F1(2025)

Le film F1 s’inscrit comme une tentative nostalgique et plutôt réussie de ressusciter les blockbusters des années 80 et 90, avant l’ère des franchises et des IP, où le star power, des seconds rôles marquants et un grand spectacle physique dominaient, sous l’égide du maitre du genre le producteur légendaire Jerry Bruckheimer. La Formule 1 de par sa nature (sport mécanique, rythme répétitif ) ne se prête naturellement pas, à mes yeux, à une adaptation visuelle et narrative captivante au cinéma pourtant F1 y parvient presque. Tout d’abord grâce à la mise en scène techniquement virtuose de Joseph Kosinski qui emploient son immense budget à perfectionner les technique employées sur Top Gun Maverick plongeant le spectateur dans le baquet des bolides dans des courses haletantes grâce à des caméras embarquées révolutionnaires et un montage nerveux. Les premières séquences de course, hypnotiques et visuellement époustouflantes, capturent la vitesse avec une intensité brute et un mixage Dolby Atmos qui fait vibrer l’IMAX. Contrairement aux autres grands noms de l’écurie Bruckheimer comme Michael Bay ou Tony Scott, Kosinski n’érotise pas les corps, il les filme comme des mécaniques biologiques, extension de la machine, fusionnant pilote et voiture dans une chorégraphie fonctionnelle et précise.

Brad Pitt brille par son charisme et sa présence à l’écran, portant le film avec une aisance incandescente et cool. En incarnant Sonny Hayes, un pilote vétéran, il mélange virilité, nonchalance et humanité, rappelant des icônes comme Paul Newman et Steve McQueen. Il enfile à la perfection la veste du « héros sur le retour », avec un rôle taillé sur mesure qui exploite pleinement son aura de star hollywoodienne malgré un âge (61 ans) qui rend son rôle légèrement invraisemblable pour la F1 (mais on s’en moque). Bien que son interprétation soit convaincante, l’acteur reste dans sa zone de confort et flirte avec l’autopromotion. Malgré cela, Pitt est l’atout majeur du film, son charisme éclipse les faiblesses du scénario et retient l’attention des spectateurs non férus de F1. Javier Bardem, en patron d’écurie, apporte une intensité nuancée, mêlant autorité et vulnérabilité, et vole souvent la vedette par sa présence captivante. La bande originale de Hans Zimmer, avec ses pulsations électroniques et ses crescendos dramatiques, amplifie l’intensité des courses, bien que moins mémorable ou expérimentale que ses travaux sur Interstellar ou Dune, je me suis réjouis de son retour à un score purement commercial. Moins profond que Rush ou Le Mans 66, F1 ne poursuit pas les mêmes objectifs : il privilégie le pur divertissement spectaculaire au détriment d’une exploration psychologique ou historique. Si F1 captive par son ambition de renouer avec un cinéma de pur spectacle, porté par des stars et une énergie brute, il peine à transcender ses limites narratives. Le scénario, englué dans des clichés – rivalités prévisibles, rédemption convenue limite l’impact émotionnel. Ainsi faute d’un script aux enjeux véritablement développés et en raison des limites narratives imposées par la F1, où les courses, qui finissent par être répétitives dominent l’intrigue, le film s’essouffle dans sa dernière heure, peinant à maintenir l’élan initial. Malgré ses défauts, la grande vertu de F1 réside dans sa conception résolument optimisée pour la salle de cinéma, idéalement sur l’écran le plus grand possible, où ses images immersives et son mixage sonore tonitruant prennent tout leur sens. Le film offre un événement audiovisuel d’une intensité rare, impossible à reproduire même avec le meilleur home cinéma, proposant ainsi une piste pour la survie de l’expérience en salles : un spectacle grandiose qui justifie pleinement le grand écran.

Ma note : B+

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.