HIGHLANDER (1986)

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C’est lors d’une déambulation à travers les collections de la Tour de Londres que Gregory Widen conçut l’ébauche de ce qui allait se métamorphoser en Highlander, esquissant mentalement la même visite guidée sous les commentaires d’un individu qui aurait manié ses armes à travers les âges. Sous l’influence du premier opus cinématographique de Ridley Scott, Les Duellistes, il nourrit son concept en imaginant non pas un, mais deux protagonistes engagés dans un duel qui s’étire au fil des siècles. Son scénario trouve acquéreurs en la personne des producteurs Davis et Panzer, qui viennent de produire d’Osterman Weekend, dernier film de Sam Peckinpah. Ils entreprennent une refonte du script, confiant notamment cette tâche à Larry Ferguson, scénariste d’À la poursuite d’Octobre Rouge, afin de le rendre plus spectaculaire. L’antagoniste du héros y perd, par exemple, son caractère noble et ambigu pour revêtir la simple apparence du méchant.

Highlander narre l’épopée d’un groupe d’immortels évoluant parmi les mortels, s’affrontant sans relâche jusqu’à ce qu’un seul subsiste, la décapitation étant l’unique moyen de les terrasser. À ce survivant ultime est promis « Le prix », un pouvoir mystérieux fusionnant celui de tous ses pairs immortels. L’intrigue se concentre sur Connor McLeod, né dans les montagnes d’Écosse au cours du 15ème siècle, «tué» lors d’une bataille contre un autre clan, puis banni de son village pour sorcellerie quand il se rétablit mystérieusement. Après plusieurs années, un autre immortel, Ramirez, le retrouve et le prépare pour la lutte, afin d’empêcher un immortel maléfique, le Kurgan, de s’emparer du « Prix ». À travers les siècles, la guerre entre immortels perdure jusqu’à l’ultime affrontement dans le New York des années 80. Le scénario s’inscrit dans le cadre du modèle narratif de Joseph Campbell, mais la fascinante mythologie élaborée par Widen est subtilement enrichie par un dispositif narratif ingénieux, entrelaçant des flashbacks déployés au fil de l’existence de MacLeod, depuis l’Écosse du 16e siècle jusqu’à la Seconde Guerre mondiale, et embrassant même un duel picaresque dans le Boston du 17e siècle.

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Le duo de producteurs fait appel au talentueux réalisateur australien Russell Mulcahy, qui a fait sensation avec Razorback, un film d’horreur original qui transpose les codes des Dents de la mer dans l’Outback australien, avec un sanglier géant à la place du requin. Pour incarner l’Écossais Connor McLeod, Mulcahy mise sur Christophe Lambert, un acteur au charisme singulier et au parcours atypique, qui n’a joué qu’un seul film en anglais, Greystoke. Le réalisateur est séduit par son aura mystérieuse et son accent exotique. Pour rassurer les financiers, les producteurs s’offrent Sean Connery (un vrai Écossais, lui !) pour jouer le rôle du mentor du héros, Juan Sanchez Villalobos Ramirez, un personnage haut en couleur d’origine égypto-espagnole (?). Malgré le budget limité qui ne permet d’avoir Sean Connery que pour quelques jours , le tournage se déroule dans une ambiance complice : une amitié sincère naît entre les deux acteurs, qui renforce la crédibilité de la relation entre le jeune immortel et son guide.

 La présence de Sean Connery, l’ex-James Bond, dans le rôle de Ramirez apporte une touche d’autorité et de solennité aux dialogues d’exposition nécessaires à l’intrigue. Ramirez sera le premier d’une série de mentors que Connery interprétera avec brio, comme celui d’Eliott Ness dans Les Incorruptibles, qui lui vaudra un Oscar. Pour incarner le Kurgan, l’immortel maléfique et ennemi juré de McLeod, le choix se porte sur Clancy Brown (qui avait joué le monstre de Frankenstein dans La Promise de Franc Roddam). Même si son personnage perd de l’ambiguïté du duelliste inspiré par Harvey Keitel, l’acteur crée un méchant mémorable, effrayant et doté d’un humour noir, grâce à sa voix caverneuse et son physique imposant. Dans les scènes contemporaines, il évolue dans un New York nocturne qui rappelle le Los Angeles de Terminator (sorti deux ans plus tôt), où il fréquente les mêmes ruelles sombres et les mêmes hôtels glauques que l’androïde du film de James Cameron.

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Highlander est un film qui mêle romance et aventure, en mettant en scène le parcours émotionnel de McLeod, un immortel qui voit mourir tous ceux qu’il aime. Le film nous fait revivre son premier amour avec Heather (Beatie Edney), qu’il épouse au 16ème siècle en Écosse, et qui le hante jusqu’au 20ème siècle. Il nous montre aussi sa relation touchante avec Rachel Ellenstein (Sheila Gish), une enfant qu’il sauve pendant la Seconde Guerre mondiale et qu’il élève comme sa fille. En quelques scènes, Lambert et Gish réussissent à créer un lien d’amour et de compréhension mutuelle. Le seul point faible du film est la relation de McLeod avec l’enquêtrice Brenda Wyatt (Roxanne Hart), qui n’est pas très développée et qui se résume à un rôle de demoiselle en détresse.

Le film se distingue par sa structure narrative originale, qui alterne entre le passé et le présent, grâce aux transitions inventives du réalisateur Russell Mulcahy. Sa caméra ultra-mobile nous fait passer d’un parking souterrain à la boue des champs de bataille de l’Écosse du 16ème siècle, avec une fluidité impressionnante, même à l’ère du numérique. La mise en scène moderne et dynamique de Mulcahy donne une énergie folle au film, et son découpage graphique confère aux affrontements entre immortels un aspect “comic-book” unique pour l’époque. Il traite ses combattants indestructibles (tant que leur tête n’est pas tranchée) comme des surhommes qui font s’écrouler les murs à coups d’épée, et qui résistent aux pires blessures. Le film bénéficie aussi de la musique du groupe Queen, engagé à l’origine pour une unique chanson et qui a décidé de produire un album complet pour le film, où chaque membre a écrit une chanson. Le compositeur Michael Kamen (Die Hard, Lethal Weapon) loin de s’en offusquer a collaboré avec eux pour intégrer leurs chansons au score du film, en particulier le magnifique thème de Brian May “Who wants to live forever”. Cette musique renforce la puissance épique du film.

Conclusion : Highlander brille par son audace visuelle et son ambiance unique, portée par une bande-son mythique de Queen. Avec son concept fascinant, ses personnages marquants et son style flamboyant, le film s’est imposé comme une œuvre culte, traversant les décennies avec la même immortalité que son héros. S’il a donné naissance à des suites inégales et une franchise prolifique, aucun n’a jamais su égaler la magie brute et l’élégance pop de l’original. Parce qu’après tout… IL NE PEUT EN RESTER QU’UN !

Ma note A

Highlander de Russel Mulcahy (sortie le 26/03/1986)

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