Voici donc le fameux « Peter Pan Begins » à 150 millions de dollars de budget que personne ne réclamait et qui comme le laissait présager l’absence complet de buzz vient de vautrer au box-office US rejoignant le cimetières des prétendants à une franchise qui ne viendra jamais (John Carter, Battleship). Mais le film est il vraiment une catastrophe à la hauteur de son échec public ?
L'histoire d'un orphelin enlevé vers le Pays Imaginaire ou confronté à mille dangers il va découvrir finalement son destin - de devenir le héros qui sera à jamais connu sous le nom de Peter Pan .
Ce qui domine dans le cas de Pan c’est l’incompréhension devant certains choix : celui qui a poussé la Warner Bros a investir une telle somme pour un projet de « Peter Pan Begins » que personne ne réclamait , de le positionner initialement en plein été de l’année la plus compétitive depuis des décennies en lieu et place de Batman v Superman repoussé au mois de mars. Incompréhension aussi sur ce qu’a pu y voir le talentueux Joe Wright (Anna Karenine, Reviens-moi, Hanna) pour faire une première incursion dans le film à gros budget avec ce projet bancal. Le sort du film a été scellé tout au long d’un campagne marketing dont aucun élément ne parvint à susciter le moindre interet et pire la moindre réaction. Un décalage au mois d’octobre pour échapper à un massacre estival n’a pas suffit puisque le succès de Seul sur mars mettra définitivement fin aux espoirs de la major sur le film.
Pour autant comme souvent dans le cas de bides commerciaux on a tendance à jeter le bébé avec l’eau du bain Pan mérite qu’on nuance le propos.
L’eau du bain
Le péché originel de Pan tient à son concept sans intérêt « Comment Peter Pan est devenu Peter Pan ? » qu’il ne justifie pas puisqu’il ne sert qu’à dérouler la millième histoire d’ Elu » qui se voit révélé son destin de sauveur du Monde ( ici le pays imaginaire) sans même le connecter aux thématiques de l’oeuvre de J.M Barrie.
Le personnage de Peter ne rappelle que superficiellement le vrai Peter Pan et si le jeune Levi Miller ne joue pas mal il manque du charisme nécessaire.
Le comble c’est que Pan ne fonctionne même pas comme prequel , si on y croise le futur capitaine Crochet , Mouche et malgré de gros clin d’ œil (Crochet laisse traîner sa main dans l’eau du bassin aux crocodiles) quand le film se termine aucun personnage en dehors de Pan n’est tel qu’on le connait dans le classique et aucune réponse n’est apportée par exemple sur l’origine du conflit entre les deux personnages.
Le personnage de Crochet est d’ailleurs le plus problématique, le film veut lui faire tenir ici un rôle d’anti-héros à la Han Solo mais la mayonnaise ne prend jamais en partie à cause de l’interprétation calamiteuse de de Garett Hedlund.

Le bébé
Pour autant je ne trouve pas que Joe Wright ait été écrasé par la machine que constitue un tel blockbuster à l’instar de nombreux réalisateurs « auteurisants » passé avant lui (Gavin Hood sur le premier Wolverine par exemple).
Wright a livré contrairement à beaucoup un grand spectacle dont le budget pharaonique (150 millions de dollars) se retrouve à l’écran tout en y apportant son sens de l’esthétique y compris dans les grands morceaux de bravoure à effets spéciaux qu’il maîtrise parfaitement.
Des séquences comme le combat aérien entre un gallion volant et la R.A.F au dessus du Londres du blitz , l’arrivée à Neverland ou l’évasion de Pan sont magnifiques et pleines de panache. On regrettera simplement qu’une musique épique pompière servi à la louche vienne parfois en diminuer l’impact (lors du final en particulier). Malgré les défauts irrémédiables du script il donne à l’ensemble un rythme soutenu de films d’aventures qui fonctionne (j’ai pu le constater) parfaitement auprès du jeune public. Pour tout dire je confierais immédiatement à Joe Wright les clés d’un film de super-héros.
Malgré son look et son comportement extravagants j’ai aimé à la fois le personnage de Blackbeard et l’interprétation de Hugh Jackman, on sent que Wright s’est reposé sur l’Australien , qui est aussi une star de Broadway pour faire passer ses cotés les plus extravertis. Blackbeard reste un personnage authentiquement malfaisant une sorte de vampire (la séquence de son rajeunissement rappelle du Guillermo del Toro) que sa quête de immortalité a rendu haineux mais dont Jackman nous fait apparaître les tourments.
Une séquence fait beaucoup parlé ou pour accueillir les nouveaux arrivants les esclaves travaillant dans la mine entonnent Smell’s like Teen Spirit que conclue dans sa première apparition Hugh Jackman. Ce moment en effet trés « Baz Luhrman » ne m’a pas choqué d’une part car il se déroule à Neverland et pas dans le Londres du Blitz et d’autre part car seul le spectateur reconnait cet hymne comme étant le tube de Nirvanna, pour moi le choix de cette chanson culte donne plus d’ampleur à la scéne.
De même les réactions épidermiques au casting de Rooney Mara une blanche pour jouer Tiger Lily une indienne alors que j’y vois plus une maladresse qu’une intention pernicieuse puisque la « tribu indienne » est ici une communauté résolument multiculturelle (on se croirait dans Matrix Reloaded) ou se côtoient toutes les ethnies d’un chef maori à un guerrier asiatique. Si Wright s’etait montré respectueux de la vision fantasmée de J.M Barrie il se serait montré bien plus offensants à nos critères modernes.
Conclusion : Malgré un concept inutile et le côté un peu pompier de l’entreprise #Pan est un blockbuster familial plus qu’honorable traversé de vrais moments de panache visuellement somptueux.
Ma Note : B
Pan de Joe Wright (sortie le 16/10/2015)