47 Ronin le film de samouraï en 3D avec Keanu Reeves arrive enfin sur nos écrans après une genèse catastrophique qui s’est soldée par un échec monumental aux USA qui a aura prélevé 200 millions des caisses d’Universal. Alors chef d’oeuvre maudit ou accident industriel ?
Une gestation compliquée ou comment la Universal se fait Hara-kiri
En 2008 quand Universal annonce la mise en chantier du film inspiré du folklore japonais du 18e siècle contant la quête de samouraïs désirant venger la mort de leur maître sur un scénario de Chris Morgan (Fast & furious 4,5,6) transposé dans un univers de fantasy façon Tolkien avec Keanu Reeves en vedette beaucoup sont perplexes à Hollywood. Surtout que la major alloue au projet un budget considérable de 170 millions dollars qu’il confie à Carl Rinsch certes prodige de la pub (et accessoirement gendre de Ridley Scott) mais dont c’est le premier film.
Tourné avec un casting d’acteurs japonais le tournage est difficile, le scénario est remanié en permanence Rinsch veut rendre le film plus japonais en faire un « film de amourai d’auteur » rend très nerveux les cadres du studio qui attendent leur « Seigneur des anneaux avec des samouraïs ». Keanu Reeves trouve que son personnage n’est pas assez intégré à l’intrigue principale, Hossein Amini ré-écrit le script qui se voit ajouter au dernier moment une méchante sorcière (interprétée par Rinko Kikuchi la Mako de PAcific Rim) et un dragon absent des premières versions. Au terme de multiples reshoot Rinsch ne participe meme pas au montage de son film qui voit se succéder différents monteurs dont Stuart Baird (Superman,Lethal Weapon).
Le film sort d’abord au Japon sans succès la sortie US scellant le destin du film.

Une fresque en manque de souffle
47 Ronin est loin d’être un un film honteux il retranscrit assez bien l’univers du japon féodal, univers qu’il est toujours plaisant de retrouver à l’écran. Le film est visuellement très soigné avec une belle photo de John Mathieson directeur de la photo attitrée de beau-papa Ridley qui met en valeur les paysages (anglais et hongrois) ainsi que les décors massifs du film.Le script est cohérent et ne porte pas les stigmates de ces nombreuses réécritures.
Pourtant jamais on ne se passionne pour 47 Ronin qui manque le souffle indispensable à ses grandes fresques épiques en tout cas celui qu’on attend d’un blockbuster à 200 millions de dollars. Les péripéties s’enchaînent assez mollement sans jamais déclencher l’enthousiasme du spectateur, le ton est plutôt contemplatif, les scènes d’action trop brèves aux chorégraphies classiques manque d’ampleur et d’impact malgré l’intervention du maître-monteur Stuart Baird.
L’inclusion des éléments fantastique ne m’a pas convaincu malgré des effets visuels de bonne facture (dont un magnifique dragon et des moines combattants au visages d’oiseau de proie assez réussis) les deux univers: d’une part la représentation rigoureuse du Japon féodal du 18e siècle et d’autre part un univers de légende peuplé de créatures et de démons ne se mélangent pas de manière harmonieuse.
Enfin même on comprend mieux à la vision du film les réticences de Keanu Reeves , ne vous y trompez pas si le Neo de Matrix est bien en tète d’affiche son personnage de Kai fils d’un japonaise et d’un marin anglais n’est qu’un personnage secondaire.C’est bien la quête de vengeance de Ôishi (Hiroyuki Sanada vu dans The Wolverine) qui est au coeur du film, tant et si bien que le personnage de Reeves et les péripéties qui le concernent pourraient être excisées sans nuire à l’équilibre du film.

Au final 47 Ronin est un film d’aventures fantastique honorable (normal pour un film de samouraï) mais qui manque sérieusement de souffle épique pour être mémorable.
Ma note : C
BONUS : The Gift le court-métrage fameux du réalisateur de 47 Ronin Carl Erik Rinsch