IRON MAN 3 (2013)

Comme il avait inauguré l’univers cinématographique Marvel, c’est à Iron Man (plus connu sous le nom de Robert Downey Jr.) que revient la lourde tâche de lancer la phase 2, après le succès historique des Avengers. Pour ce faire, il s’est entouré d’une « arme fatale » : le légendaire Shane Black. Mais sa voix si distincte ne risque-t-elle pas de se perdre dans une telle machine ? Rappelons que Shane Black a donné naissance en 1987 à L’Arme Fatale, la matrice de l’action moderne, définissant les lois du héros d’action qu’il prit un malin plaisir à déconstruire avec sa réécriture de Last Action Hero. Après avoir signé les scripts de The Last Boy Scout (Le Dernier Samaritain) et du méconnu Long Kiss Goodnight (Au revoir à jamais), le scénariste prodige des années 90 avait disparu durant des années avant de faire son retour en 2005 avec Kiss Kiss Bang Bang, un OVNI entre comédie et buddy movie qui, sans faire d’étincelles au box-office, a remis en selle un certain Robert Downey Jr., qui fait désormais appel à lui pour succéder à Jon Favreau.

Tony Stark (Robert Downey Jr.) et Rhodey (Don Cheadle) évoquent un parfum de buddy movie. Répondons tout de suite à la question initiale : c’est Shane Black qui a réussi à dissoudre la machine dans son univers, tant on retrouve les motifs caractéristiques de son cinéma. Citons quelques exemples :

  • La narration en voix off, inspirée de sa passion pour les films noirs (Kiss Kiss Bang Bang).
  • Le film se déroulant pendant la période de Noël.
  • La destruction d’une maison à flanc de colline (L’Arme Fatale 2).
  • La confrontation avec des assassins dans une ville de province sous la neige (Au revoir à jamais).
  • Les rapports acides entre un enfant et son héros (The Last Action Hero).
  • Les héros capturés et torturés par le méchant dans sa villa art-déco, entourés de sbires à queue de cheval (quasiment tous ses films !).

Iron Man 2 souffrait d’un scénario improvisé, conçu à la hâte suite au succès surprise du premier volet, afin de pérenniser le studio naissant. Les trous du script étaient comblés par un tissu connectif et des guest stars, davantage pour annoncer le futur des Avengers que pour contribuer à l’histoire. Pas de cela ici ! Shane Black, épaulé par l’anglais Drew Pearce, construit un scénario dense avec une véritable intrigue qui exploite tous les personnages. Pepper Potts (Gwyneth Paltrow) a pour une fois un rôle primordial. C’est un thriller qui multiplie les retournements de situation, dont un twist en particulier qui va faire énormément parler ! Là où tant de critiques conspuent les films américains pour leur patriotisme exacerbé, Iron Man 3 véhicule des idées totalement iconoclastes dans un blockbuster mainstream produit par le très conservateur Disney.

Si le film est autonome, il est néanmoins fermement ancré dans l’univers Marvel. Les fans y retrouveront la Roxxon Oil (la compagnie pétrolière corrompue, substitut des corporations dans les comics), l’organisation A.I.M, le Mandarin et, bien sûr, l’Extremis ainsi que les personnages associés à ce fameux arc narratif du scénariste Warren Ellis et du dessinateur Adi Granov (dont le travail graphique lui vaudra de rejoindre l’équipe de design des trois films). Iron Man 3 n’occulte pas non plus les événements des Avengers, mais intègre les conséquences sur Tony Stark comme élément majeur du script. Ce dernier souffre d’un puissant trauma suite à son court voyage à travers le wormhole. De même, l’existence d’êtres fantastiques comme Thor est prise en compte par les méchants du film. Si les trailers ont pu faire penser que Marvel allait emprunter la voie sombre de Christopher Nolan avec ses Batman, c’est raté. Iron Man 3 est l’un des films les plus drôles que vous verrez cette année. Les one-liners qui ont fait la réputation de Black fusent, les gags s’enchaînent, et l’on rit sans que les éléments comiques perturbent les enjeux dramatiques.

Robert Downey Jr. retrouve la flamme qui l’avait un peu abandonné lors du précédent film. Don Cheadle est mieux exploité, jouant le rôle de véritable Roger Murtaugh pour Stark / Martin Riggs. Les nouveaux venus, comme Guy Pearce en rival de Tony Stark dans les affaires et auprès de PepperJames Badge Dale (vu cette année dans Flight) en homme de main « brillant », et bien sûr un Ben Kingsley énorme, qui compose un Mandarin que vous n’êtes pas près d’oublier !Au niveau technique, tout est impeccable. Les effets spéciaux brillent dans trois énormes morceaux de bravoure : l’attaque de la villa de Tony, celle d’Air Force One, et la bataille finale entre Iron Man (ou plutôt Iron Men) et <classifié>. À noter également la magnifique photographie de John Toll (BraveheartCloud Atlas) et la musique de Bryan Tyler, qui livre la meilleure partition des trois opus, avec un générique de fin très « groovy » !

Intégriste des deux chapelles, je ne peux que donner à ce pur summer movie un 60 % Shane Black – 40 % Marvel.

Ma Note : A-

La « world famous » critique vidéo NoPopCorn

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