
Le soir où j’ai découvert The Terminator de James Cameron, l’année de sa sortie (je ne voyage pas dans le temps, je suis juste vieux), reste gravé dans ma mémoire. Ce film demeure mon favori à ce jour. Quelques années plus tard, une idée m’a frappé : le grand James Cameron avait réalisé un remake camouflé de mon film fétiche, remportant un succès encore plus grand que l’original et sa suite. Je parle bien sûr de Titanic. Explications…
À première vue, difficile d’imaginer un lien entre le beau Leonardo DiCaprio sur son paquebot et le cyborg assassin incarné par le chêne autrichien, Arnold Schwarzenegger. Pourtant, si l’on s’affranchit du contexte pour revenir aux thèmes centraux des deux films, la filiation devient évidente. The Terminator raconte avant tout l’histoire d’une femme qui, dans des circonstances exceptionnelles, rencontre un homme qu’elle n’aurait jamais dû croiser et qui bouleversera son destin. Leur histoire, aussi intense que brève (ils ne « consommeront » qu’une seule fois), se déroule sur fond de catastrophe technologique inéluctable. Elle en réchappera grâce au sacrifice de son compagnon, et cette expérience redéfinira le cours de son existence, loin de la vie à laquelle elle était promise.Ce résumé s’applique à la perfection aux deux films. Là où le fossé temporel sépare Sarah Connor et Kyle Reese, c’est celui des classes sociales qui éloigne Rose DeWitt Bukater et Jack Dawson au début du XXe siècle. La condition sociale des héroïnes détermine leur destin prévu : Rose, jeune fille de bonne famille dans les années 1900, et Sarah, représentante de la classe moyenne des années 80. Pourtant, toutes deux s’émanciperont dans des activités traditionnellement masculines : suffragette et aviatrice pour Rose, leader de milice survivaliste pour Sarah Connor. Bon, l’évolution est un peu différente, mais l’esprit de révolte est bien là ! En dépit de leurs différences de statut et de cadre de vie, ces deux femmes découvrent une force en elles qu’elles ignoraient posséder. Leur éveil passe par une relation intense et fondatrice avec un homme venu d’un autre monde que le leur. Jack fait découvrir à Rose la liberté et l’insouciance, tout comme Kyle Reese révèle à Sarah l’urgence et la nécessité de se battre pour survivre. Ces relations sont brèves, passionnées et scellées par un destin tragique qui confère aux deux héroïnes une résilience nouvelle.
Jack et Rose – I won’t be back !

Dans les deux films, la menace centrale (qui donne son titre à chaque œuvre) naît de l’arrogance des hommes et de leur confiance excessive en leur génie technologique, qui finit par se retourner contre eux et causer leur perte : le bateau insubmersible devient un cercueil d’acier, et l’intelligence artificielle décide d’exterminer ses créateurs. Dans les deux cas, la catastrophe est inéluctable, et seul un acte de sacrifice peut permettre à l’héroïne de survivre. Bien que leurs genres diffèrent radicalement, les deux films partagent également une tension similaire. La traque implacable de Jack et Rose par l’impavide David Warner dans les coursives du Titanic n’est pas sans rappeler celle du T-800 dans les couloirs du commissariat. Cette transposition du thriller de science-fiction au drame romantique d’époque n’est finalement pas plus audacieuse que celle des samouraïs de Akira Kurosawa dans l’univers du western. Les thèmes abordés par James Cameron ne se limitent pas à l’action ou au spectaculaire. Il pose un regard profond sur le courage, le dépassement de soi et la manière dont les épreuves peuvent transformer les individus. Ces figures féminines qu’il met en scène, bien que différentes dans leur évolution, partagent cette trajectoire d’affranchissement et de survie face à une adversité implacable. C’est cette récurrence qui fait de James Cameron un véritable auteur.
En Conclusion : Bien évidemment, James Cameron n’a pas consciemment recyclé son propre film. Mais cette similitude témoigne de la cohérence thématique qui traverse son œuvre et fait de lui, en dépit des critiques, un véritable visionnaire. Un cinéaste capable de conjuguer action, émotion et grand spectacle, tout en offrant à ses personnages une profondeur inédite. Et pour moi, il reste le meilleur.