Ben Stiller revient derrière la caméra (et devant aussi) pour la première fois depuis sept ans et l’excellent Tropic Thunder pour ce projet remake d’un film de 1947 qui traîne de studio en studio depuis le milieu des années 90 et qui se vit attaché des personnalités aussi diverses que Jim Carrey, Steven Spielberg, Sacha Baron Cohen ou Gore Verbinski.
Walter Mitty, employé au service photo du magazine Life, introverti est secrètement amoureux d’une collègue de travail Cheryl Melhoff (Kristen Wiig) il passe le plus clair de son temps à rêver sa vie plutôt qu’à la vivre. Alors qu’on annonce la fermeture imminente du magazine Mitty est informé qu’un cliché du photographe baroudeur O’Connell a été choisie pour être l’ultime couverture du magazine. Mais Walter égare le négatif et entreprend de partir sur les traces du mystérieux globe-trotter afin de le récupérer avant d’être licencié par Ted (Adam Scott) le manager assurant la transition du papier vers le numérique .

« La Vie Révée de Walter Mitty » est à cheval sur différents genres la quête initiatique,la comédie romantique ou burlesque cette superposition lui donne du rythme dans sa première partie ou nous l’accompagnons dans ses rêveries et ses déboires quotidiens. Cette partie culmine avec une exaltante scène se déroulant au Groenland qui le voit s’élancer à l’aventure à bord d’un hélicoptère piloté par un géant scandinave passablement ivre (génial Ólafur Darri Ólafsson) accompagné à la guitare par une de Kristen Wiig fantasmée sur une version acoustique de Space Oddity de Bowie. Cette scène synthétise thématiquement et stylistiquement le film.
La seconde, plus contemplative est beaucoup moins dynamique, la réalité peine a être aussi excitante que ses rêveries, tout semble aussi facile que dans le fantasme même si ces séquences sont visuellement réussies ( sublime photographie de Stuart Dryburgh qui va éclairer le prochain Michael Mann) elles sont dépourvues de tension dramatique. Des enjeux introduits au début du film , perte de son emploi, nécessité de payer une maison de retraite à sa mère, ne semblent au final plus peser sur les choix du personnage et se résolvent très aisément.

L’intrigue amoureuse suit une trame bien trop classique jusqu’à sa conclusion attendue. Même si Kristen Wiig est l’actrice de RomCom idéale et complémente à merveille le jeu de Ben Stiller. Celui-ci reprend son personnage de loser maladroit et mélancolique sans se répéter tant il maîtrise cet archétype. Les seconds rôles sont excellents Sean Penn prête son visage buriné a un personnage de photographe-aventurier-zen qui aurait pu être un cliché (humour) sans son charisme. Shirley McLane semble immortelle c’est un plaisir de la retrouver dans un petit rôle.Et Adam Scott poursuit la tradition des grands seconds rôles de comédie américaine dans la tradition d’un Steve Carrell.

L’énorme succès de Ben Stiller en tant que comédien a souvent éclipsé son travail de metteur en scène alors qu’il dirige depuis maintenant 20 ans. « La Vie Révée de Walter Mitty » devrait remettre les pendules à l’heure tant sa mise en scène est maîtrisée. Scènes de comédies , parodies de film, mais aussi action et grands espaces le film offre une fantastique vitrine à son talent. Derrière la caméra, Stiller, utilise les plus grands angles possibles pour permettre à ses décors naturels de briller, d’un volcan Islandais (tellement visitée par le cinéma qu’on s’attend presque à croiser sur ses pentes Bruce Wayne ou l’équipage du Prometheus) aux montagnes Afghanes.
Stiller s’amuse à rendre hommage à travers les rêveries de Mitty aux genres à la mode en particulier les confrontation super-héroïques le film offrant curieusement la scène comic booky la plus excitante de l’année! Mais on sent chez lui une vraie connaissance des conventions du genre ce qui rend la scène si efficace.
On notera enfin une bande originale très atmosphérique qui renforce l’aspect contemplatif du film.
« La Vie Révée de Walter Mitty » est un récit captivant, même si il est inégal porté par un message certes simple mais qui évite l’excès de guimauve par son humour et la mise en scène exceptionnelle de Ben Stiller. 8/10