien que cette relation soit sans conteste l’un des aspects les plus captivants du film. Les séquences d’action sont tout simplement inoubliables. Richard Donner réussit à orchestrer des scènes où la violence est à la fois intense et stylisée, sans jamais perdre de vue l’émotion sous-jacente. La scène mémorable où Riggs se bat avec Mr. Joshua (interprété par Gary Busey) sur une pelouse s’inscrit dans la tradition des combats brutaux qui font la renommée des films d’action des années 80. Ces moments de tension physique, associés à une bande sonore jazz-noir, offrent une texture unique au film. On ressent presque la douleur des personnages à travers les cascades et les combats, une caractéristique souvent négligée dans les productions plus modernes.
L’écriture du scénario, signée Shane Black, constitue un autre point fort du film. Black, qui avait seulement 23 ans lors de l’écriture de son premier brouillon, réussit à capturer la voix authentique de ses personnages. Le dialogue, à la fois percutant et plein d’esprit, est délivré avec un tel naturel qu’on a l’impression d’assister à de vraies conversations. Les répliques humoristiques ne se limitent pas à faire rire ; elles révèlent aussi des facettes des personnages et de leur relation. La dynamique entre Riggs et Murtaugh est mise en lumière à travers des échanges oscillant entre taquineries et moments de profonde connexion. Une thématique particulièrement intéressante dans Lethal Weapon est celle des vétérans du Vietnam, dont les souvenirs hantent les personnages principaux. L’idée que ces hommes, hantés par leurs souvenirs du Vietnam, continuent de mener la même guerre dans les rues de Los Angeles, des années après la fin du conflit, ajoute une profondeur significative à l’intrigue. Riggs, en particulier, incarne cette lutte intérieure, portant le poids de la perte de sa femme et de ses expériences traumatisantes. Les antagonistes de Lethal Weapon ne sont pas de simples dealers de rue, mais des tueurs redoutables et militarisés, presque à la manière d’une entreprise, et eux aussi sont des vétérans. Tout comme Riggs, ils sont socialement marginalisés et psychologiquement aliénés, n’ayant d’autre voie pour utiliser leurs compétences que de se tourner vers la violence clandestine. Ce sous-texte renforce la dimension humaine du film, le transformant en une exploration des luttes personnelles derrière l’action.
La mise en scène de Richard Donner brille par sa capacité à capturer le chaos de Los Angeles tout en nous immergeant dans la vie de ses personnages. Chaque scène est soigneusement conçue pour refléter l’état d’esprit de Riggs et Murtaugh. Leurs mondes, bien que séparés par des expériences de vie différentes, se croisent et se complètent. L’ouverture du film, où Murtaugh célèbre son 50e anniversaire entouré de sa famille tandis que Riggs se retrouve seul dans sa remorque, illustre parfaitement cette juxtaposition. La famille est également une thématique centrale dans Lethal Weapon. Les scènes familiales de Murtaugh, pleines de chaleur et d’amour, contrastent fortement avec la solitude de Riggs. Ce dernier est prêt à tout risquer pour la protéger. Cette bravoure désespérée est le reflet de son caractère complexe et de ses démons intérieurs. Autre aspect technique marquant du film est le montage réalisé par Stuart Baird (Superman, Casino Royale). Son travail maintient un rythme soutenu tout en s’assurant que chaque scène d’action soit à la fois dynamique et fluide.
Conclusion : Lethal Weapon transcende le simple film d’action des années 80 ; c’est une exploration profonde de la condition humaine à travers l’amitié, le sacrifice et la rédemption. Avec sa combinaison d’humour, d’action brutale et d’émotion sincère, Lethal Weapon, grâce à la direction habile de Richard Donner, à l’écriture incisive de Shane Black et aux performances mémorables de Mel Gibson et Danny Glover, s’impose comme un classique incontournable.