On a vu dans la première partie les origines et l’évolution du blockbuster hollywoodien, dans cette seconde partie nous allons examiner l’impact que cette évolution a eu sur la saisonnalité du cinéma Hollywoodien de la sortie de Jaws à nos jours …
L’ÉTÉ EN ÉTÉ
Jaws premier blockbuster de l’ère moderne est aussi le premier « Summer Blockbuster » de l’histoire. La période estivale était considérée jusqu’alors peu propices aux grosses sorties concurrencées par les activités de vacances. Le succès monstre du requin de Spielberg va bouleverser cette conception et celui non moins considérable deux ans plus tard du Star Wars sorti le 25 mai aux USA vont cimenter l’été comme la saison des blockbusters. Longtemps d’ailleurs elle commencera le weekend de Memorial Day ( dernier lundi du mois de mai) qui vit la sortie du film de Lucas pour s’achever mi-août avec un pic autour du grand week-end du 4 juillet.
La congestion des sorties du à l’inflation du nombre de productions va amener la fenêtre des sorties à s’agrandir. Avec quelques événements qui vont inaugurer de nouvelles dates phares.
En 1999 le succès surprise du remake de la Momie par Stephen Sommers mais bien sur le 4 mai 2002 sortie du Spider-Man de Sam Raimi premier film a rapporter en un seul week-end les fameux 100 millions de dollars vont faire du premier week-end de mai le nouveau début officieux de la blockbuster season.
Cette date va se voir pré-emptée par les adaptations de Marvel Comics (Iron Man en particulier) et connaître un autre événement historique de l’histoire du blockbuster avec la sortie d’ Avengers qui passera en mai 2012 le cap des 200 millions lors du premier week-end d’exploitation.
Pour ces deux productions de l’années Marvel Studios a innové les plaçant en dehors des bornes habituelles de la saison début avril et à la mi-août avec la encore un résultat concluant , les deux films sont à l’heure ou j’écris ces lignes les deux plus gros succès de l’année.
L’ÉTÉ EN HIVER
Mais on l’a vu la multiplication des blockbusters oblige bientôt Hollywood a ouvrir de nouveau front. C’est le récit d’un fameux naufrage promis lui-aussi à une catastrophe qui va l’ouvrir. Parce que le film a un retard colossal et ne sera pas prêt pour l’été la Fox se résous à sortir le Titanic de James Cameron pour les fêtes de fin d’année. Son succès historique est en partie du au fait que passé les fêtes ouvre une période (de janvier et février) consacrée aux remises de prix qui n’offre pas de compétition aux grosses machines vont pérenniser cette seconde période des blockbusters. James Cameron et la Fox choisiront de manière intentionnelle cette fois cette période pour sortir son prochain film Avatar la consacrant définitivement. c’est aussi à cette période que le cycle de l’Anneau de Peter Jackson s’imposera.
Mais tout comme pour l’été la saison hivernale va commencer de plus en plus tôt en novembre autour de la fête de Thanksgiving , les Harry Potter alterneront entre l’été et cette période qui va devenir la fenêtre fétiche des adaptations de romans Young Adult comme Twilight ou Hunger Games à partir de son deuxième volet. Ces films y réaliseront des recettes considérables et des démarrages rivalisant avec ceux des blockbusters d’été (6e week-end de tous les temps pour les 158 millions du deuxième Hunger Games).
Autre jalon le 9 mars 2007 le neo-peplum de Zack Snyder surprend en s’octroyant un week-end « estival » à 70 millions de dollars. La période de printemps va devenir alors un été de seconde division ou les studios lance des films de divertissements à budget relativement élevé mais restant en dessous de ceux des tentpoles.
L’ÉTÉ TOUTE L’ANNÉE
Nous sommes aujourd’hui à l’aube d’une nouvelle étape dans la saisonnalité des blockbusters conséquence d’une nouvelle approche des studios. Marvel Studios en développant un univers cinématographique partagé entre ses films organisé en phases culminant par la sortie d’un film Avengers (devenu une véritable franchise de franchises) va bientôt « dater » ses films plusieurs années à l’avance. Pour préserver l’effet de surprise certains films ayant des dates de sorties ne sont même pas nommés. Bientôt cette habitude gagne tous les studios qui réservent les dates les plus « juteuses » des années en avance pour des projets encore incertains. Le nombre de ces dates « porteuses » n’étant pas extensibles le clash de deux productions majeures semblait inévitable.
C’est arrivé cette année avec Warner bros. placant la sortie de son Batman v. Superman Dawn of Justice dans un créneau réservé par Marvel Studios en mai 2016 persuadé que la firme n’oserait placer en face un de leurs projets majeurs. Au contraire Marvel annonce qu’il mettra dans les roues de la Warner le 3e volet de la franchise Captain America. Le 2e épisode ayant « ouvert » avec un week end à 92 millions la confrontation risquait d’être suicidaire.
Plutôt que de décaler de quelques semaines la sortie de leur film le plus important de l’année voire de la décennie puisque sur lui repose la stratégie future du groupe qui a décidé de miser sur l’exploitation sur 4 ans des adaptations de DC comics la WB prend une décision inédite elle sortira le film le 25 mars 2016 au beau milieu du primptemps.
Derrière cette décision la compagnie fait le pari qu’un tel film événement peut avoir le même niveau de succès ou qu’il soit placé dans le calendrier. L’industrie entière retient son souffle car sa réussite validerait le rêve des studios : l’ère du Blockbusters toute l’année.