Peu avant la guerre de sécession , Solomon Northup, a homme de couleur libre vivant dans l’état de New York est enlevé et vendu comme esclave.Le film suit les 12 années d’enfer qu’il va vivre…
En racontant l’histoire d’un homme libre kidnappé et réduit en esclavage Steve Mc Queen et son scénariste John Ridley (« Les rois du Desert ») parviennent à échapper a la compassion distante dans lequel tombe trop de films sur ce sujet.En nous faisant découvrir sa vie d’homme libre, sa famille on s’identifie pleinement à lui et cette identification nous implique, on ressent avec plus de force encore la nature abominable de l’esclavage. McQueen présente ce récit telle une fable, d’ailleurs les deux criminels qui piègent Solomon et le vendent aux marchands d’esclave m’ont fait penser aux gredins du Pinocchio de Collodi qui attire la marionnette vers sa perte.
Il adopte un style dépouillé mais non dénué de poésie dans sa mise en valeur des paysages du Sud, ses compositions dignes de tableaux contrastent avec les moments de cruauté et de violence qui parsèment l’odyssée de Solomon. 12 years a slave est un film très dur mais McQueen évite le piège de la « slavesploitation » par la sobriété de sa mise en scène et la présence puissante de Chiwetel Ejiofor dont la décence imprègne le film dont la vraie violence est plus psychologique.
Les stations de ce calvaire sont marquées par la nature des différents « maîtres » qu’il rencontre, le premier, Ford interprété par Benedict Cumberbatch , l’achète auprès d’un marchand d’esclaves (Paul Giamatti effrayant d’inhumanité) dans une séquence traumatisante qui nous confronte à la réalité de la déshumanisation de ces esclaves réduits au rang d’animaux ou d’objets.Ford s’avère être un maître certes humain et bienveillant mais ses traits ne font que souligner sa lâcheté qui le voit perpétuer un système dont il réalise l’horreur.Contraint de vendre Salomon poursuivi par la vindicte de son contremaître (un ignoble Paul Dano) il le cède à son second « maître » le terrible Epps (Michael Fassbender) propriétaire d’une plantation de coton à qui on prête la réputation d’être un « briseur de nègre ».
McQueen et Fassbender évitent l’écueil de faire de Epps une figure purement maléfique qui le rendrait fascinant. L’acteur irlandais compose un étre misérable : sadique, alcoolique sous la coupe d’une femme encore plus cruelle que lui (une glaçante Sarah Paulson) qui se voit tiraillé par les sentiments qu’il porte à une de ses esclaves Patsey (Lupita Nyong’o) à qui il fera vivre un véritable calvaire.

Le supplice de Patsey constitue la séquence la plus éprouvante du film sublimée par l’interprétation de sa jeune actrice. Solomon se voit pris dans ce triangle infernal ou il doit échapper échapper à l’attention de ce tortionnaire qui a bien perçu que cet esclave était différent du reste de ses propriétés. Ce « suspense » culmine dans une confrontation tout en tension filmée à la seule lumière d’une lanterne entre Solomon et Epps.
Le film n’échappe pas à quelques longueurs et l’apparition tardive de Brad Pitt (qui a produit el film) en bon samaritain tranche un peu trop avec le ton brutal du film. Hans Zimmer semble copier son thème « Time » d’Inception agrémenté de quelques violons tant et si bien qu’on s’attend à voir Solomon se réveiller au coté de Leonardo Di Caprio.
Porté par une troupe d’ acteurs impeccables 12 Years A Slave offre une vision sans concessions, crue et clinique de la période esclavagiste mais n’oublie pas de raconter une vraie histoire au delà de la leçon de morale. 7/10