Deux ans après son retour réussi sur la franchise X-Men, Bryan Singer revient avec ce volet qui se doit d’être le plus spectaculaire de la saga et qui confronte l’équipe de mutants à son pire adversaire. Mais l’Apocalypse comme l’enfer est pavé de bonnes intentions…
Après une séquence pré-générique efficace qui se déroule dans l’Egypte antique et rappelle l’esprit de Stargate (on reviendra sur le lien avec le cinéma de Roland Emmerich plus loin) l’action reprend dix ans après les événements du précédent volet. Le professeur Xavier et Hank McCoy animent une école pour mutants , Magneto a renoncé à la lutte et vit désormais en Pologne parmi les humains auprès de sa nouvelle famille alors que Raven dans la clandestinité libère des mutants exploités à travers le monde. Mais la résurgence du premier d’entre eux le tout-puissant En-Sabah-nur décidé à détruire la civilisation pour la rebâtir à son image va les contraindre à reprendre la lutte.
Ironiquement alors que le précédent volet devait permettre au scénariste Simon Kinberg de « réparer » les dégâts qu’il avait causé sur X-Men : L’Affrontement final le mal aimé de la franchise – dont il se moque ouvertement au détour d’une scène – ce sont exactement les mêmes travers dans lesquels il tombe ici. Le script accumule les intrigues, personnages et clins d’œil aux comics pour (com)plaire aux fans sans les développer comme ils le méritent. X-Men Days of Future Past adaptait et enrichissait une seule histoire du canon la où Apocalypse survole les sagas Weapon X (qui ne sera décidément jamais représenté correctement au cinéma) , Fall of the mutants introduisant en plus les Morlocks et Phenix tout en essayant d’apporter une conclusion aux intrigues entamées avec First Class. Le traitement d’Angel (Ben Hardy) , personnage crucial de la saga d’Apocalypse dans les comics, est exemplaire de cette superficialité réduit à un rôle d’homme de main muet il est moins travaillé que la version incarné par Ben Foster dans X-Men : L’Affrontement final . En dehors de Magneto aucun des Quatre Cavaliers pas plus Storm (Alexandra Shipp néanmoins prometteuse dans le rôle) que Psylocke (Olivia Munn qui fait juste du cosplay) pourtant mise en avant dans le marketing n’est exploité.
Même si il a signé parmi les meilleurs CBM (comic book movie pour les intimes) Bryan Singer ne m’a jamais semblé à l’aise avec l’esprit purement comics, ce sont les métaphores qu’autorisaient le concept des mutants sur les minorités qui l’ont mené vers la franchise. Dans un contexte plus ouvertement fantastique ses limites se font sentir. Si il excelle dans la précision et l’inventivité de ses composition de plan, son travail sur l’action m’est toujours apparu statique manquant du dynamisme qu’a su injecter un Matthew Vaughn. Ce n’est pas un hasard si les scènes qui mettent en vedette Quicksilver (Evan Peters) un mutant dont lespouvoirs sont liés à la vitesse reposent sur des éléments figés dans l’espace et le temps façon « bullet-time ». Il reprend d’ailleurs a l’identique le concept de la fameuse scène de la cuisine de X-Men Days of Future Past cette fois ci au son d’un standard des années 80 certes plus spectaculaire mais qui perd en originalité.
S’il se montre plus a l’aise dans les séquences de destruction globale que dans les corps à corps superhéroïques (la comparaison avec ceux de Civil War est cruelle) ces scènes de catastrophes numériques dénuées d’enjeux rendent son cinéma indiscernable de celui de son grand ami des « pool parties » hollywoodiennes Roland Emmerich. Il est grand temps pour lui de ressourcer son cinéma loin des blockbusters et de retrouver une veine plus dramatique.

Les photos d’Oscar Isaac (Star Wars, Sucker Punch) dans le costume du vilain éponyme avaient attiré des comparaison ironiques avec les méchants des Power Rangers et c’est vrai qu’on se trouve parfois a la limite du ridicule (et même du mauvais gout quand il arpente les ruines du camp d’Auschwitz) avec son épais maquillage et ses talons compensés. Par nature ce type de vilain surpuissant est délicat à adapter car son caractère extrême laisse peu de place a une vraie caractérisation.Pourtant malgré ces handicaps Isaac s’en sort très bien , en partie car il excelle dans ses personnages sinistres et d’autre part car il semble prendre du plaisir a le jouer. Il parvient a être opératique sans tomber dans le ridicule.
Singer a la chance de se reposer sur l’excellent choix de Matthew Vaughn pour les rôles de Magneto et du Professeur X : James McAvoy et Michael Fassbender sont à nouveau excellents et élèvent le matériel qui leur est donné alors qu’il recycle leurs arches narratives sans changement ou amélioration significative. A l’opposé d’une Jennifer Lawrence complètement transparente, touriste dans un personnage certes mal écrit mais qu’elle ne tente même plus d’animer. En dehors d’Oscar Isaac les nouveaux membres de l’équipe Ty Sheridan en Cyclope, Kodi Smit-Mcphee n’ont pas l’occasion de se distinguer le script ne passant pas assez de temps à nous les faire découvrir. Contrairement à beaucoup de fans le casting de Sophie Turner en Jean Grey ne m’a jamais convaincu et je n’en sors pas plus avancé même si elle livre une composition honorable.
Toutefois le film n’est pas désagréable à suivre, l’enchaînement des intrigues lui donne un mouvement certes un peu artificiel mais fait passer les presque deux heures trente sans aucun problème. Les fans sont toujours heureux de voir se matérialiser des concepts du comics à l’écran, j’ai beaucoup aimé par exemple la scène de combat astral entre Xavier et Apocalypse. Le retour du personnage de Moira McTaggert (Rose Byrne) permet de corriger un élément qui m’avait dérangé dans First Class.
Conclusion : X-men Apocalypse le plus ouvertement « comic-booky » des X-Men de Bryan Singer perd en substance ce qu’il pense gagner en envergure faute d’investissement émotionnel dans ses personnages. Si le film se laisse voir sans déplaisir il marque une vraie chute de qualité et d’ambition pour la franchise.
Ma Note : C
X-Men : Apocalypse de Bryan Singer (sortie le 19/05/2016)
Je n’ai vu le film que récemment et j’avoue que je m’attendais à quelque chose de beaucoup plus « WAOUW »… La scène d’ouverture du film, avec la présentation d’Apocalypse (et le texte lu en voix off à propos des mutants) annonçait un truc presque trop grandiloquent alors que le résultat est tiédasse, voire mou. Même si les scènes réservées à Magneto conservent une certaine forme de tension nerveuse (bon, on va passer sous silence celle se déroulant à Auschwitz, comme tu l’as souligné dans le billet), ça ne suffit pas à compenser le reste. Pas d’enjeu véritable, pas de réels sidekicks bien badass pour Apocalypse (censé être le grand destructeur des mondes, toussa) et une Jennifer Lawrence aux abonnés absents.
C’est dommage parce que j’étais curieuse de découvrir Sophie Turner dans un autre contexte que Game of Thrones (et je trouve que, même si l’ensemble du long-métrage laisse clairement à désirer, elle ne s’en sort pas trop mal)(mais j’suis prêtre pas objective parce que #TeamSansa).