J’ai eu en sortant de la salle de projection la même impression que j’avais pu avoir à la sortie de l’Armée des 12 Singes (je ne voyage pas dans le temps je suis juste vieux!) pour quatre raisons qui expliquent à mes yeux la réussite du film et font de Rian Johnson un des futurs grands du genre.
Un véritable univers
LOOPER présente un monde futuriste crédible qui rappelle les meilleurs univers de la S.F littéraire. Le film donne un aperçu de la déliquescence d’une société ou se côtoient technologie et misère extrême , nous montrant son impact sur le comportement des hommes. On visite aussi bien les mégalopoles que les campagnes reculées. Le style de mise en scène est sobre avec des effets de design et de styles parfois décalés à la manière d’un Alex Proyas ou d’un David Lynch. Sur ce canevas Rian Johnson parvient à déployer son concept des Loopers qui parait alambiqué sur le papier mais qu’il explique de manière limpide par la voix off de Joseph Gordon Levitt.
C’est parce que son histoire est maîtrisée et sa réalisation claire que jamais les paradoxes temporels du film ne se mettent en travers du plaisir qu’on prend à sa vision.
Un scénario travaillé
Le scénario de Looper est brillant, très riche il se réserve des changements de tons assez surprenants. Toutes les grandes questions sur le voyage dans le temps y sont abordées et l’enjeu du film se trouve être assez inattendu, bien différent de ce à quoi on s’attendait au départ.
Loin d’être un film d’action, Looper s’attache à ses personnages chacun pris au piége de cette boucle infernale.
Une interprétation brillante
On n’avait pas vu Bruce Willis aussi brillant depuis ses deux films avec M.Night Shyamalan, le script lui permettant de jouer sur ses deux images, le dur à cuire certes mais aussi l’homme tourmenté par une mélancolie toujours présente. Malgré son statut de star il est plaisant de voir que Willis en « veut » encore et recherche des auteurs lui donnant des challenges à relever. Rian Johnson en bon fan, n’oublie pas de lui offrir une pose iconique qui restera dans les mémoires au même titre que celle de Pulp Fiction.
Jouant le même personnage plus jeune, Joseph Gordon Levitt sous un maquillage le rendant méconnaissable réussit à être crédible sans sombrer dans l’imitation. C’est par petites touches impressionnistes qu’on le voit en tant que Bruce Willis potentiel mais ce gimmick s’estompe bien vite car il compose un vrai personnage. il retranscrit parfaitement dans l’intensité de son regard la véritable transformation émotionnelle qu’il subit au cours du film.
Les seconds rôles nombreux et réussis donnent une texture au film : Emily Blunt en mère courage, Jeff Daniels faussement bonhomme en mafieux venu du futur (qui au passage nous donne peu d’espoir pour l’avenir de la France dans une réplique qui a fait s’éclater de rire la salle).
A noter les débuts de Pierce Gagnon (vu depuis dans Tomorrowland par exemple) enfant acteur saisissant dans le rôle du petit Cid qui marquera les mémoires.
Un atterrissage soigné
On a souvent été déçu par des films brassant des concepts ambitieux faisant monter des enjeux dramatiques intéressants et qui s’effondrent au final à cause d’une conclusion décevante.
La grande force du film tient dans sa conclusion à la fois simple, émouvante et totalement cohérente avec les deux heures qui l’ont précédé.
On sort du film avec l’impression d’avoir vécu un grand moment de cinéma.
Conclusion : Grand film de SF adulte Looper nous fait découvrir un vrai auteur en la personne de Rian Johnson et donne à cette décennie un de ces premiers film culte.
Ma note : A
Looper de Rian Johnson (sorti le 31 octobre 2012)