
he Martian est l’adaptation d’un best-seller initialement auto-publié par Andy Weir, un ancien informaticien passionné par la science. Le livre a été adapté par Drew Goddard (réalisateur de Cabin in the Woods et Cloverfield) pour la Fox et le producteur Simon Kinberg. Goddard devait diriger le film, mais il quitte le projet pour se concentrer sur un spin-off de Spider-Man qui ne verra finalement jamais le jour. C’est alors que Ridley Scott, séduit par le projet, décide de le réaliser, à condition d’avoir Matt Damon en tête d’affiche. Ce choix est assez rare, car Sir Ridley s’implique rarement dans des projets qu’il n’a pas développés lui-même. Seul sur Mars ne manquera pas d’attirer les comparaisons avec Interstellar et Gravity, avec lesquels il partage une approche crédible du voyage dans l’espace, plusieurs thèmes et même quelques comédiens (comme Damon et Jessica Chastain). Cependant, il est fascinant de constater que, malgré ces similitudes, chacun de ces trois films occupe un espace distinct et unique.
Seul sur Mars est de loin le film le plus optimiste du réalisateur de Blade Runner, qui a plutôt l’habitude d’explorer des univers sombres et désespérés. Peut-être que la mort tragique de son frère a insufflé une envie de positivisme dans son œuvre. Ce film se distingue également par sa profondeur émotionnelle, sans jamais sacrifier son intelligence. Son protagoniste, Mark Watney, apparaît comme un super-héros moderne, incarnant ce qu’il y a de meilleur en nous : le courage, l’intelligence et l’humour. Comme tout bon super-héros, il possède un pouvoir qui lui permet de surmonter toutes les situations : la SCIENCE.

Il est intéressant de noter qu’il n’y a pas d’antagonistes dans le film, pas même la planète Mars elle-même. Ridley Scott filme la beauté du paysage martien à travers de magnifiques intermèdes contemplatifs, mettant en avant la collaboration entre hommes et femmes qui s’efforcent de résoudre une série de problèmes pour ramener vivant ce « martien » coincé à 200 millions de kilomètres de la Terre. Le film privilégie la science à la fiction, anticipant quelques années le voyage spatial tout en s’appuyant sur des applications pratiques des sciences actuelles, contrairement aux extrapolations théoriques d’astrophysique de Interstellar.
Le film présente également un impressionnant casting, avec Kristin Wiig dans le rôle d’Annie Montrose, directrice des relations publiques de la NASA, et Chiwetel Ejiofor dans celui du Dr. Vincent Kapoor, responsable des missions vers Mars. L’équipage de l’Hermès, dirigé par le capitaine Lewis (Jessica Chastain), comprend également Michael Peña et Kate Mara. On peut se demander comment Scott parviendra à donner des rôles intéressants à chacun des personnages. Grâce à l’écriture habile de Drew Goddard et au travail minutieux de son monteur Pietro Scalia (Oscarisé pour JFK et La Chute du faucon noir, donc expert dans ce type de gestion), chaque personnage a sa place, son moment, et tous sont impeccables. Le film réussit même à mettre en lumière des seconds rôles mémorables, comme Donald Glover (Community) dans le rôle d’un spécialiste des trajectoires et Benedict Wong (Sunshine, Moon) en tant qu’ingénieur.

Le personnage de Watney est très attachant et doit faire face à des obstacles apparemment insurmontables, guetté par le désespoir à chaque étape, mais sans jamais y céder. Il conserve une détermination inébranlable et un sens de l’humour irrévérencieux, avec une certaine tendance à la fanfaronnade qui désamorce la solennité de ses exploits. Matt Damon parvient à rendre captivants de longs monologues sur des sujets variés, tels que la thermodynamique, la botanique, le système hexadécimal, et même Donna Summer (il se retrouve coincé avec une collection de tubes disco), sans jamais tomber dans la surenchère. Il oscille entre le pathos et les punchlines avec aisance, réussissant à faire de cette épopée de survie une expérience à la fois intime et humaine. On ressent avec lui chaque succès et chaque revers, comme s’ils nous concernaient directement.

Et puis, il y a l’œil visionnaire de Ridley Scott, le maître visuel entouré de ses collaborateurs habituels, Dariusz Wolski à la photographie sublime et Arthur Max aux décors. La caméra, toujours bien placée, confère une beauté picturale unique à chaque plan.
Conclusion : Seul sur Mars est à la fois une aventure haletante, visuellement sublime, et une célébration optimiste de l’ingéniosité de l’esprit humain, portée par le charisme indéniable de Matt Damon et l’œil unique d’un grand réalisateur comme Ridley Scott.
Ma Note : A
Seul sur Mars (The Martian) de Ridley Scott (sortie le 21 /10/2015)