Gone Girl (2014)

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Gone Girl, réalisé par David Fincher, nous plonge dans l’univers troublant de Nick (interprété par Ben Affleck) et Amy (incarnée par Rosamund Pike), qui s’apprêtent à célébrer leur cinquième anniversaire de mariage. Cependant, à son retour chez lui, Nick découvre avec horreur la disparition de Amy. L’enquête, dirigée par la détective Rhonda Boney (jouée par Kim Dickens), prend rapidement une tournure médiatique explosive. En effet, Amy a été une héroïne adorée dans une série de livres pour enfants écrits par ses parents, et lorsque les médias s’emparent de l’affaire dans la petite ville du Missouri où ils ont vécu, le monde de Nick s’effondre, dévoilant au passage les secrets bien gardés du couple. Après MillenniumDavid Fincher adapte à nouveau un best-seller à suspense, mais cette fois-ci, il s’éloigne des tueurs en série pour nous offrir un mystère à la manière d’Alfred HitchcockGone Girl est-il un thriller de trop ou un nouveau chef-d’œuvre ?

Attention, spoilers : je n’aborderai pas les détails de l’intrigue et de ses nombreux rebondissements, vous pouvez donc lire cette critique sans crainte. Toutefois, pour apprécier pleinement Gone Girl, il est préférable d’y entrer sans aucune connaissance préalable.

Gone Girl, adapté du roman de Gillian Flynn, ne prétend pas être un « grand film important à Oscars ». C’est un thriller populaire, complexe comme un bretzel et tendu comme un string, rempli de suspense et de rebondissements imprévisibles. Dans la grande tradition des thrillers, il introduit un antagoniste qui pourrait bien rivaliser avec des figures emblématiques telles qu’Hannibal Lecter ou John Doe. Malgré son allure divertissante, le film aborde des thèmes sérieux, tout en conservant une dose d’humour noir, que Fincher qualifie de « sick funny ».

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Amy (Rosamund Pike) ..une énigme emballée dans un mystere.

À travers des flash-backs, le film explore la relation apparemment parfaite entre Amy et Nick, offrant un regard sans concession sur l’institution du mariage. Au-delà de la magie des débuts, où chacun présente une version idéalisée de soi, Fincher dépeint la réalité du quotidien. Le couple, frappé par le chômage (un parallèle avec l’expérience de Gillian Flynn, qui est devenue romancière après avoir été licenciée du magazine Entertainment Weekly), découvre vite que l’impossibilité de changer l’autre transforme leur mariage en prison.Fincher et Flynn y ajoutent une satire cinglante du monde des médias, soulignant l’attraction morbide que suscitent les affaires criminelles. Entre lynchage médiatique des présumés coupables et confessions télévisées, Gone Girl dépeint un tableau saisissant de l’obsession du public pour le drame.

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Nick Dunne (Ben Affleck) sur le grill devant l’officier Jim Gilpin (Patrick Fugit) les si gentils parents d’Amy (David Clennon et Rand Elliot) et le detective Rhonda Boney (Kim Dickens)

Cette œuvre marque la troisième collaboration consécutive de Fincher avec le directeur de la photographie Jeff Cronenweth, fils de Jordan, déjà directeur de la photographie de Blade Runner. Ensemble, ils ont créé un style visuel distinctif, alliant sophistication des cadres et précision du montage, sans recourir à des techniques de caméra portée ou de montage saccadé. La désaturation des couleurs, aux teintes vertes et jaunes, confère au film une atmosphère clinique. Même la musique, ou plutôt l’atmosphère sonore de Trent Reznor et Atticus Ross, ne cherche jamais à manipuler les émotions.

La froideur du style de Fincher a souvent entraîné des comparaisons avec le cinéma de Stanley Kubrick. Pourtant, ses films regorgent d’émotion, grâce à des comédiens remarquablement dirigés. Si Fincher est aussi méticuleux dans sa direction d’acteurs, avec parfois des dizaines de prises, son but n’est pas de les transformer en marionnettes, mais de libérer leur vérité intérieure. À mes yeux, leurs performances sont plus naturelles chez Fincher que chez ce cher Stanley.

Ben Affleck , david Fincher - Un de ces deux réalisateurs a eu l'Oscar du meilleur film
Ben Affleck , David Fincher – Un de ces deux réalisateurs a eu l’Oscar du meilleur film

Le casting d’exception contribue grandement à l’impact du film, notamment le duo Affleck/PikeBen Affleck incarne avec aisance Nick, un homme sympathique pris dans un tourbillon médiatique qui met à jour ses faiblesses et ses mensonges. Son jeu nuancé permet de ressentir le désarroi de Nick tout en maintenant une part d’ambiguïté. Le reste du casting, notamment Carrie Coon dans le rôle de Margo, la sœur jumelle de Nick, ainsi que Kim Dickens en enquêtrice tenace et Tyler Perry en avocat charismatique, complète parfaitement cette distribution impressionnante.

Concernant les influences, je préfère parler de voisinage plutôt que d’influence, car je doute que Fincher soit facilement impressionnable. Je verrais plutôt des similitudes avec le thriller hitchcockien, notamment avec cette blonde glaciale, ainsi qu’avec la vision acide des médias que l’on retrouve dans les œuvres de Brian De Palma et dans Basic Instinct de Paul Verhoeven. Les personnages de Gillian Flynn se distinguent par leur intelligence et leur capacité à tirer des conclusions logiques, même dans des situations rocambolesques. C’est cette intelligence qui permet à Fincher de rendre d’autant plus crédible la glaçante conclusion du film, se terminant par une image parmi les plus marquantes de sa filmographie.

Conclusion : Aller voir Gone Girl c’est vivre la meme experience que celle vécue par les spectateurs qui allaient découvrir un nouveau film d’Hitchcock dans sa période la plus faste. Un réalisateur en pleine maturité dans son genre de prédilection avec la garantie de passer un grand moment.L’excellence du divertissement.

Ma Note : A

Gone girl de David Fincher

Sortie le 08/10/2014

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