Dés l’annonce du lancement de cette adaptation cinématographique du manga et de l’anime éponyme Ghost in the Shell a provoqué l’ire des fans de l’oeuvre puis le scandale , l’annonce du casting de Scarlett Johansson dans le rôle titre relevant pour certains du white wahing. Le réalisateur Rupert Sanders (Blanche-Neige et le chasseur) est attendu au tournant, fait il taire les critiques ?
En préambule l’auteur de cette critique si il a vu à sa sortie l’anime Ghost in the shell – mais pas ses suites Innocence ou Stand Alone Complex dont le scénario reprend semble t’il des éléments – ne compte pas parmi ses fans – et n’a donc pas d’investissement particulier ni d’à priori sur cette adaptation live. Pas plus que le casting de Scarlett Johansson dans le rôle principal ne nous semblait incongru dans le cadre d’une production au budget conséquent. Le script crédité à Jamie Moss (Street King) , William Wheeler (Queen of Katwe) et Ehren Kruger (Arlington Road et 3 Transformers) en donne d’ailleurs une justification assez maline qui rend hommage à l’origine du manga.
Dans un futur proche, le Major (Scarlett Johansson) est un être unique, sauvée d’un terrible attentat , son cerveau est greffé par les scientifiques de la société Hanko à un corps cybernétique (le titre Ghost in the shell littéralement le fantôme dans la carapace fait référence à son esprit logé dans cette enveloppe robotique) faisant d’elle un membre précieux de la section 9 qui traque les plus dangereux criminels. Alors qu’ils font face à une menace d’un nouveau genre qui « hacke » les esprits et s’attaque à la société Hanko, le Major découvre que ses souvenirs ne sont pas exactement ce qu’elle croyait être . Rien ne l’arrêtera alors dans sa quête pour percer les secrets de son passé…

Rupert Sanders avait déjà montré avec Blanche-Neige et le chasseur un certain talent, – avec son directeur de la photo Jess Hall (Transcendance , Hot Fuzz)- pour mettre en valeur une belle direction artistique sans doute car il est issu d’une école d’art et non de cinéma. C’est encore le cas ici où il propose avec le production designer Jan Roelfs (Bienvenue à Gattaca, Alexandre) un univers cyberpunk assez immersif même si il est un peu « roboratif » (les couleurs vives des hologrammes publicitaires du Tokyo futuriste brûle un peu les yeux en IMAX). Quasiment tous les éléments du film décors, costumes, maquillages et accessoires font l’objet d’un design extrêmement soigné. Les effets spéciaux de Weta et MPC créent une cité connectée impressionnante même si évidemment elle doit énormément au Los Angeles de Blade Runner. Si les compositions de plan de Sanders sont très graphiques il se montre beaucoup plus maladroit dans la mise en scène de l’action qui manque d’énergie et d’impact. Le gunfight qui ouvre le film se repose ainsi sur des effets de ralentis matrixiens qui paraissent datés, le combat dans l’eau avec un fugitif est anti-climatique, le final face à un « spider-tank » restant la scène la plus réussie dans ce domaine malgré un trop plein d’effets numériques.
Par son sujet Ghost in the shell invite le critique à la métaphore facile, contrairement à son héroïne le film est une onéreuse mécanique à qui il manque une âme, un « ghost » pour en reprendre le vocable .En dépit de ses qualités techniques et du professionnalisme de son exécution on s’ennuie poliment devant un film dont on ne ressent jamais le pouls , Sanders enchaîne les scènes de façon mécanique et ne parvient pas à lui donner un élan. Ironiquement pour un film cyberpunk jamais le spectateur ne « connecte » avec ses personnages pas plus d’ailleurs qu’il ne ressent une connexion entre eux. On peine ainsi à ressentir le lien presque maternel censé unir les personnages de Juliette Binoche et Scarlett Johansson pas plus que l’amitié-affection qui la relie à son partenaire Batou (Pilou Asbæk). Le jeu des comédiens n’est pas mauvais mais ils semblent chacun jouer « dans leur couloir » à l’image de l’interprétation minimaliste de Scarlett Johansonn. Sans doute a t’on déjà trop vu la comédienne dans ce registre le personnage du Major apparaissant comme une variation supplémentaire sur ceux de Her, Lucy, Black Widow ou Under the skin. Faute de parvenir à s’investir dans les personnages et leur devenir les débats philosophiques que veut soulever le film relèvent du gadget.Peut-être aussi Ghost in the shell est il victime de ce que nous appellerons le syndrome John Carter (du nom du film éponyme), les thématiques cyberpunk du film liées à l’intelligence artificielle ( Ou est la distinction entre l’être humain et robot ayant conscience de son existence ? Qu’est-ce qui fait la spécificité de la pensée humaine ? ) qui pouvaient sembler novatrices en 1995 on tant été exploitées dans le cinéma de S.F depuis (et mieux) que le film de Rupert Sanders parait presque anachronique.
Ma note : C+
Ghost in the Shell de Rupert Sanders (sortie le 29/03/2017)