Apres avoir revisité le film de home invasion avec l’excellent You’re Next le tandem Adam Wingard / Simon Barrett (respectivement réalisateur et scénariste) est de retour avec The Guest véritable cocktail du meilleur de la série B des années « VHS ».
Dans une petite bourgade de l’Amérique profonde les Peterson pleurent leur fils Caleb mort au combat quand un mystérieux visiteur David (Dan Stevens) se présente à leur porte comme un compagnon d’armes de celui-ci. Il devient leur locataire et se rend rapidement indispensable à la famille éplorée: il débarrasse le jeune Luke (Brendan Meyer) des brutes qui le terrorisent au lycée , réconforte la mère inconsolable et devient l’ami du père mais la jeune Anna (Maika Monroe) le soupçonne de ne pas être celui qu’il prétend étre…

Le duo Wingard / barrett avait déjà montré sa passion pour les années 80 avec son neo-slasher You’re Next qui réutilisaient avec jubilation les codes imposés par Wes Craven et John Carpenter. Avec The Guest ils étendent l’hommage à tous les genres de la série B des années « VHS » mêlant au slasher le suspense Hitchcockien , l’action-movie et le thriller paranoïaque. Au traumatisme post-Vietnam qui baignait les productions de l’époque ils substituent aisément le spectre des interventions Irakiennes et afghanes.
L’histoire de l’imposteur envoûtant une famille n’est certes pas nouvelle (du Tartuffe de Moliére à l’Ombre d’un doute d’Hitchcock) mais la mécanique fonctionne toujours et pendant un bref instant le spectateur espère que l’intrus soit sincère. Apres tout qui ne voudrait pas d’un psychopathe domestique qui nous débarrasse de tous vos problèmes ? Cette ambivalence se matérialise dans la relation perverse qui se noue entre David et la jeune Anna interprétée par Maika Monroe (vedette du tout aussi réussi It Follows) qui transmet le mélange d’attraction et de répulsion que son personnage ressent pour le mystérieux vagabond.
Mais l’arme secrète de The Guest c’est son acteur principal, ancienne vedette de la série Downtown Abbey :
Dan Stevens ressemble a un Michael Dudikoff (« action star » des film Cannon) qui aurait du charisme et du talent, magnétique il passe en un clin d’œil du charme le plus irrésistible à la menace la plus froide avant de revenir à son état initial.
Le reste du casting Joel David Moore (Avatar), Leland Orser (Taken) endossent à merveille les archétypes de série B avec une mention à Lance Reddick (les séries Fringe ou the Wire) qui cabotine dans un rôle digne du Colonel Trautman des Rambo (ou des personnages de John P.Ryan pour les connaisseurs des productions Golan-Globus).

Stylistiquement Wingard reproduit l’esthétique un peu télévisuelle des productions Cannon, la petite bourgade ou se déroule l’action est typique des productions de l’époque et si l’on excepte la présence de téléphones portables rien ne permet d’indiquer que l’action se déroule de nos jours. Quand le film bascule dans le slasher il introduit une ambiance chromatique de giallo à la Dario Argento. Malgré son budget Wingard tire le maximum de son décor naturel et multiplie les travellings fluides à la steadycam qui alternent avec des séquences nerveuses caméra aux poing. Sa connaissance du genre lui permet de jouer avec les attentes et de maintenir la tension tout au long du film ponctué d’éclats de violence (et d’un peu de gore).
Conclusion : The Guest remix jouissif du Terminator de Cameron à la sauce Cannon films marque une nouvelle réussite du duo AdamWingard / Simon Barrett et fait émerger un acteur à suivre Dan Stevens.
Ma note : A-
The Guest d’Adam Wingard est disponible en Blu-Ray-DVD le 18/11/2015 chez TF1 vidéo.