En l’honneur de la double victoire d’Argo et de son réalisateur Ben Affleck cette nuit aux Golden Globes ,meilleur réalisateur et meilleur Film dramatique nous republions la critique de cet excellent thriller.
Troisième film de Ben Affleck depuis qu’il a quitté la « une » des tabloïds pour entamer une brillante reconversion de réalisateur.
Il illustre cette fois un scénario basé sur l’incroyable histoire vraie d’un « vrai faux film » financé par la CIA pour servir de couverture à l’exfiltration d’otages US en Iran.
Il parvient à faire cohabiter harmonieusement deux genres différents, une satire du milieu hollywoodien et un thriller à suspense en les abordant avec sobriété sans sur-jouer le suspens ou la comédie. Il en ressort une œuvre cohérente, fluide qui parvient à maintenir à la fois une tension permanente et le sourire aux lèvres.
Bien sûr, Ben Affleck s’inspire de ses grands ainés des années 70 comme le Sidney Pollack des « Hommes du Président » pour les séquences se déroulant au QG de la CIA et dans les arcanes de la diplomatie US ou de John Cassavetes pour les moments plus intimistes de la vie quotidienne des otages mais il intègre ses influences dans un style qui lui est propre.
La reconstitution du début des années 80 est impeccable en particulier celle d’un Téhéran reconstitué dans la banlieue de Los Angeles mais elle n’est pas mise en avant et sert vraiment l’histoire.
Ben Affleck dans une introduction animée très réussi rappelle le contexte de l’époque et souligne la responsabilité de la CIA dans la révolution iranienne évitant de faire d’Argo un film manichéen.
Mais Argo n’est pas une leçon d’histoire et reste un thriller, un « nail biter » ponctué de moments de tension extrêmes comme l’attaque de l’ambassade américaine ou le passage de la douane iranienne, mais aussi d’éclats de rire.
Le film est servi par un casting brillant autour d’un Ben Affleck, taciturne spécialiste de l’exfiltration, on retrouve Bryan Cranston dans le rôle de son supérieur et seul ami à la CIA, John Goodman en maquilleur hollywoodien truculent (John « La Planète des Singes » Chambers) et Alan Arkin qui se taille la part du lion dans son rôle de producteur roublard et se réserve les répliques les plus drôles.
Ultime élégance Affleck rend hommage aux vrais protagonistes de l’affaire dans le générique de fin commenté en voix off par le président très décrié de l’époque Jimmy Carter qui ne tira aucune de gloire de la réussite de l’opération.
Argo a certainement des défauts, je ne les ai simplement pas vu à la 1ere vision.
Et au final c’est encore un point à mettre à son actif!
Conclusion
Ben Affleck comme son ainé Clint Eastwood, s’avère être un réalisateur solide qui trace une œuvre classique, son 3ème opus est une nouvelle réussite à qui je donne un 9/10.