
Ce classement n’a pas la prétention de distinguer les meilleurs films de l’année (si tant est qu’il y ait un métrique pour le faire) ni de soigner une quelconque image de cinéphile distingué mais de partager avec vous les films vus cette année classés selon un unique critère, le plus subjectif d’entre tous et le seul qui vaille : le plaisir ressenti devant l’écran et le souvenir qu’ils m’ont laissés. Cette année 2020 a plongé le monde entier dans une véritable dystopie et le monde du cinéma a été impacté comme jamais signant sans doute une mutation profonde. Les streamers Netflix en tête ont pris le relais des salles, pas de blockbusters ou de franchises à l’exception de Tenet donc le jugement est forcément parcellaire mais je garde ceux-ci en mémoire.
NUMBER ONE – THE INVISIBLE MAN – Leigh Whannell

Haletant , angoissant et pertinent Invisible Man conforte la place de Leigh Whannell parmi les nouvelles signatures qui comptent dans le domaine du fantastique et démontre si il en était besoin que les Universal Monsters ont encore de beaux jours devant eux si on se donne la peine de leur offrir un traitement original.
2- TYLER RAKE de Sam Hargrave

Des ingrédients classiques (un peu de Man on Fire , un peu de The Gauntlet) un rôle taillé pour Chris Hemsworth avec un pur film d’action, brutal et prenant qui marque par la mise en scène immersive de Sam Hargrave coordinateur d’action passé à la réalisation sur les traces des réalisateurs de John Wick. Et en dépit de son argument de DTV un des rares films Netflix qui ont l’aspect d’un film de cinéma.
3- TENET de Christopher Nolan
Fusion de thriller d’espionnage et de film de science-fiction Tenet incarne l’essence du cinéma de Nolan à une échelle monumentale et quasi-expérimentale. Tenet est bâti sur des concepts théoriques complexes tout en invitant le spectateur à vivre l’expérience sensoriellement plutôt de tenter de tout comprendre. Moins abouti qu’Inception et Interstellar qui provoquaient un attachement émotionnel plus profond avec leurs personnages on ne peut que saluer l’audace du cinéaste qui, loin de jouer la sécurité nous offre ici son film le plus spectaculaire à ce jour mais sans doute aussi le blockbuster le plus complexe et exigeant jamais sorti dans une si large combinaison de salles.
4– POSSESSOR – Brandon Cronenberg
Brandon Cronenberg revisite l’univers des films de jeunesse de son père de Shivers à Videodrome, l’aspect « exploitation » ludique en moins, on est ici dans une volonté plus auteurisante. On prend plaisir d’en retrouver le malaise, la froideur clinique et la violence radicale. Avec une double interprétation marquante du tandem Andrea Riseborough – Christopher Abbott.
5- UNCUT GEMS – Benny Safdie et Josh Safdie
Si le cinéma des Safdie n’est pas 100% ma came Uncut Gems est un tour de force, le drame est propulsif, chaotique et visuellement maîtrisé – encore un travail incroyable de Darius Khondji, Sandler soutient un rythme infernal et la conclusion est parfaite.
6- DA FIVE BLOODS – Spike Lee

Si j’ai toujours eu du mal avec la narration de Spike Lee j’ai trouvé dans cette trame lâche à la façon du « Trésor de la Sierra Madre» le vecteur idéal pour son style. Da 5 Bloods sample aventures, politique, action , drame et comédie avec un Delroy Lindo fantastique et une apparition émouvante de Chadwick Boseman let a voix de Marvin…
7 – LE CAS RICHARD JEWELL – Clint Eastwood

En empêchant le ton du film de devenir trop sombre et en générant une vraie sympathie pour son personnage principal , Eastwood a conçu un récit engageant (quoique romancé) du triomphe d’un homme ordinaire sur l’establishment, un récit toujours efficace même si l’identité des représentants de ces deux camps est ici influencée par les orientations politiques du réalisateur de 89 ans.
8- LES SEPT DE CHICAGO – Aaron Sorkin

Si je ne partage pas l’adoration de beaucoup pour Sorkin (je lui préfère David Mamet) j’ai beaucoup aimé le classicisme de son Trial of the Chicago Seven son adhésion et sa maîtrise des codes du « courtroom drama » , des dialogues et un casting exemplaire donnent de la force à son propos.
9- THE HUNT de Craig Zobel

The Hunt est donc (encore) une excellente surprise issue de la maison Blumhouse, une série B+, gore, drôle et intelligente, le défouloir parfait en ces temps difficiles.
10- TOUT SIMPLEMENT NOIR – Jean-Pascal Zadi et John Wax

Tout simplement noir n’a pas la vocation d’être un manifeste militant c’est une comédie férocement drôle qui parvient à faire passer quelques messages pertinents de la façon la plus subversive qui soit en étant tout simplement drôle.