Dwayne « The Rock » Johnson endosse endosse la défroque du demi-dieu qu’il reve d’incarner depuis l’enfance sous la caméra de Brett « The Rat » Ratner pour ce film librement adapté du comics « Hercules : The Thracian Wars » llui en donne enfin l’occasion. Quelque mois à peine après la sortie un projet concurrent à petit budget (« La Legende d’Hercule » de Renny Harlin). celui qu’on surnomme le « franchise viagra » (pour avoir boosté les séries Fast&Furious et GI Joe) a t’il les épaules assez larges pour porter sa propre série de films ?
L’homme qui tua LibertHydre Valence
Si le film s’ouvre bien sur la description de quelques uns de ses travaux les plus fameux , le film n’a rien de l’adaptation de la mythologie ni même d’un ersatsz du Choc des Titans ou The rock affronterait deux heures durant des créatures en CGI (ce que vend un peu les trailers).
L’Hercule du film n’est pas un demi-dieu mais un aventurier qui parcourt la Grèce à la tête d’une bande de mercenaires rencontrés au cours de ses aventures : le spartiate Autolycus (Rufus Sewell du bon coté pour une fois), l’amazone Atalanta (Ingrid Bolsø Berdal), l’homme-bete Tydeus (Aksel Hennie) et l’oracle Amphiaraus (Ian McShane) se vendant au plus offrant.Mieux ses exploits fantastiques sont en fait des récits que rapporte par son neveu Iolaus afin d’effrayer leurs futurs ennemis et faire monter la « cote » d’Hercule auprès de ses futurs employeurs.Bientôt il sont engagé par le vieux seigneur de Thrace Lord Cotys (john Hurt) pour entrainer ses armées et l’aider à preserver son royaume des assauts du mystérieux Rhesos qu’on dit dotés de pouvoirs surnaturels à la tete d’une armée de « centaures ».
C’est parce qu’il s’inspire vaguement d’une bande-dessinée très documentée sur l’histoire grecque (écrite par Steve Moore) garde quelques traces de son effort de déconstruction du mythe.Il intègre aussi la part plus sombre de la légende d’Hercule qui frappé de folie par la déesse Hera tua sa femme et ses enfants. Quand s’ouvre le film Hercule est hanté par des visions de la mort de sa famille : en est il responsable ? [SPOILER : non the Rock n’a pas tué femmes et enfants dans un summer movie]. Le scénario du film est par ailleurs assez bien structuré offre quelques rebondissements sympathiques.

Brett Ratner se traîne une réputation atroce auprès des « cinéphiles », en partie due à son attitude exubérante. On peut dire que sa filmographie ne compte aucune oeuvre impérissable mais il serait stupide de lui nier des qualités techniques qui en font un « shooter » solide. Il privilégie des compositions de plans classiques et un montage fluide plutôt que de la shaky-cam et des « cuts » hystériques.Il est en tout cas assez malin pour s’entourer des mêmes collaborateurs : à la photo Dante Spinotti qui a éclairé Heat, LA Confidential ou Le dernier des Mohicans (et oui quand même !) ce qui garantit un certain niveau d’esthétique et au montage Mark Helfrich qui a une certaine expérience dans les films d’action avec des mecs balèzes puisque le monsieur à monté des petits films comme Predator et Rambo II.
On sent que l’ami Brett aime BEAUCOUP Troy (et il a raison ! je conseille à tous le film dans sa version longue) la conception artistique, les costumes et les deux grandes scènes de batailles doivent énormément au film de Wolfgang Petersen. Les combats même si ils sont dans les limites du PG-13 sont assez violents pour contenter les amateurs (enfin moi quoi..).
Ratner en bon populiste utilise la 3D de manière ludique avec des nombreux objets ou fragments projetés vers le spectateur et en bon technicien la rend suffisamment lumineuses et colorée.
Il réunit un casting de solides vétérans (allez regarder sur Imdb la liste des acteurs qui ont joué dans ses films ) ici ces vieilles badernes de Ian McShane, John Hurt ou même Peter Mulan (bien loin des films naturalistes anglais) qui semblent bien s’amuser et « vendent » les dialogues clichés du film.Si Dwayne « The Rock » Johnson est loin d’être le pire athlete reconverti dans la comédie il n’a pas encore le métier pour incarner de manière crédible les tourments de son personnage, de même son charisme « cool » s’adapte mal aux scènes ou il doit galvaniser ses troupes façon d’un Gerald Butler dans 300.

A l’italienne
Dans sa deuxième partie le film tourne le dos à toute tentative de déconstruction du mythe, les décors naturels font place à des intérieurs de studios et on bascule dans le peplum « à l’italienne » avec ses fourbes et des exploits quasi super-héroïques pulsé par une musique tonitruante. Ratner rend d’ailleurs un hommage appuyé au film avec Steve Reeves reprenant l’image iconique d’ Hercule enchaîné. Mais le coté « cinéma de quartier » (ah la nostalgie des cycles de Jean Pierre Jeunet sur Canal + à la grande époque…) et le coté assumé de ce virage invite à l’indulgence. Même le cri « I am Herculeeees » un peu ridicule dans le trailer passe à peu prés bien dans le contexte.
A noter qu’avec sa durée modeste d’1h40 évite les longueurs qui affectent beaucoup de grosses productions actuelles.
Conclusion : Loin de la catastrophe que laissait présager les trailers et son échec au box-office US , Hercule est un divertissement estival tout à fait honorable qui ressuscite sans prétention les joies du cinéma de quartier.
Ma note : C+
Hercule réalisé par Brett Ratner
Sortie le 27/08/2014.