Kong Skull Island (2017)

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Legendary Pictures retrouve Warner Bros. pour continuer à bâtir son univers partagé de monstres après le Godzilla de 2014,  c’est au tour de King Kong d’ être réintroduit avant une confrontation entre les deux créatures prévue en 2020. Comme pour Godzilla avec Gareth Edwards,  Legendary fait confiance pour conduire ce blockbuster à 180 millions de $  à un réalisateur qui n’a qu’un film à très petits budgets à son actif : Jordan Vogt Roberts.A t’il su relever le défi de revisiter une telle icone même doté d’un solide casting. La réponse est OH QUE OUI !

En 1973, alors que la Guerre du Vietnam touche à sa fin, nous suivons un groupe hétéroclite composé d’un scientifique aux théories étranges (John Goodman), d’un aventurier anglais ancien soldat (Tom Hiddleston), d’une photographe de guerre (Brie Larson), d’un géologue (Corey Hawkins), d’une biologiste (Jing Tian) et d’une unité héliportée de l’armée dirigée par Packard (Samuel L. Jackson). Leur mission officielle est d’explorer la mystérieuse Skull Island, l’un des derniers endroits inexplorés sur Terre. Cependant, à leur arrivée, ils se retrouvent face à Kong, un gorille géant qui s’avère être l’un des habitants les moins menaçants de l’île. Pour différencier Skull Island des autres adaptations de King Kong, le réalisateur Jordan Vogt-Roberts et ses scénaristes ont choisi de fusionner le film de monstres avec l’iconographie des films de guerre du Vietnam. Après une introduction se déroulant en 1944, évoquant « Duel dans le Pacifique » de John Boorman, les premières minutes du film présentent les protagonistes de manière dynamique, permettant au public de s’attacher à eux tout en plongeant dans une reconstitution soigneusement fétichiste des années 70, avec une attention particulière au grain de l’image, aux accessoires et aux incontournables standards musicaux de l’époque.

Jordan Vogt-Roberts adopte une approche résolument différente de celle de Gareth Edwards en ce qui concerne la gestion de ses créatures. Alors qu’Edwards ne révélait son monstre que par petites touches tout au long du film, jouant avec la frustration du spectateur, Skull Island met en avant sa vedette au bout d’une trentaine de minutes avec une séquence exaltante où Kong décime une escadre d’hélicoptères de combat. La version de Kong de 2017 conserve sa personnalité emblématique ; bien qu’il apparaisse plus sympathique comparé aux autres monstres de l’île et semble développer une affinité pour le personnage de Brie Larson, il n’hésitera pas à écraser quiconque le met en colère. Vogt-Roberts ne manque pas d’iconiser Kong à chaque occasion : chaque scène où il apparaît est captivante, que ce soit lorsqu’il grignote un calmar géant ou lorsqu’il affronte un monstre préhistorique vicieux, tout en protégeant Brie Larson, en écho au film de 1933. Les autres créatures peuplant l’île sont également révélées de manière similaire, chacune dans un cadre distinct.

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Le script de Max Borenstein (Godzilla ) épaulé par Dan Gilroy (Nightcrawler) est un véritable concentré de littérature pulp, mettant en scène des créatures et des héros qui semblent directement issus des illustrations des couvertures de Weird Tales. Le mélange de film de guerre et de monstres s’avère particulièrement efficace, maintenant l’intérêt du public même en l’absence des créatures. Le scénario parvient à maintenir un équilibre constant entre le premier degré nécessaire pour établir les enjeux du film d’aventure et un second degré parfaitement dosé, sans jamais être envahissant. Contrairement à certaines idées reçues, Skull Island n’est pas une préquelle et, bien qu’elle enrichisse la légende de Kong, elle n’est pas davantage une origin story. Les éléments de l’univers partagé en construction s’intègrent harmonieusement au film, sans perturber le flux narratif. De plus, les liens avec la mythologie développée dans le film d’Edwards viennent enrichir l’univers de Kong.

Vogt-Roberts dirige avec brio son prestigieux casting, où chaque acteur incarne un archétype. Tom Hiddleston représente le mystérieux aventurier, Brie Larson joue la photographe de guerre évoluant dans un milieu dominé par les hommes, et John Goodman incarne le savant fou. Samuel L. Jackson, quant à lui, endosse le rôle du chien de guerre charismatique, ne lâchant jamais ses troupes et se transformant en capitaine Ahab décidé à détruire Kong pour venger ses soldats. Il permet à chacun de pousser son jeu à fond dans un esprit de série sans jamais sombrer dans le ridicule, une approche d’autant plus pertinente que Samuel L. Jackson semble particulièrement investi dans son rôle. Le personnage de John C. Reilly, qui suscitait des inquiétudes dans la bande-annonce, apparaît finalement comme un pilote échoué pendant la Seconde Guerre mondiale ayant vécu paisiblement parmi des indigènes silencieux. Il se révèle être un personnage chaleureux et attachant.

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Jordan Vogt Roberts fait pleuvoir les « money-shot » iconiques et les moments de haute intensité avec l’enthousiasme d’un enfant lâché dans un magasin de friandises. Sa mise en scène dégage une vitalité réjouissante, le positionnant comme un réalisateur à surveiller de près. Ainsi une séquence mettant en scene Tom Hiddleston et un katana pourrait presque être ridicule si elle n’était pas si badass. Vogt-Roberts insuffle à son méga-blockbuster un esprit de série B, flirtant avec le bis italien, et réalisant les promesses souvent déçues des affiches racoleuses. Il bénéficie également d’un atout majeur avec Spiro Razatos, réalisateur de seconde équipe et coordinateur des cascades. Ce dernier, ayant commencé sa carrière sur des séries B des années 90 (comme Maniac Cop 1 & 2), a su livrer des scènes impressionnantes malgré des budgets limités. Aujourd’hui, il travaille sur des superproductions (les Fast and Furious depuis le 5, ainsi que les deux derniers Captain America) et excelle à rendre les scènes d’action brutales tout en conservant un film « tout public ». De plus, les créatures, grâce à l’illustre ILM, acquièrent une apparence presque malsaine, ajoutant une dimension horrifique au film. Visuellement, le film est grandiose grâce au directeur de la photographie Larry Fong (300, Watchmen, Super 8, BvS), dont la gestion des couleurs, dominées par des teintes oranges et verdâtres, crée une ambiance unique. Le score d’Henry Jackman (Kick-Ass, X-Men First Class) est énergique faute d’être mémorable.

Conclusion : PULP IS KING avec Kong Skull Island enfant mutant du film de monstres et du film de guerre du Viêt-Nam, un véritable rollecoaster qui doit être vu sur le plus grand écran possible. La mise en scene démente de Jordan Vogt Roberts impressionne et réalise les promesses jamais tenues par les affiches des bis italiens des années 80 et c’est un compliment! 

Ma note : A

Kong Skull Island de Jordan Vogt-Roberts (sortie le 08/03/2017)

La bande-annonce :

 

Un commentaire

  1. Je n’attendais rien de ce film mais il m’a quand même déçu. On y possède des qualités indéniables mais les défauts les étouffent beaucoup trop pour les apprécier pleinement. Dommage…

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