Le projet de Brad Bird (Mission Impossible ghost protocol, Les indestructibles ,Ratatouille) et du scénariste Damon Lindelof (Lost, The leftovers , Star trek , Prometheus) avec George Clooney en vedette arrive sur nos écrans nimbé d’une aura de mystére. Qu’est ce qui se cache derriére Tomorrowland ?
La jeune Casey (Brit Robertson) vit avec son frère auprés d’un père en Floride , ingénieur à la Nasa qui va bientôt perdre son travail quand un des derniers pas de tirs de Cap Canaveral sera démantelé. Apres une nuit au poste pour avoir tenté de saboter les engins du chantier elle se retrouve en possession d’un mystérieux pin’s qui lui laisse entrevoir une mystérieuse cité futuriste dont le secret réside peut être auprès de Frank Walker un savant qui vit reclus…
Le projet est né à la base d’une demande de Disney qui voulait renouer avec sa tradition de films familiaux « live-action » portant sa marque bâti autour de ses parcs d’attractions faite à Damon Lindelof et Jeff Jensen journaliste pop culture pour le magazine Entertainment Weekly. Ce dernier avait étudié les projets initiaux de Walt Disney pour ses parcs de Floride. A l’origine ceux-ci devaient constituer une communauté dédiée aux sciences, de véritables villes du futur, projet abandonné après le décès de l’oncle Walt par ses successeurs. Le concept du duo séduit Brad Bird qui a pu faire greenlighter le projet grâce au triomphe de son Mission Impossible.
Mais le film n’a rien d’un film publicitaire pour les parcs de la Maison de la Souris :
Il y a du Amblin version Back to the Future ou Men in Black dans Tomorrwoland
Tomorrowland s’interroge sur la transition qui s’est effectuée dans notre imaginaire d’un futur optimiste plein de promesses vers une la vision sombre et inquiétante qui domine aujourd’hui et qui s’incarne dans notre imaginaire dans des dystopies toutes plus noires qui ont remplacés la S.F pulp optimiste des années 50 et 60 qui nourri la technologie futuro-vintage du mystérieux Tomorrowland. Le film fait le lien entre cette noirceur qui a envahit notre vision de l’avenir dans la fiction et notre incapacité à relever les défis de notre époque (dérèglement climatiques , désordres sociaux), pour ses auteurs il n’y a qu’une solution : l’imagination.

Souvent décrié Damon Lindelof est pourtant un véritable auteur ( un de mes créateurs contemporains favoris) qui a toujours su mêler l’aventure, les références geek (elles abondent dans Tomorrowland) à une émotion mélancolique car toujours mêlée d’une sourde angoisse existentielle. Tomorrowland est son script le plus accessible tout en étant caractéristique de ses thèmes de prédilection : le mystère au cœur de l’intrigue , un compte à rebours connu de quelques initiés, la structure bâtie sur différentes temporalités, la mélancolie du paradis perdu que certains personnages veulent retrouver …
Brad Bird a débuté sa carrière de réalisateur dans le cinéma d’animation (avec le Geant de Fer et deux Pixar Les Indestructibles et Ratatouille guettez d’ailleurs les « cameos » de M.Incredible ou du Iron Giant) et il en applique ici le mélange de rigueur et de folie à son film qui pourrait très bien être un Pixar en live action. Sa mise en scène à la fois virevoltante et précise comme un travail d’horloger m’a impressionné par sa virtuosité sans esbroufes. Rarement depuis Spielberg ais-je autant été soufflé par l’enchaînement de certains plans.

Les deux jeunes interprètes principales sont un autre atout du film le personnage de Casey surdouée et rebelle aurait vite pu être agaçant si la jeune Britt Robertson ne lui apportait pas un naturel qui nous la rend immédiatement sympathique et un timing comique parfait qui se fond dans le rythme du film.
La jeune britannique Raffey Cassidy aperçue dans Blanche Neige et le chasseur et Dark Shadows dans un rôle dont ne peut rien divulguer pour préserver les surprises du film est elle aussi parfaite à la fois drôle et émouvante.
Les deux anciens docteurs de télévision Hugh Laurie et le caffeiné George Clooney restent dans leur zone de confort dans des déclinaisons de leur rôles fétiches , froid et caustique pour Laurie (en analogue négatif de Walt Disney), en mode Cary Grant pour Clooney mais ces personnalités collent parfaitement à leurs personnages respectifs.

Le film est splendide magnifié par la photo de Claudio Miranda (Tron Legacy, Oblivion) et c’est au décorateur du Star Trek (autre exemple de futur lumineux et optimiste) version J.J Abrams Scott Chamblis et au superviseur des effets spéciaux John Knoll une des pointures d’ILM que Bird a choisi pour donner corps à cette cité du (rétro) futur qui condense tous les fantasmes de 30 ans de SF pulp. Les effets numériques omniprésents sont toujours à la limite entre le photo réalisme et le cartoon.

Aprés quelques déceptions pour moi c’est un grand Giacchino qu’on retrouve ici avec un main-theme tonitruant (guettez son cameo en ouvreur de l’attraction « It’s a small world »).
Le film n’est pourtant pas exempt de défauts après une première heure quarante époustouflante et brillante le film ralentit et son climax maladroit et bavard est en demi teinte par rapport aux promesses qui l’ont précédé. Maile film se clôt par une séquence parfaite.
Conclusion : De la trempe des grands films Amblin À la poursuite de demain (Tomorrowland) déborde de rythme, d’inventions et d’optimisme. Un film familial au sens noble qui vous rendra votre âme d’enfant.
Ma Note : B+
À la poursuite de demain (Tomorrowland) de Brad Bird (sortie le 20/05/2015)