David O’Russell fusionne les têtes d’affiches de ses deux derniers films Christian Bale et Amy Adams venu de The Fighter , Bradley Cooper et Jennifer Lawrence de Happiness Therapy (qui valu un Oscar de la meilleure actrice à cette dernière). Prenant pour toile de fond une affaire de corruption qui défraya la chronique à la fin des années 70 il se penche une nouvelle fois sur une histoire d’amour compliquée, celle d’ Irving Rosenfeld (Christian Bale) tiraillé entre sa complice Sydney Prosser (Amy Adams) et sa légitime (Jennifer Lawrence).
Stylistiquement le film est une lettre d’amour au cinéma de Martin Scorsese en particulier ses deux fresques criminelles Casino et Goodfellas dont il utilise toute la grammaire : caméra mobile, narration en voix-off, flash-back le tout rythmé par une bande son de standard (Elton John, Tom Jones etc..). L’hommage à Scorsese , assumé est purement visuel et même on pense aussi, corruption oblige à Sidney Lumet c’est plus du coté de John Cassavetes que lorgne O’Russel avec cette étude des passions et la place centrale accordée au jeu de ses comédiens.
L’histoire d’amour du couple vedette Christian Bale/Amy Adams tous deux arnaqueurs tombant pour la première fois éperdument amoureux l’intéresse plus que l’intrigue elle-même basée sur des faits réels (l’affaire Abscam) .Une opération du FBI montée par un agent ambitieux (Bradley Cooper) qui les forcent à élaborer une arnaque pour piéger des politiciens corrompus , opération vite mise en péril par la jalousie du personnage de Jennifer Lawrence L’abandon de l’aspect thriller est d’ailleurs le point faible du film, le privant d’une structure solide. Les enjeux ne sont pas appuyés, les rouages de l’arnaque finalement anecdotiques, certains moments clés manquent alors d’intensité.

Mais comme le morceau de Duke Ellington qui réunit les deux amants David O’Russell filme American Bluff comme un morceau de Jazz ou l’histoire sert de motif sur lequel brodent les comédiens dont les interactions et improvisations prennent le pas sur la narration.
Il aime ses comédiens et ceux -ci lui rendent bien en particulier ses deux vedettes qui livrent des performances éblouissantes. Christian Bale, empâté (il a pris 20 kilos), vêtu de costumes vintage et d’une moumoute WTF évite le cabotinage et brosse un personnage très touchant d’un homme conscients qu’il se ment à lui même autant qu’aux autres et que l’amour va pousser à faire des choix définitifs.
Amy Adams confirme, avec ce rôle rôle d’arnaqueuse à la recherche d’ authenticité dans une vie qui est presque entièrement une fabrication qu’elle est une actrice majeure du cinéma américain.Pouvant passer d’une princesse Disney comique au cinéma très cérébral de Paul Thomas Anderson, des Muppetts à Superman elle a une palette unique dans le cinéma US contemporain. J’espère que sa performance sexy (hellooo les décolletés plongeants) et à fleur de peau lui vaudra l’Oscar de la meilleure actrice qu’elle mérite.

Justement la lauréate de l’an dernier Jennifer Lawrence est moins à l’aise dans son rôle d’épouse hystérique que dans Happiness Therapy. Elle tombe parfois avec ce personnage plus agé , dans l’outrance même si son naturel rejaillit parfois comme lors de sa confrontation avec Amy Adams. Bradley Cooper confirme tout le bien que je pense de lui depuis justement Happiness Therapy, son rôle aurait pu être casse gueule car au centre des situations les plus comiques mais il reste juste en particulier dans les séquences les plus hystériques et glisse un peu d’humanité dans ce qui pourrait être une caricature.
Le reste du casting avec Jeremy Renner à sa tête en politicien corrompu très sympathique est au diapason que ce soit Elizabeth Rohm (de la série New York, police judiciaire) étonnante en mama italienne ou le comique Louis CK en officier du FBI taciturne.
En conclusion : Il faut voir au delà du glam et des moumoutes, American Bluff est avant tout une belle histoire d’amour porté par un style tourbillonnant et des numéros d’acteurs brillants qui font oublier quelques défauts de rythme.
Ma note : A-