
Initialement destiné à la plateforme Paramount + Smile, un modeste film d’horreur réalisé par le novice Parker Finn d’après son propre court-métrage, a connu un succès inattendu. Avec des recettes de 217 millions de dollars pour un budget de 17 millions, aidé par une campagne marketing virale ingénieuse centrée sur un sourire perturbant (des figurants avec un rictus inquiétant ont été vus lors de matchs de baseball avant la sortie), le film a surpris jusqu’à ses créateurs. L’histoire suit une psychologue confrontée au suicide étrange d’un patient et convaincue progressivement d’avoir affaire à une malédiction surnaturelle qui se transmet par le sourire. Inspiré de films comme The Ring et It Follows, Smile jouant sur les jumpscares se démarque par son efficacité et la maîtrise de son auteur. Ce succès inévitablement conduit à une suite, avec Finn de retour à la barre pour Smile 2, doté d’un budget plus généreux permettant d’élargir l’univers tout en préservant ce qui faisait la force du premier film.

Le film débute par une scène brutale en plan séquence, rappelant l’intensité d’un thriller. On y découvre le policier Joel (Kyle Gallner), dernier maillon de la chaîne de malédiction du premier opus, dont la conclusion sanglante ouvre ce nouveau chapitre. La protagoniste de Smile 2 est Skye Riley, une popstar incarnée par la chanteuse et actrice britannique Naomi Scott, qui s’efforce de relancer sa carrière après un accident de voiture lié à la drogue, l’ayant laissée physiquement marquée. Elle s’engage alors dans une tournée mondiale pour reconquérir sa gloire passée. Déjà fragilisée par la pression intense de la célébrité et de ce retour sur scène, encore traumatisée par la perte tragique de son compagnon dans un accident (Ray Nicholson, au sourire carnassier hérité de son père célèbre, Jack), et en pleine désintoxication, elle est bientôt assaillie par des visions dérangeantes qui menacent de la faire sombrer. Elle réalise alors qu’elle a été « infectée » par la malédiction du sourire. Choisir un tel protagoniste est judicieux car, par essence, les artistes doivent continuer à sourire malgré les traumas. Le film lui fait vivre une crise d’angoisse de plus de deux heures, ponctuée d’apparitions effrayantes et d’une imagerie grotesque. Scott, vue dans Aladdin et Power Rangers, donne tout ce qu’elle a dans ce rôle, offrant une performance d’autant plus bluffante qu’elle est omniprésente à l’écran. Elle pourrait bien prétendre au titre de Scream Queen. Son incarnation d’une popstar est bien plus convaincante que celle de Saleka Shyamalan dans le dernier film de M. Night Shyamalan Trap , d’autant plus que Finn et son équipe veillent à ce que les chansons et les spectacles de leur star fictive soient crédibles.

Smile 2 est un peu à Smile ce qu’Evil Dead 2 fut à l’original, une suite qui reprend des éléments du précédent pour créer un film plus cruel, plus sanglant et plus maitrisé. Smile 2 suinte l’effroi à chaque scène et Finn joue beaucoup sur la puissance malaisante de l’image au centre de sa franchise : le rictus malfaisant qu’affichent les formes que revêt l’entité maléfique. Elle explose dans une séquence où l’héroïne est assaillie dans un espace clos non pas par une mais des dizaines d’apparition Bien que Smile 2 soit violent, sanglant et dérangeant, il réussit à incorporer des touches d’humour appréciables ainsi qu’une grande charge émotionnelle, s’appuyant fortement sur la performance expressive de Scott. « Smile 2 » semble être un peu trop long long, ce qui mène à une surutilisation de jumpscares qui s’essoufflent avec le temps, même si cette durée prolongée accentue l’agonie de l’héroïne. Néanmoins, Finn a judicieusement choisi de commencer et de finir son film par les scènes les plus impressionnantes et mémorables, ce qui rend le visionnage finalement très satisfaisant.

Sur le plan technique, un travail considérable a été réalisé sur le design sonore et Finn varie les angles de caméra pour augmenter la portée du film, en utilisant des techniques propres aux films d’action. L’un des points forts du film réside dans la maîtrise des effets spéciaux, mêlant habilement effets numériques et maquillage traditionnel, une combinaison qui, à mes yeux, est toujours gagnante. Finn avait collaboré sur le premier opus avec le fameux duo Tom Woodruff Jr. et Alec Gillis, responsables des xénomorphes dans la saga Alien depuis le film de James Cameron. Il semble que le duo se soit séparé, car c’est Gillis seul, sous sa propre enseigne, qui s’occupe des créatures de Smile 2.
Conclusion : Smile2 pousse les curseurs de du premier volet à fond. Ouverture en plan séquence impactante, avalanche de jumpscares et de visions effrayantes avec une louche de body-horror le tout emballé avec style. Belle interprétation de Naomi Scott. De l’horreur de studio efficace