THE ACCOUNTANT 2 (2025)

Lorsque j’ai appris que The Accountant 2 allait voir le jour, près d’une décennie après le premier opus, j’ai ressenti une pointe d’excitation mêlée à une curiosité prudente. Le projet original, sorti en 2016, avait émergé d’un scénario indépendant écrit par Bill Dubuque, un auteur fasciné par les mécanismes du cerveau humain et les troubles neurodivergents. Inspiré par des personnes de son entourage sur le spectre autistique, Dubuque avait imaginé un personnage comme Christian Wolff : un génie des chiffres doublé d’un assassin impitoyable, capable de naviguer dans les eaux troubles des organisations criminelles. Ce concept avait attiré l’attention de Warner Bros., qui avait confié la réalisation à Gavin O’Connor, un metteur en scène connu pour ses explorations des liens familiaux complexes et des luttes intérieures (comme dans Warrior ou The Way Back). Le succès modeste mais durable du premier film – avec plus de 155 millions de dollars au box-office mondial et une vie seconde en streaming – a ouvert la voie à cette suite, annoncée dès 2017 mais retardée par des négociations de droits et des changements de studios. Amazon MGM Studios a finalement pris le relais en 2024, permettant à O’Connor de tourner ce qui s’annonce comme le deuxième volet d’une potentielle trilogie, avec des idées pour un troisième film décrit comme un « Rain Man sur stéroïdes », centré sur une dynamique fraternelle encore plus légère et émotive.

Les influences de The Accountant 2 sont ancrées dans un cinéma d’action old-school que j’affectionne particulièrement, celui des buddy movies produits par Joel Silver dans les années 80 et 90, comme Lethal Weapon ou Die Hard. On y retrouve cette énergie brute, ces duos improbables qui mêlent violence et humour, avec une touche de drame personnel. O’Connor, influencé par son propre parcours de réalisateur de films sportifs et dramatiques, infuse ici une sensibilité humaine qui élève le récit au-delà de simples fusillades. Dans la filmographie de Ben Affleck, qui reprend son rôle de Christian Wolff, cette suite s’inscrit comme un retour aux sources après des incursions dans l’univers des super-héros (Batman v Superman) ou des drames introspectifs (Gone Girl). Affleck, qui a traversé des phases de réalisateur acclamé (Argo) et d’acteur polyvalent, trouve ici un terrain fertile pour explorer la vulnérabilité masculine, un thème récurrent dans sa carrière. The Accountant revient donc avec une suite certes moins réussie, mais qui reste complètement dans mes cordes pour les thrillers d’action old-school. Ben Affleck, toujours impeccable en Christian Wolff, l’autiste prodige des chiffres et tueur implacable, forme un duo naturel avec Jon Bernthal en Braxton. Leur alchimie fraternelle est le cœur du film, portée par des dialogues percutants et un équilibre tonal réussi entre action, drame, comédie et suspense. L’énergie et la personnalité qu’insufflent les deux à leurs rôles et dans des scènes d’action brutales impeccablement chorégraphiées réveille le doux souvenir des buddy-movies à la Joel Silver. Affleck incarne Wolff avec une précision remarquable, capturant les tics neurodivergents – comme son aversion pour les contacts visuels ou son besoin d’ordre obsessionnel – sans tomber dans la caricature. Bernthal, avec son charisme rugueux , injecte une dose d’humour et de vulnérabilité, transformant Braxton en un frère protecteur et chaotique.

O’Connor opte pour une approche plus ludique et humaine que dans l’original. Le scénario de Dubuque, tout en conservant les puzzles comptables complexes, met l’accent sur une conspiration impliquant un trafic humain et un meurtre au Trésor américain, avec des ramifications politiques actuelles qui résonnent subtilement avec les débats sur l’immigration et la corruption. La mise en scène est dynamique, avec des séquences d’action chorégraphiées autour du pencak silat, cet art martial indonésien qui donne aux combats une fluidité brutale et réaliste. O’Connor excelle dans les plans serrés qui capturent la tension des affrontements, comme cette bataille finale où les balles fusent dans un chaos orchestré. Visuellement, la photographie de Seamus McGarvey apporte une palette froide et métallique aux scènes urbaines, contrastant avec les flashbacks chaleureux sur l’enfance des frères, soulignant leur évolution.

Cynthia Addai-Robinson, apporte une détermination farouche à son rôle d’agent du Trésor, formant un trio improbable avec les frères Wolff. J.K. Simmons, reprenant son personnage de Ray King, injecte une sagesse paternaliste qui ancre le récit dans une quête de justice personnelle. Daniella Pineda, nouvelle venue en tant qu’assassin amnésique, ajoute une couche de mystère, bien que son arc reste un peu sous-exploité. Côté bémols, le film n’égale pas l’originalité du premier. L’histoire, axée sur une trame de vengeance plus classique, semble alambiquée et sous-développée. Le récit reste superficiel, avec peu de profondeur dans le développement des personnages et les rôles féminins sont particulièrement négligés. L’absence d’Anna Kendrick se fait sentir, privant le film d’une romance naissante qui avait apporté une douceur bienvenue au premier. Malgré ces défauts, ce genre de film—intense, bourré d’action avec une touche d’humour—est totalement ma came. Il capture l’essence d’un divertissement pur, où l’action n’est pas gratuite mais sert à explorer des thèmes comme l’acceptation de la différence et la réconciliation familiale.

Conclusion : En fin de compte, The Accountant 2 est une suite qui, malgré ses imperfections, capture l’esprit d’un cinéma d’action authentique et humain. S’il n’atteint pas les sommets d’originalité du premier, le film a du cœur. Cette suite m’a rappelé le plaisir simple d’un bon thriller : intense, drôle et attachant.

Ma Note : B+

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