Michael Bay se traîne auprès de beaucoup de critiques une réputation de tâcheron mais si il a ses figures récurrentes parmi lesquelles on trouve son gout pour la pyrotechnie, les hélicoptères volant sur fond de soleil couchant, son fétichisme du drapeau américain et pour la plastique des mannequins du catalogue Victoria’s Secret (j’ai du mal à voir en quoi c’est mal..) c’est un contresens de le limiter à cela.
Michael Bay est issu du monde du clip et de la publicité ou il a rencontré un sucés considérable et a fait ses débuts au cinéma sous l’égide du producteur Jerry Bruckheimer qui avait introduit cette esthétique au travers de ses collaborations avec Tony Scott dans les années 80. C’est avant tout un visualiste son cinéma est sensoriel la force de ses images est indépendante en fait de références intellectuelles ou culturelles d’ou l’universalité de son succès. C’est aussi pourquoi il se montre parfois négligeant sur la qualité des scripts de ses blockbusters n’ayant besoin que d’un canevas pour libérer sa puissance visuelle.

Sa capacité à maîtriser des productions d’une telle envergure lui vaut l’admiration de Steven Spielberg , James Cameron (Bay engagera Ed Harris et Michael Biehn sur The Rock en hommage au king of the world ) ou même Christopher Nolan qui le cite régulièrement bien qu’il semble être son antithèse.
1-The Rock
Impressionné par la qualité visuelle de Bad Boys par rapport à son budget (Bay renonça à une partie de son salaire pour financer une explosion dans la séquence finale) et son succès surprise, les uber-producers Jerry Bruckheimer et Don Simpson lui confie les rênes de leur vaisseau amiral de l’été 1996 The Rock. Bay comme un challenger qui a enfin une chance pour le titre championnat du monde de boxe ne va pas la rater, il dynamite ce « Die Hard like » lui infusant une énergie hallucinante via un montage (upper) cut et une iconisation guerrière.Avec ce film il fait de Nicolas Cage catalogué acteur bizarre un action hero , redonne à Sean Connery 66 ans au moment du tournage sa carte de badass ultime et donner le modèle de l’action movie du nouveau millenaire.
Le moment BAY : Evidemment l’image ci-dessus!
2-The Island
Cette première collaboration de l’équipe qui donnera Transformers (Spielberg producteur,Kurtzman & Orci au script) est un échec commercial pourtant c’est un des meilleurs films de son auteur qui transfigure par son esthétique et son sens visuel à ce thriller SF lorgnant sur l’Age de Crystal et Matrix. A noter l’excellente performance de Ewan Mcgregor parfait en héros à l’innocence quasi enfantine.
Le moment BAY: La poursuite dans le LA du futur qui commence sur une autoroute ou les fugitifs envoient des essieux de trains sur l’autoroute à leur poursuivants puis traverse la ville en moto volante avant de décrocher l’enseigne d’un building qu’ils chevauchent dans sa chute! AWESOME
3-Armageddon
C’est avec ce film que naît l’expression Bayhem contraction de Mayhem qui signifie désordre ou chaos et de son patronyme. Bay se confronte pour la première fois aux effets spéciaux avec ce film ou il doit relever une mission périlleuse. Disney qui a engagé un budget considérable doit faire face à la concurrence d’un autre film de météores Deep Impact et au Godzilla de Emmerich. Que cela ne tienne Bay infuse à un scénario ténu (co-écrit par un jeune JJ Abrams sur la base d’un script de James Cameron et Peter Hyams, non crédité mais cela explique la présence aux générique en tant que co-productrice de Gale Anne Hurd ex compagne et collaboratrice de JC) une dose massive de stéroïdes il fait du film une orgie de destruction sur fond de film de « Men on a Mission » qui lui permet d’embaucher une galerie de trognes de cinéma comme ils les aime. Ces seconds rôles (qu’il adore piquer aux Coens) sont une autre constantes de son cinéma. Ultra patriotique, ultra spectaculaire, bourré de one-liners Armageddon est le plus gros succès de l’été et de la carrière de sa vedette Bruce Willis.
Le moment BAY : Le film est un immense Bayisme je retiens quand même la destruction de la moitié de Manhattan dans la scène d’ouverture avec mention spéciale à la chute de la flèche du Chrysler building accompagnée des infortunés locataires du lieu.
4-Pain and gain
Michael Bay a toujours été fasciné par le cinéma des frères Cohen au point de leur emprunter de façon régulière certains de leur sociétaires (John Turturro , Frances McDormand) pour ses blockbusters. Avec No Pain No Gain il rend en quelque sorte un hommage à leur Fargo avec cette adaptation d’un fait-divers qui voit la encore d’ apprentis criminels se lancer dans une tentative d’extorsion qui va proprement dégénérer.Mais il le fait à sa façon sans céder un pouce de terrain esthétique tant le film porte la marque visuelle de son auteur dans ses couleurs , ses cadres léchés , ses gros plans et ses ralentis. Il apporte à son « petit film d’auteur » les même qualités technique que ces blockbusters.Porté par un très bon script basé sur une histoire vraie il inflige un traitement corrosif du réve américain.Frappant un des derniers plans du film celui du drapeau américain omniprésent chez lui cette fois ci vu à travers les barbelés d’une prison.
Le moment BAY : L’arrivée en ultra slow-motion des SWAT team pour arreter Mark Wahlberg.
5- Bad boys II
Meurtri par l’échec (relatif) de Pearl Harbor son film respectable décide d’adresser un gigantesque doigt d’honneur à ses détracteurs avec cette suite boursouflée de son premier film pour un budget quatre fois plus important que l’original et un classement « R ». Bay livre un film ultra violent, vulgaire, raciste, homophobe, mysogine mais qui contient parmi les scènes d’action les plus dingues de l’ère du film d’action moderne,des méchants qui balancent des véhicules de luxe à nos héros dans une poursuite sur l’autoroute, des gunfights titanesques et la destruction gratuite d’un bidonville cubain par des Humvees.
Le moment BAY : La poursuite sur l’autoroute mais surtout le fameux travelling circulaire lors d’un gunfight qui traverse les murs.
Pour terminer une publicité pour le fournisseur d’accès Verizon ou Bay montre qu’il a parfaitement conscience de son image et comme tous les grands s’en moque.