Adam McKay s’éloigne des comédies purement burlesques (Very Bad Cops, Anchorman et son travail pour le site Funny or Die) pour adapter une enquête de Michael Lewis (déjà auteur du livre qui inspira Moneyball) qui fait la chronique de l’effondrement de la bulle immobilière américaine, à l’origine de la crise financière actuelle au travers du regard de quatre personnages qui l’anticipent et cherchent à en tirer profit. Il s’entoure d’un casting en Or massif. Mais parvient-il à innover après tant de films sur le sujet de Margin Call au Loup de Wall Street ?
Dans The Big Short Adam McKay tente d’expliquer comment le marché de l’immobilier américain en apparence solide s’est effondré du jour au lendemain entrainant dans sa chute l’ économie mondiale et offre une explication simple : tous les présages de cette apocalypse financières étaient là … mais personne n’a voulu les voir par la faute d’un cocktail d’incompétence et de fraude.

Inspiré d’une enquête de Michael Lewis, le film montre les origines et le déroulement de la crise à travers le parcours de quatre groupes d’investisseurs qui ont spéculé contre la bulle immobilière au moment même ou elle était sur le point d’éclater. Parmi eux on trouve le trader Jared Vennett (Ryan Gosling) narrateur de l’histoire et notre guide dans ce jeu complexe mais au final truqué. Vennett a vent des travaux du Dr.Michael Burry (Christian Bale), médecin fou de hard-rock et de chiffres devenu gestionnaire de fortune qui le premier va pressentir que ce marché n’est en fait qu’un château de cartes. Venett parvient à convaincre un gestionnaire de hedge-fund misanthrope Mark Baum (Steve Carrell) de parier à travers lui contre le marché de l’immobilier – « to short it »en terme Wall street English. Et enfin deux jeunes apprentis financiers Jamie Shipley (Finn Wittrock de la série American Horror Story) et Charlie Geller (John Magaro) aidé par un gourou de Wall Street à la retraite (Brad Pitt).
McKay donne au film les codes du film d’arnaque ou de casse afin de rendre accessible les arcanes du monde de la finance. Quand celles-ci deviennent malgré tout trop complexes et menacent de sortir le spectateur du film il exploite son background comique, les personnages brisent le « quatrième mur » pour s’adresser directement au public et quand le script fait appel à des notions comme « les obligations adossées à la dette » des « guest » inattendues surgissent pour vulgariser ces concepts.
The Big Short est une comédie, on rit beaucoup mais chaque rire cache une indignation et la comédie noire vire au tragique dans sa dernière partie devenant la chronique d’une petite apocalypse. Le sujet tient vraiment à cœur à McKay , qui déjà avait placé dans le générique de fin de « The Other Guys » (2010) des graphiques expliquant le système de Ponzi et son message est très sérieux : ceux qui ont cru acheter une part du du rêve américain en devenant propriétaires ont été roulés par les banques, les organismes de réglementation et le gouvernement qui ont détourné le capitalisme pour en faire un permis de voler.

Si il partage un univers commun avec « Le loup de Wall Street » (auquel il fait un énorme clin d’œil), the Big Short est plus proche du cinéma d’Oliver Stone utilisant comme lui le montage – virtuose ici – et des superpositions d’images (des images de Lance Armstrong mêlées à celles de traders de Wall Street et à des clips de rap) dans sa dénonciation d’une société US rongée par la cupidité et la fraude.
Bien qu’aucun de ses héros ne soit particulièrement sympathique puisqu’ils espèrent cyniquement, pour le profit, la chute d’un système qui va provoquer des dégâts considérables ils ne font que profiter d’un système déjà condamné. Evidemment le fait qu’ils soient incarnés par des comédiens immenses ne gâche rien. Christian Bale – qui joue ici en soliste son génie de la finance quasi-autiste n’a pas d’interactions avec le reste du casting -qui peut être parfois un acteur froid, joue cet homme socialement inadapté de manière étonnement touchante. Ryan Gosling fait preuve d’un talent comique impeccable avec ce personnage si clairement cupide qu’il en devient sympathique.Steve Carrell a la charge dramatique la plus lourde, son personnage révolté étant rongé par la culpabilité suite au suicide de son frère. Ils sont entourés d’une galaxie de seconds rôles excellents (Rafe Spall, Melissa Leo).A noter que Brad Pitt, producteur du film ne fait qu’une grosse apparition tout au plus un second rôle ..mais il le fait bien!
Certes le film n’est pas exempts de défauts The Big Short est parfois un peu long (Ah! Ah!) mais il figure parmi les meilleurs sur le sujet.
Conclusion : Avec The Big Short Adam McKay s’attaque à un sujet grave et complexe et en tire un film résolument politique – une dénonciation cinglante et précise d’un système – qui parvient à rester toujours drôle et rythmé grâce à son casting de rêve mené par un grand Christian Bale,
Ma Note : A-
The Big Short : Le Casse du siècle d’Adam McKay (sortie le 23/12/2015)