A l’opposé d’une année cinématographique bouleversée par la COVID-19, les séries télévisées ont continué en cette année 2020 à nous offrir dans tous les domaines de belles surprises , je vous présente ici sans doute pas les meilleures séries mais celle qui m’ont le plus marqué.
1-THE MANDALORIAN – S02 (Disney +)
The Mandalorian parvient avec cette seconde saison à conserver les qualités de sa saison inaugurale en continuant de réinterpréter les genres et thématiques qui ont inspiré l’univers Star Wars (western spaghetti, films de samouraïs) parvenant à capturer un peu de l’esprit de la trilogie originale tout en réintroduisant des figures de l’univers étendu (en particulier les séries Clone Wars et Star Wars Rebels) de manière parfaitement organique. The Mandalorian est à la fois sobre et modeste tout en offrant un spectacle et des production values digne des films de la saga. Sa diffusion hebdomadaire en fait un rendez-vous transgénérationnel précieux en ces temps difficiles.
2-DEVS (FX / Canal +)

DEVS la série cyberpunk d’Alex Garland (Ex Machina, Annihilation) avec un Nick Offermann (Parks & Recreations) à contre-emploi total en gourou technologique de la Silicon Valley est sans doute mon œuvre favorite de son auteur, la plus maîtrisée, la plus aboutie , une vraie synthèse de son style narratif et visuel qui fonctionne parfaitement sous forme épisodique jusqu’à sa conclusion. Atmosphérique, mystérieuse prenante et parfois même drôle Devs en dépit du cliché fonctionne vraiment comme un film de huit heures qui lui permet de trouver un meilleur équilibre narratif entre développement du récit , des personnages et une dimension plus sensorielles que dans ses films .
3- OZARK – S03 (Netflix)

Peu de série maitrise comme Ozark l’escalade vertigineuse des enjeux pour ses protagonistes, un effet cocotte-minute qui révèle leur personnalités. Alors que les événements deviennent incontrôlables Marty et Wendy (un tandem Bateman – Linney toujours éblouissant) continuent d’afficher une incroyable capacité d’auto-préservation – faisant équipe pour repousser une menace après l’autre même quand ils ne le peuvent pas supporter d’être dans la même pièce. Julia Garner, dans le rôle de Ruth est bouleversante dans le rôle Ruth intelligente et féroce mais aussi vulnérable, qui reste le personnage le plus sympathique de la série. A ses cotés Tom Pelphrey (Iron Fist, Mank) nouvel arrivé dans le rôle du frère bipolaire de Wendy marque les esprits. Une grande saison pour une grande série.
4-THE OUTSIDER (HBO / OCS)
The Outsider cette adaptation de Stephen King par le prisme du procédural , noir comme l’encre de Richard Price (The night of) et Dennis Lehane (Mystic River) est une réussite. Superbement interprété, glaçant et émouvant avec son lot de moments saisissants comme l’incroyable ouverture du final. Ben Mendelsohn y est fantastique dans ce rôle de flic humaniste loin des personnages douteux qu’il incarne habituellement. Jason Bateman confirme après ses épisodes d’Ozark qu’il est également un excellent réalisateur.
5-THE QUEEN’S GAMBIT (Netflix)
Le grand scénariste Scott Frank (Minority Report) utilise la liberté offerte par Netflix pour construire une série qui reprend la trame classique des films de sports dans un domaine négligé (les échecs) pour brosser le portrait d’ une héroïne complexe incarnée par la fascinante Anya Taylor-Joy avec un soin tout particulier dans la reconstitution d’époque. Top.
6-DRACULA (BBC One / Netflix)
Parvenir à faire trois téléfilms interconnectés chacun avec un style propre qui revisitent un des plus grands mythe de la pop-culture, les figures du roman et tentent d’y apporter un éclairage original est un défi relevé avec talent. Et Claes Bang est une vraie découverte pour moi excellent dans toutes les facettes que lui font jouer Moffat et Gatiss. Dans les années 90 ou 2000 il aurait trusté les rôles de vilains eurotrash de tous les Die-Hard like.
7-Mrs AMERICA (FX / Canal +)
Alors qu’à priori cette mini-série de prestige n’attirait pas spécialement notre attention Mrs America est une réussite à la fois leçon d’Histoire et étude de caractères. On est frappé par le soin apporté à la reconstitution des époques traversées, accompagné d’une bande-son incroyable de tubes souls et d’une composition marquante de Kris Bowers, la précision de sa dissection de la naissance de la révolution conservatrice en parallèle du mouvement d’émancipation féministe et son interprétation avec un casting brillant avec en tête d’affiche une Cate Blanchett que j’ai rarement trouvé aussi juste.
8-UMBRELLA ACADEMY – S02 (Netflix)
La séquence d’ouverture de la saison 2 d’Umbrella Academy constitue par défaut LA séquence super-héroïque de l’année. Cette saison confirme la confiance des showrunners : une plus grande maîtrise visuelle et narrative pour une des meilleures séries du streamer.
9-LOVECRAFT COUNTRY (HBO / OCS)

si tout n’est pas réussi dans cette réappropriation de la culture Pulp (horreur, aventure, SF) pour la communauté afro-américaine cela donne toutefois des moments assez audacieux et uniques. HBO a donné en tout cas à Jordan Peele & J.J Abrams, producteurs de la série les moyens de leurs ambitions.
10-RAISED BY WOLVES (HBO Max / Warner TV)
Raised by wolves est une série sans doute trop aride pour le grand public mais sa combinaison de questions philosophiques et de space-opéra apocalyptique plus la patte de Ridley Scott en font néanmoins un incontournable pour les fans de science fiction. Alors que souvent les épisodes de séries réalisés par des grands noms du grand écran portent peu leur marque les deux premiers épisodes fonctionnent comme un véritable film : une pure injection stylistique et thématique de Ridley Scott qui s’entoure à la photo, aux décors et aux costumes de collaborateurs réguliers. On peut compter sur l’auteur de Prometheus pour offrir une image signature : Ici c’est la vision dantesque qu’on croirait issue des pages de Métal Hurlant (le magazine de bande-dessinées française des années 70 dont il a toujours été fan) avec cette machine à tuer en vol stationnaire les bras en croix – croisement entre un archange et le robot Maria du Metropolis de Fritz Lang – au dessus d’une mégapole déchirée par une guerre future et qui détruit les humains avec un cri strident. Scott et son concepteur de production Chris Seagers (Alien Covenant) donnent à la série une esthétique techno-médiévale, cette hybridation de l’iconographie moyenâgeuse avec celle de la SF est une idée de longue date chez Scott depuis son projet avorté de relecture SF du mythe de Tristan et Isolde dans les années 70 dont on retrouve des traces par exemple dans le scaphandre de Ripley dans Alien. Ici on trouve des fantassins futuristes équipés de casque normands et des armées de croisés stellaires dont les uniformes sur lesquels on ressent l’influence du dessinateur français Jean Giraud dit Moebius. La vie de la famille recomposée sur Kepler 22-b évoque la vie paysanne au moyen-âge. Scott et son directeur de la photographie Dariusz Wolski (Pirates des Caraibes, Dark City, quasi tous les Scott depuis Prometheus) sont sur un terrain si familier, fascinés par le paysage et son mélange hostile de montagnes et de désert aride, capturé avec une palette de couleurs délavées.
Vu Queen’s gambit et Dracula. Une préférence pour la joueuse d’échecs même si, au bout du Comte, l’autre ne m’a pas déçu par son approche originale.