Brimstone [critique] La nuit du chasseur de femmes… – B-

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Dans l’Ouest américain, à la fin du XIX siècle. Liz, une jeune femme d’une vingtaine d’années, mène une vie paisible auprès de sa famille.Mais sa vie va basculer le jour où un sinistre prêcheur leur rend visite. Liz devra prendre la fuite face à cet homme qui la traque sans répit depuis l’enfance…Un western hollandais avec Guy Pearce en prêcheur maléfique et Dakota Fanning en last girl standing ? Projet curieux mais forcément intéressant.

Brimstone  renoue avec la grande tradition du western européen, s’il fait comme il se doit  des clins d’œil aux classiques du genre – au détour d’une séquence on  retrouve l’ambiance du Grand Silence de Corbucci ou du picaresque à la Leone –  le réalisateur néerlandais  Martin Koolhoven y pose un regard spécifiquement européen qui m’a rappelé celui d’un autre hollandais célèbre…Brimstone est une coproduction européenne tourné  en Europe (Allemagne, pays de l’est) avec un casting international l’australien  Guy Pearce (L.A confidential, Iron man 3) , l’américaine Dakota Fanning (La guerre des mondes), la jeune anglaise Emilia Jones , Kit Harington et Carice van Houten de Game of Thrones y font aussi des apparitions.

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Liz (Dakota Fanning)

Brimstone est à la fois une épopée western, un film de de vengeance sanglant et brutal et un conte horrifique plein de références biblique. Le film raconte l’histoire de  Liz (Dakota Fanning  remplaçant au pied levé Mia Wasikowska qui abandonna le projet à quelques semaines du tournage)  une jeune femme muette vivant dans une petite communauté rurale avec son époux Eli (l’un des rares hommes sympathiques du film ), sa fille et son beau-fils.Mais bientôt le mal arrive sous la forme d’un prédicateur (Guy Pearce) déterminé à punir  Liz pour des raisons que le film va peu à peu dévoiler, la traque commence… Le début du film est déstabilisant par son rythme assez lent et un style dépouillé puis on se laisse happer par le récit et sa construction : le film est divisé en quatre chapitres portant (presque) tous des titres bibliques,  pas forcément respectueux de la chronologie des événements. On s’ennuie jamais lors des deux heures vingt du métrage, chaque chapitre est une partie du récit mais fonctionne également de manière indépendante à la manière d’un film à sketch, ils ont chacun un cadre et une ambiance propre : tantôt picaresque à la Sergio Leone,  quasi-fantastique dans son chapitre enneigé.

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« Le reverend » (Guy Pearce) un drôle de paroissien

Guy Pearce compose un personnage de prédicateur à la fois excentrique (il parle avec un fort accent hollandais et porte une barbe de Amish) et terrifiant. Vêtu de noir il arbore  la même démarche menaçante que Robert Mitchum dans La nuit du chasseur. « Le Reverend » est un individu  abominable aux pulsions véritablement répugnantes , incarnant l’hypocrisie de ceux qui cherchent à assouvir leurs soif de domination à travers la religion, mais aussi un boogeyman étrangement fascinant. Avec ce film Dakota Fanning se débarrasse du stigmate de l’enfant star, elle ne prononce aucune parole lors du premier chapitre cependant, son visage et ses grands yeux bleus sont extraordinairement expressifs, évoquant une star du muet. Elle transmet tout au long du film l’extraordinaire résilience de son personnage et tient son rôle  avec une autorité qu’on ne lui soupçonnait pas. Découverte du film la jeune  actrice britannique Emilia Jones incarne Joanna, une jeune fille qui découvre alors que sa féminité s’éveille  la face la plus sombre du comportement masculin, mais montre une endurance remarquable. Kit Harington (Jon Snow!!!!) fait une brève apparition mais tire le meilleur de son rôle de hors-la loi.

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Joanna (Emilia jones) et un hors-la-loi (Kir Arrington)

La où Tarantino utilise le western pour examiner les relations raciales, Koolhoven parle de la domination patriarcale et religieuse qui s’exerce sur les femmes au travers des violences sexuelles et physiques.Dans le monde brutal et misogyne qu’il nous décrit, les femmes sont des proie pour les hommes : fouettées, agressés, leurs droits inexistants , des mesures sadiques prises pour les faire taire. Néanmoins, ce sont les personnages les plus forts et les plus admirables, tandis que les hommes ici sont, presque sans exception, méprisables. Certes il y a une vraie ambivalence dans sa démarche à dénoncer la violence faite aux femmes en  montrant à la manière parfois complaisante de films d’exploitation une série de tortures et d’épreuves que subissent ses héroïnes. Mais il est vrai que Koolhoven a une certaine  capacité à trouver de la grâce et de l’humanité même au milieu de l’horreur. La musique Même dans l’horreur Brimstone garde une étrange beauté froide et  élégiaque de Tom Holkenborg (compositeur hollandais plus connu sous son pseudo de Junkie XL avec lequel il a signé les BO de  Mad Max: Fury Road, Deadpool et BvS) contribue à donner à Brimstone une atmosphère  épique et solennelle malgré son sujet souvent sordide.

Conclusion : Western féministe et conte horrifique  mené avec assurance par une étonnante Dakota Fanning et un terrifiant Guy Pearce, Brimstone est une excellente surprise qui évoque dans son mélange des genres un pendant européen à  BoneTomahawk.

Ma Note : B-

Brimstone de Martin Koolhoven (sortie le 22/03/2017)

 

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