
The Hidden, réalisé par Jack Sholder (à qui l’on doit aussi Freddy’s Revenge), est un bijou de cinéma de genre des années 80 qui transcende son statut de série B pour devenir une œuvre culte. Né du scénario hybride de Jim Kouf, le film est un mélange audacieux et nerveux de science-fiction paranoïaque, de polar urbain et de thriller d’action.
L’intrigue est simple et géniale : un flic de Los Angeles, le détective Tom Beck (Michael Nouri, tout en énergie brute), doit faire équipe avec un mystérieux agent du FBI, Lloyd Gallagher (Kyle MacLachlan, parfait en extraterrestre distant et étrange), pour traquer un parasite alien qui saute de corps en corps, laissant derrière lui une vague de violence criminelle et de voitures volées.
Le film emprunte à Invasion of the Body Snatchers (pour le parasitisme) et à The Terminator (pour la poursuite urbaine), mais Sholder fusionne ces influences pour créer un buddy movie qui subvertit les codes de 48 Hrs ou Lethal Weapon. La froideur clinique de Gallagher face à la chaleur désabusée de Beck est un régal. La mise en scène de Sholder est d’une efficacité redoutable. Dès la scène d’ouverture, le ton est donné : le film sera rapide, brutal, et chorégraphié avec une lisibilité parfaite. Le montage soutenu et les ruptures de ton (de la violence pure à l’humour noir) maintiennent une tension constante. Los Angeles, filmée par Jacques Haitkin, devient le théâtre sombre et nerveux d’une guerre invisible.
Le casting de The Hidden est un coup de maître. Kyle MacLachlan, dans le rôle de l’agent Lloyd Gallagher, apporte une étrangeté fascinante à son personnage. Son jeu, à la fois distant et empathique, crée un mystère constant autour de son identité. Il incarne parfaitement l’aliénation de l’extraterrestre qui tente de comprendre les humains, tout en les protégeant. Face à lui, Michael Nouri campe le détective Tom Beck avec une énergie brute et une humanité touchante. Leur duo fonctionne à merveille : la froideur clinique de Gallagher contraste avec la chaleur désabusée de Beck, et leur relation évolue avec subtilité tout au long du film. Autour d’eux, une galerie de seconds rôles savoureux : Claudia Christian en femme fatale possédée (qui a aidé beaucoup de jeunes à entrer dans l’adolescence), Ed O’Ross en criminel sadique, et même Danny Trejo dans une apparition furtive. Chaque acteur apporte sa pierre à l’édifice, et contribue à rendre ce monde crédible, inquiétant et captivant. La bande-son de Michael Convertino est un mélange de musique électronique et de rock alternatif. Elle accompagne parfaitement les scènes d’action, tout en renforçant l’atmosphère étrange du film.
The Hidden est un film hybride, qui navigue entre les genres avec une aisance rare. Il emprunte au polar, au film d’action, à la science-fiction, à l’horreur, et même à la comédie noire. Cette richesse le rend difficile à classer, mais c’est précisément ce qui fait sa force. Dans le paysage du cinéma de genre américain, il occupe une place singulière : celle d’un film qui ose tout, sans jamais perdre de vue son objectif narratif. Il propose une réflexion sur la violence, sur la nature humaine, sur la corruption du pouvoir, tout en offrant un spectacle haletant et jubilatoire. The Hidden peut être vu comme un précurseur de séries comme The X-Files ou Fringe, pour sa manière de traiter l’invasion extraterrestre sous un angle policier.
Conclusion : The Hidden s’impose comme un vrai classique de série B, porté par une efficacité formelle et narrative qui continue d’inspirer le cinéma de genre. Son mélange de science-fiction paranoïaque, de polar urbain et de comédie noire en fait une œuvre culte pour les amateurs de récits hybrides et nerveux. The Hidden est le Body-snatcher le plus nerveux et jouissif des années 80, prouvant qu’à Hollywood, le seul truc plus dangereux qu’un flic désabusé, c’est un alien qui a trouvé les clés d’une Ferrari et d’une boîte de rock !