Apres District 9 sous le patronage de Peter Jackson , Neil Blomkamp prodige d’origine sud-africaine revient avec Elysium sous l’égide de la major Sony , s’entourant de stars comme Matt Damon et Jodie Foster avec cette histoire ou les plus riches de la planète ce sont littéralement coupés du reste du monde dans un satellite alors que le reste de la population dépérit dans un monde usé. Confirme t’il son brillant essai?
Elysium est un vrai film de science fiction en ce sens qu’il utilise comme toile de fond non pas des situations fantastique mais bien notre réalité dont il extrapole l’évolution , ce monde ou les écarts entre riches et pauvres sont si abyssaux c’est bien le notre dans les relations nord-sud ou même au sein des pays dit riches , ces mercenaires privés au service des privilégiés la encore on les retrouve au services des pires dictatures . Mais le film n’est pas un brûlot politique, Blomkamp en fan déclaré de James Cameron (en particulier d’Aliens dont l’influence est primordiale dans la dernière partie en particulier avec son compte à rebours,ses technologies d’armements futuriste et ses exosquelettes) utilise ce fond social pour mieux nous rendre familière la société futuriste d’Elysium dans laquelle il confronte des « working class heroes » (comme Cameron la encore) à des obstacles insurmontables.
Ce n’est donc pas un hasard si il fait appel au designer Syd Mead qui conçut en partie le Los Angeles de Blade Runner et le design d’Aliens pour l’aider à concevoir une technologie à la fois futuriste mais « usée », les vaisseaux semblent tout droit sortir des peintures de Chris Foss l’enfant des 80’s que je suis a adoré. Bien sur il apporte pour les scènes terrestres sa touche « africaine » (avec l’aide de son excellent directeur de la photo Trent Opaloch) qui voit Los Angeles devenu un immense township balayé par la poussière ocre des décharges.
Comme sur District 9 Il gère parfaitement l’intégration des effets numériques signé par la société montante MPC (Prometheus) aux prises de vue réelles , la direction artistique est énorme et Blomkamp pas du tout écrasé par son budget parvient à créer des images marquantes : la « reconstruction faciale » , la silhouette de Kruger sabre à la main en armure dans la fumée et la dé-mastication au ralenti d’un mercenaire par Matt Damon.

Autre influence majeure du film : Paul Verhoeven , outre un soupçon de Total Recall avec ce héros qui porte des secrets d’état au coeur de son cortex, c’est bien Robocop qui est cité au travers de la relation trouble qu’entretiennent les personnage de Jodie Foster secrétaire à la défense d’Elysium et le mercenaire Kruger qui rappelle celle de Dick Jones et Clarence Bodicker .
Mais cette idée d’une collusion entre l’establishment et le crime n’a ni l’acuité ni l’ironie de celle du » hollandais violent ». Si son interprète fétiche Sharlto Copley réussit un contre emploi total en composant ce mercenaire « augmenté aussi impitoyable que le Terminator tout en gardant l’originalité de son jeu on ne peut en dire autant de Jodie Foster . La Secretary of Defense Delacourt sorte de dick Cheney en jupon n’est qu’une caricature qu’elle a bien du mal à animer on s’étonne que la comédienne ne fut pas plus exigeante avec le jeune auteur.
Pour conserver l’analogie avec James Cameron je dirais que Neal Blomkamp n’a pas encore rencontré sa Gale Anne Hurd, c’est à dire un collaborateur qui structure et canalise ses idées. Le film multiplie les raccourcis scénaristiques et fait preuve d’un simplisme parfois surprenant.L’apport d’un co-scénariste eut vraiment été utile.
Coté réalisation si Blomkamp excelle dans le « world building » mais déçoit avec des flash-back carrément niais et un manque de maitrise dans la mise en scène des sequences d’action : l’utilisation maladroite d’hyper ralenti et de « shaky cam » leur fait perdre dynamisme et lisibilité.
Si la première partie du film introduisant l’univers et ses protagonistes est agréable le montage semble se précipiter dans la deuxième moitié comme si il avait peur de ne pas pouvoir tout monter en deux heures.
La musique post-Inception est très dispensable on aurait aimé plus d’originalité dans les thèmes.
Coté interprétation il donne un nouveau rôle d’exécutif véreux à William Fichtner (apres Heat et Dark knight) emploi ou il excelle encore j’ai adoré son jeu et ses scarifications! Matt Damon est comme souvent impeccable sans en faire trop. Le reste du casting hispanique en majorité est très bon en particulier Wagner Moura (Troupe d’Elite) dans le rôle de Spider qui parvient à être excessif sans tomber dans le ridicule. Alicia Braga se sort avec les honneurs d’un rôle un peu ingrat de victime.
Au final Elysium est un film imparfait mais constitué de tant d’éléments que j’adore que mon avis, même mitigé, reste positif . 7/10