VIVARIUM (Critique)

Gemma (Imogen Poots) est une enseignante de maternelle qui aime son travail et les enfants, son compagnon Tom (Jesse Eisenberg) est jardinier. Un jour après l’école, Gemma remarque une petite fille très triste de la classe qui pleure à quelque chose qu’elle a vu sur l’herbe: un bébé oiseau mort, manifestement délogé de son nid dans l’arbre au-dessus par des coucous (dont nous avons un glaçant aperçu des activités dans le générique d’ouverture qui annonce le malaise à venir). Encouragés par un ami , Gemma et Tom rendent une visite amusée à un agent immobilier qui fait la promotion d’un nouveau programme de logements , nommé Yonder. L’agent baptisé Martin (Jonathan Aris) habillé comme un vendeur biblique de porte-à-porte en chemise à manches courtes et pantalon rasant la cheville leur suggère de se rendre à Yonder pour une visite, les accompagnant au volant de sa propre voiture. Une fois sur place Gemma et Tom se retrouvent dans un endroit étrange à la Truman Show, un alignement à perte de vue de maisons au design carré à deux étages, peintes dans un vert d’eau sans vie qui dessine un paysage, évidemment numérisé, irréel et désorientant. L’hilarité du couple disparaît quand ils réalisent qu’ils ne peuvent plus quitter le lotissement, qui n’est pas simplement labyrinthique mais semble sans fin.

On reconnait dans la structure de cauchemar éveillé de Vivarium celle popularisée par les grandes anthologies fantastiques à la chute toujours surprenante et singulière comme La Quatrième Dimension et plus récemment la série britannique Black Mirror. Poots et Eisenberg, deviennent ainsi nos substituts dans cette expérience folle et nous apprenons avec eux pas à pas les règles de ce monde absurde. Le film joue avec les notions du partage des rôles dans un couple – ce qu’un homme et une femme doivent faire dans une maison – et avec celle de famille : quand ils ouvrent une boîte à l’extérieur de leur nouvelle maison qui contient un bébé, un message leur dit s’ils élèvent le bébé s’ils veulent quitter la résidence. Sans qu’on ne voit jamais les concepteurs de cette expérience le titre du film prend tout son sens. Vivarium sert de métaphore aux peurs existentielles qui nous traverse tous dans la bascule vers l’ age adulte (quel que soit l’age dans lequel on y bascule) la peur de l’engagement , cette nécessité dans le projet de fonder une famille de de s’installer dans un endroit abordable qui semble nous couper du monde extérieur. Comme pour les couples qui s’installent en banlieue après avoir vécu en centre ville et se retrouvent comme confrontés à eux -mêmes.

De même l’irruption chez le couple de cet enfant qui ressemble à un étranger hostile, malveillant, prédateur et haineux dans sa vigilance étrange et ses demandes incessantes renvoie aux sentiments inavouables qui peuvent traverser l’esprit de jeunes parents stressés et épuisés par le manque de sommeil. Le cinéaste trouve de nombreuses de le rendre viscéralement, instinctivement répugnant et horrifiant. Ce personnage incarné par Senan Jennings qui entre dans le panthéon des « creepy children » du cinéma fantastique puis sa version adolescente incarné par Eanna Hardwicke incarne cette mortalité à laquelle nous renvoie la naissance d’un enfant .

Jesse Eisenberg est l’interprète idéal pour Tom, un personnage qui oscille entre l’aimable et détestable alors qu’il lutte plus que Gemma encore pour s’adapter à leur nouveau style de vie, développant un caractère e séquence agressifs ainsi que des obsessions tout aussi stupides que dangereuses et pour se distraire. Imogen Poots nous fait suivre un véritable marathon émotionnel où son personnage passe de l’amour et du bonheur à la peur ,le désespoir, le chagrin et la rage et toutes les émotions intermédiaires jusqu’à un dénouement inexorable.

Dans ce contexte à la fois horrible et drôle ce récit en nous immergeant dans le vide oppressant de Yonder nous d’autant plus le plaisir de l’existence que nourri l’art, la liberté et la diversité.

Conclusion : Oppressant, surréaliste, énigmatique , entre The Twilight Zone et les Monty Python si il n’est pas toujours à la hauteur de ses ambitions, bien interprété et techniquement abouti Vivarium ne laisse pas indifférent. (Points Bonus pour l’ enfant creepy à souhaits du film)

Ma Note : B

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