Tale of Tales – Il était encore une fois [Critique] – B+

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Après l’horreur du réel de la mafia avec Gomorra le réalisateur italien Matteo Garrone s’attaque aux horreurs métaphoriques en revisitant des contes issus de la tradition orale napolitaine  et ressuscite au passage un certain fantastique européen au cinéma.

Une reine dévorée par son désir d’enfant, un princesse dont le père excentrique va lui choisir un étrange mari et un roi libidineux qui va tomber amoureux d’une mystérieuse villageoise à la voix envoûtante, voici les personnages que l’on croise dans ce film qui mêle trois histoires tirées du  Pentamerone  recueil de contes issus de la tradition orale du poète italien Giambattista Basile qui inspira les frères Grimm et Perrault (Cendrillon, du Chat botté, de Peau d’âne, des Fées, de La Belle au bois dormant ou  Hansel et Gretel).

On a le même plaisir qu’un enfant à découvrir ces contes d’autant que les histoires adaptées ici malgré leurs figures familières ne sont pas les plus connues. Les trois contes s’entremêlent, leurs personnages respectifs se croisant parfois lors d’occasions formelles que ce soit un enterrement ou des noces royales. Tale of Tales finit par dessiner un tableau des trois ages de la femme avec à chaque age un désir correspondant qu’illustre la jeune princesse (Bebe Cave) , la reine de Selvascura (Salma Hayek) et les deux vieilles femmes (Shirley Henderson et Hayley Carmichael) . Autre thème celui de l’obsession qui ronge les protagonistes : obsession sexuelle pour le roi libidineux qu’incarne Vincent Cassel, obsession de la maternité chez Salma Hayek, de la jeunesse chez les deux vieilles ou la fascination du roi incarné par Toby Jones pour un insecte.

Le film est baigné dans une étrangeté permanente qui naît de la juxtaposition constante de la beauté avec l’horreur et le grotesque comme dans ce plan emblématique ou Salma Hayek (parfaite d’intensité) en grand habit noir de reine du XVIe siècle dévore dans une salle d’un blanc immaculé aux murs ciselé d’ivoire le cœur sanglant d’une créature marine.

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A table ! la reine de Selvascura (Salma Hayek)

Le film est souvent proche des anthologies fantastiques ainsi la conclusion de la descente dans la folie  de Imma (Shirley Henderson)la sœur de la promise du roi  Vincent Cassel se termine par une scène digne de Tales from the Crypt.  Il y a chez Garonne une fascination pour les monstres (léviathan, ogre ou insecte géant) qu’il partage avec certains de ses personnages comme le roi d’Altomonte (Toby Jones) fasciné par une puce qui prendra des proportions monstrueuses.  On voit une parenté avec le cinéma de Guillermo Del Toro à travers les insectes et la rétro-technologie à la Jules Verne (le scaphandre du roi de Selvascura). Il partage aussi avec le mexicain le gout des effets physiques et mécaniques dans la matérialisation des créatures  qui leur confèrent un aspect tactile .

J’étais ravi aussi de voir un des contes qui lorgne du coté de La colline a des yeux et prend des aspects de survival horror avec son ogre qui ressemble à Michael Berryman (et aussi un peu à Richard Kiel).

On comprend le choix de Peter Suschitzky, directeur de la photographie attitré de David Cronenberg (il a aussi éclairé  l’Empire contre attaque autre oeuvre marquée par les contes)  car ce Tale of Tales est  Cronenbergien en diable avec ces créatures à la fois répugnantes et fascinantes comme dans le Festin Nu, ses jumeaux albinos comme ceux de The Brood et cette fascination pour la chair et ses mutations . Que ce soit la peau flétrie des vieilles sœurs ou celle exposée des monstres.

L’interprétation est dominée par une Salma Hayek intense et celle de Toby Jones au physique inclassable. Même Vincent Cassel avec qui j’ai du mal d’habitude est excellent dans ce personnage un peu une version grand siècle du loup de Tex Avery!

Le film est d’une grande beauté formelle avec ses plans rappelant des tableaux de maître avec  une sublime direction artistique baroque de flamboyants costumes du XVe et du XVIe siécle (fraises , perruques et bijoux) et un fourmillement digne de Fellini. Le film évoque les grandes heures des coproductions européennes des années 60 et 70.

Conclusion :  Beau, baroque et Bizarre…on se laisse envoûter par ce « Conte des Contes » ressuscite une forme de fantastique merveilleux européen qui avait disparu de nos écrans.

Ma note : B+

Tale of Tales de Matteo Garrone (sortie le 01/07/2015)

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