L’ours Paddington personnage classique de la littérature enfantine anglaise fait ses débuts à l’écran en « liveaction » dans un projet monté par le producteur David Heyman qui s’y connait un peu en littérature pour enfants puisque c’est lui qui a porté à l’écran la saga Harry Potter. Et c’est une excellente surprise…
Réussir un film véritablement familial c’est à dire une œuvre qui peut réunir des générations différentes sans en aliéner aucune est un art délicat. Le risque est grand de tomber dans la facilité mais disons-le tout net l’ours Paddington est une véritable réussite dans ce domaine et nous rappelle les meilleurs dessins animés Disneydes années 70 en particulier les 101 Dalmatiens qui semble beaucoup l’avoir inspiré.
Les créateurs de Paddington ont semble-t-il étudié avec soin cette formule et la modernise sans en perdre le charme. Le Londres de Paddington est assez actuel pour ne pas paraître anachronique mais conserve toutes les vertus d’une carte-postale comme la résidence colorée du quartier de Notting Hill de la famille Brown. Cette famille qui va héberger l’ours maladroit avec son père un peu coincé, sa mère artiste excentrique et leurs deux enfants est assez modernes pour ne pas paraître ringarde mais reste dans l’esprit des familles classiques de ce type d’histoire.
Enfin le personnage de Paddington, outsider naïf et maladroit aux grands yeux écarquillés est parfaitement conçu pour faire fondre parents et enfants.
Le film très rythmé se partage entre les mésaventures et les maladresses de Paddington dans sa famille d’adoption qui donnent lieu à des séquences burlesques, tendres ou cocasses et une intrigue qui voit l’ours traqué par la taxidermiste Millicent Clyde déterminée à empailler notre héros en mode Cruella DeVil.
C’est une Nicole Kidman avec une coupe Louise Brooks peroxydée ,sanglée dans une tenue de safari en cuir et perchée sur des talons aiguilles qui incarne à la perfection cette méchante de cartoon. Tous les interprètes du film sont d’ailleurs excellents de Hugh Danville en père severe au grand coeur, Sally hawkins mére fofolle désarmante de charme en passant par le nouveau Dr Who Peter Capaldi en voisin grincheux.
La vraie réussite du film c’est bien sur l’ours Paddington une brillante création numérique de la société Framestore (Gravity) bluffante par l’authenticité de ses mouvements et de ses expressions qui font passer une grande variété d’émotions tout en maintenant un bon équilibre entre photoréalisme et charme de l’animation. Paddingtton intéragit énormémént avec son environnement et fini par faire oublier sa nature numérique.En VF c’est le comédien guillaume Gallienne qui lui prête une voix douce à la fois naïve et sage.
La mise en scène de Paul King est inventive et précise tout spécialement dans de grandes séquences de slapstick que j’ai trouvé très réussies (et si j’en crois les éclats de rire de mes enfants pendant la projection je ne suis pas le seul). Le reste des crédits techniques est au diapason que ce soit les somptueux décors comme le musée d’histoire Naturelle ou le club des géographes avec ses tuyauteries qui tiennent autant de l’univers de Terry Gilliam que du cinéma de Wes Anderson ou sa photographie colorée qui donnent au film un vrai cachet de cinéma.
Paul King et ses co-scénaristes glissent de nombreux clins d’ oeil au cinéma ,certains évidents comme ceux au films Mission impossible, (respectivement le premier et le dernier , d’autant plus drole que l’ex madame cruise joue dans le film) ou bien aux Aventuriers de l’Arche Perdue (comme Indiana Jones Paddington tient vraiment à son chapeau!) d’autres plus subtils comme cet hommage à « La Lecon de Piano » de Jane Campion dans l’introduction sous forme de pastiche des actualités cinématographiques des années 30.
Mais les créateurs ne tombent pas dans le travers de vouloir être plus malin que leur public et le film conserve un premier degré tout à fait charmant qui en garantira je crois la longévité.
Conclusion : Paddington est une vraie réussite un film familial à l’humour « So British » qui ressuscite l’esprit des grands classiques Disney et qui mérite d’en devenir un lui aussi.
Ma Note : A-
Paddington de Paul King (sortie BR-DVD le )