Après avoir revisité le film de home invasion avec l’excellent You’re Next (2011), le tandem Adam Wingard (réalisateur de Blair Witch, 2016 et Death Note, 2017) et Simon Barrett (scénariste de You’re Next et The Woods, 2016) revient avec The Guest (2014), un véritable cocktail des meilleurs éléments de la série B des années « VHS ». Cette œuvre s’inscrit dans la lignée de leurs précédents travaux tout en élargissant leur palette stylistique, nous plongeant dans un univers captivant où le suspense et l’action se mêlent habilement.
Dans une petite bourgade de l’Amérique profonde, la famille Peterson pleure la perte de leur fils Caleb, mort au combat. C’est alors qu’un mystérieux visiteur, David (interprété par Dan Stevens, ancien de Downton Abbey et Beauty and the Beast, 2017), se présente à leur porte en tant que compagnon d’armes de leur fils. Ce dernier devient rapidement un locataire indispensable pour la famille éplorée : il aide le jeune Luke (Brendan Meyer, vu dans The OA, 2016 et The Wonder Years, 2021) à se débarrasser des brutes qui le terrorisent au lycée, réconforte la mère inconsolable et se lie d’amitié avec le père. Pourtant, la jeune Anna (Maika Monroe, également dans It Follows et The Bling Ring, 2013), intriguée, commence à suspecter que David n’est pas celui qu’il prétend être.
Le duo Wingard / Barrett montre ici une fois de plus sa passion pour les années 80, tout comme dans leur néo-slasher You’re Next. Ils rendent hommage à tous les genres de la série B de cette époque, mêlant avec brio le slasher, le suspense hitchcockien, l’action-movie et le thriller paranoïaque. Si l’histoire de l’imposteur qui envoûte une famille n’est pas nouvelle (pensons à Tartuffe de Molière ou à L’Ombre d’un doute de Hitchcock), elle fonctionne toujours à merveille. Pendant un moment, le spectateur espère que l’intrus est sincère. Après tout, qui ne voudrait pas d’un psychopathe domestique capable de résoudre tous leurs problèmes ? Cette ambivalence est particulièrement mise en avant dans la relation perverse entre David et la jeune Anna. Maika Monroe transmet habilement le mélange d’attraction et de répulsion que son personnage éprouve à l’égard de ce mystérieux vagabond.
L’arme secrète de The Guest réside sans aucun doute dans la performance de Dan Stevens. Stevens incarne un personnage qui ressemble à un Michael Dudikoff (star d’action des films Cannon avec American Ninja, 1985 et Avenging Force, 1986) mais avec un charisme et un talent indéniables. Sa performance magnétique lui permet de passer en un clin d’œil d’un charme irrésistible à une menace glaciale, avant de revenir à son état initial. Le reste du casting, comprenant Joel David Moore (Avatar, 2009 et Dodgeball, 2004) et Leland Orser (Taken, 2008 et The Bone Collector, 1999), endosse avec brio les archétypes de la série B, tandis que Lance Reddick (connu pour ses rôles dans les séries Fringe et The Wire) cabotine avec plaisir dans un rôle qui évoque le Colonel Trautman des films de Rambo (1982) ou les personnages de John P. Ryan pour les connaisseurs des productions Golan-Globus.
D’un point de vue stylistique, Wingard reproduit l’esthétique quelque peu télévisuelle des productions Cannon. La petite bourgade où se déroule l’action est typique des productions de cette époque, et à l’exception de quelques téléphones portables, rien n’indique que l’histoire se déroule à notre époque. Lorsque le film bascule dans le slasher, il introduit une ambiance chromatique inspirée des giallos de Dario Argento (comme Suspiria, 1977 et Deep Red, 1975).Malgré son budget limité, Wingard tire le meilleur parti de ses décors naturels, multipliant les travellings fluides à la steadicam tout en alternant avec des séquences nerveuses filmées caméra à la main. Sa connaissance des codes du genre lui permet de jouer habilement avec les attentes des spectateurs, maintenant la tension tout au long du film, ponctué d’éclats de violence (et d’un soupçon de gore). L’angoissant score de musique électronique évoque les tonalités proches de John Carpenter (Halloween, 1978 et The Thing, 1982) et les pulsations de la partition de Brad Fiedel pour The Terminator (1984), mêlées à des chansons New Wave. Cette bande sonore complète parfaitement l’atmosphère rétro-80’s du film, plongeant le spectateur dans une expérience immersive et nostalgique.
Conclusion :The Guest se dévoile comme un explosif remix du Terminator de James Cameron (1984), saupoudré du style inimitable des Cannon Films. C’est une nouvelle triomphe du duo Adam Wingard / Simon Barrett, qui nous offre une œuvre où Dan Stevens brille comme un acteur à suivre, interprétant un personnage à la fois complexe et envoûtant. Avec un mélange parfait d’hommage et d’originalité, ce film s’impose comme un incontournable pour les fans de cinéma de genre, démontrant que la série B peut rimer avec élégance et puissance narrative. Ne passez pas à côté de cette pépite à revoir absolument !


