
Cependant, nous suivons l’écrivain Ellison Oswalt, spécialiste des livres d’enquête sur des crimes non élucidés, qui, en quête de succès, emménage avec sa famille dans une maison reculée de Pennsylvanie. Cette maison fut le théâtre d’un tragique massacre familial, dont le plus jeune enfant demeure introuvable. Le personnage d’écrivain obsessionnel, en manque d’inspiration, rappelle étrangement Jack Torrance de Shining, et évoque plus généralement l’œuvre de Stephen King. L’ambiance s’installe progressivement, jusqu’à la découverte de mystérieuses bandes Super 8 dans le grenier, dont les visionnages ponctuent le film par de véritables instants de terreur. Chacune des séances que s’inflige le personnage, interprété par Ethan Hawke, constitue un film dans le film et représente sans conteste le point fort de Sinister.
Derrière des titres anodins, ces séquences de type « found footage » sont baignées dans une atmosphère véritablement terrifiante. Le sound design, oppressant et soigneusement élaboré, allié aux partitions entêtantes du vétéran Christopher Young (Hellraiser, Spider-Man 3), renforce le caractère traumatisant des images qui défilent sous les yeux du héros. À mesure qu’il s’enfonce dans l’obsession, au détriment de sa famille, les phénomènes semblent s’échapper de l’écran.
Scott Derrickson utilise toutes les ficelles du film de maison hantée, tels que bruits inquiétants, animaux et apparitions, parfois au risque de prêter à sourire. Cependant, ces éléments ont le mérite de maintenir la tension entre chaque projection.
Le huis clos joue également un rôle crucial : on ne sort jamais de la maison, ce qui accentue la paranoïa du personnage principal et nous amène à douter de la réalité de ses visions. Ce huis clos n’est brisé que par les incursions de l’adjoint du shérif, d’abord perçu comme un ressort comique, mais qui deviendra essentiel lors du dénouement. Les interventions via webcam d’un criminologue, interprété par Vincent D’Onofrio (Full Metal Jacket), introduisent la mythologie autour de cette silhouette mystérieuse présente dans tous les films.
L’interprétation des acteurs est de grande qualité pour un film de genre. Ethan Hawke se taille la part du lion et porte le film, tout en étant entouré d’excellents seconds rôles, incluant l’épouse de l’écrivain et le détective surnommé « so and so ». Le plus difficile pour ce type de film est d’arriver à une conclusion satisfaisante. En cela, Sinister m’a agréablement surpris avec son dénouement, qui m’a rappelé les conclusions tranchantes et ironiques des EC Comics. Cette fin subvertit également l’un des plus grands clichés des films de maison hantée et nous offre des images horrifiques vraiment dérangeantes. Bien que Sinister reste une série B, ses petits défauts, comme des effets de peur faciles, n’en altèrent jamais la vision.
En conclusion, on ne voit pas passer les deux heures de ce mélange entre Shining et The Ring (ShiRing ?), qui réussit à nous faire vraiment peur à plusieurs reprises — ah, le coup de la tondeuse à gazon ! N’est-ce pas là l’essentiel pour un film de terreur ?