THE INCREDIBLE HULK (2008)

Après la tentative introspective et singulière d’Ang Lee en 2003, Marvel Studios opère un virage plus conventionnel avec The Incredible Hulk, sorti en 2008. Ce reboot, réalisé par Louis Leterrier (Transporter, Now You See Me), cherche à renouer avec l’esprit de la série télévisée des années 70 tout en posant les premières pierres du Marvel Cinematic Universe. L’ambition est claire : relancer le géant vert avec une approche plus nerveuse, plus accessible, et amorcer la construction d’un univers partagé. Mais cette ambition reste précipitée, comme en témoigne le caméo de Tony Stark en fin de film, dont l’intégration paraît en décalage avec la cohérence narrative du MCU tel qu’il se développera par la suite.

Le projet naît dans l’urgence, Marvel souhaitant effacer le souvenir du semi-échec du film d’Ang Lee. Edward Norton, choisi pour incarner Bruce Banner, s’investit pleinement dans le développement du personnage, allant jusqu’à réécrire une partie du scénario pour y injecter plus de complexité psychologique. Cette implication créative entraîne des tensions avec le studio, qui mèneront à son éviction du MCU après ce film. Norton voulait un Hulk introspectif, tiraillé entre culpabilité et instinct de survie, mais Marvel privilégiait une narration plus directe et musclée. Le résultat est un compromis : un film d’action efficace, porté par une mise en scène dynamique et nerveuse.

Louis Leterrier opte pour une réalisation brute, avec une caméra mobile, des angles serrés et un rythme soutenu. Les scènes d’action, parfois chaotiques, sont portées par des effets spéciaux solides, bien que le combat final entre Hulk et l’Abomination souffre d’une esthétique trop proche du jeu vidéo, manquant de poids et de réalisme. Malgré cela, le film parvient à maintenir une tension constante et à offrir des séquences percutantes, notamment la fuite dans les favelas de Rio ou l’affrontement dans Harlem.

Le film puise ses influences dans plusieurs sources : la série télé avec Bill Bixby et Lou Ferrigno, les classiques du monstre comme Frankenstein et les comics originaux de Stan Lee et Jack Kirby. Il explore la notion de l’“autre” — un homme traqué, en quête de rédemption, qui lutte contre sa propre nature. L’esthétique sombre, dominée par des tons verts et des décors urbains oppressants, reflète l’isolement de Bruce Banner. Le design de Hulk, plus massif et veiné que dans la version précédente, s’inspire des comics modernes et de l’univers Ultimate Marvel.

Edward Norton livre une performance nuancée, apportant une profondeur au personnage. Liv Tyler, dans le rôle de Betty Ross, incarne une figure de compassion, tandis que William Hurt impose une autorité froide en Thaddeus “Thunderbolt” Ross. Ces personnages enrichissent les dynamiques du récit et donnent du poids à l’intrigue. La bande-son de Craig Armstrong (Moulin Rouge!, The Great Gatsby) accompagne parfaitement les émotions du film, oscillant entre mélancolie et intensité.

Conclusion : The Incredible Hulk oscille entre le blockbuster super-héroïque et thriller. Il ne révolutionne pas le genre, mais il pose des bases solides que Marvel affinera dans ses productions ultérieures. Moins sophistiqué que des œuvres comme Black Panther ou Captain America: The Winter Soldier, il reste un jalon important du MCU. Il introduit des éléments clés comme le sérum du Super-Soldat, l’Abomination, et amorce les futures apparitions de Hulk dans les Avengers. Une série B assumée, qui offre un divertissement honnête et capte l’essence du personnage. Pour les amateurs de super-héros, c’est une pièce intrigante du puzzle Marvel — un Hulk plus humain, plus tourmenté, et définitivement plus percutant.

Ma Note : B

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