Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur [Critique] Street King (C)

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Guy Ritchie est un réalisateur controversé accusé souvent de privilégier la forme au fond, son style fait de montage sérré et d’hyper-ralenti étant souvent jugé vulgaire. Depuis quelques années avec son producteur et co-scénariste Lionel Wigram (qui a ses côté joue le rôle que tenait Matthew Vaughn dans sa période gangster cockney) il revisite à sa manière de grandes figures de la pop-culture : Sherlock Holmes, le super-espion Bondien avec Agents très spéciaux: Code U.N.C.L.E. et donc la légende du roi Arthur avec ce dernier film.

Alors que son marketing minimise cet aspect Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur se révèle être un pur film de fantasy comme le démontre sa scène d’ouverture massive qui dépeint le siège de Camelot par les armées du mage Mordred montées sur des éléphants de la taille de plusieurs immeubles après un carton nous informant que les hommes et les mages sont entrés en guerre suite à la trahison de ce dernier après avoir vécu en bonne intelligence durant des siècles . Le roi Uther Pendragon (Eric Bana) les met en déroute grâce au pouvoir que lui confère l’épée Excalibur. Mais sa victoire est de courte durée, trahi par son frère Vortigern (Jude Law) il est bientôt tué par un guerrier surnaturel, à qui Ritchie en bon fan donne l’aspect du « Death Dealer » la célèbre peinture du maître de la fantasy Frank Frazetta. Après qu’il ait pu mettre son jeune fils en sécurité sur une barque qui l’entraîne le long du fleuve « Moise style » jusqu’au Londres médiéval . On fait alors un bond de plusieurs années au moment où l’épée Excalibur resurgit plantée dans un rocher après que les eaux se soient mystérieusement retirées des douves du château de Camelot. L’usurpateur Vortigern, un Jude Law en mode vilain de série B, consulte une créature démoniaque au design particulièrement réussi, un kraken à tricéphale composé de femmes nues et de tentacules, qui l’informe que le roi légitime va bientôt revenir.370404.jpg-r_1280_720-f_jpg-q_x-xxyxx

De fait on rencontre le futur roi sous les traits d’ un jeune chef de bande qui règne avec ces acolytes aux surnoms imagés – Wet Stick (Kingsley Ben-Adir), Back Lack (Neil Maskell) ou George le chinois (Tom Wu) – sur les bas-fonds de ce Londinium anachronique (on y trouve même une école de Kung-Fu !) depuis la maison de Passe ou il a été élevé. Négociant avec des vikings ou les gardes du roi comme si il s’agissait de gangs rivaux et de la police, Ritchie filme cette partie à la manière de ses premiers films de gangsters (Snatch ou Arnaques Crime et botanique) répétant sa figure fétiche du récit accéléré avec des coupes rapides qui remontent parfois dans le temps afin de montrer une perspective différente d’un événement. La greffe entre gangsters londoniens et chevaliers en mode « lads » fonctionne plutôt bien et le design malin des costumes, composite entre tenues médiévales et des coupes plus modernes retranscrit visuellement ce mélange peu orthodoxe. Charlie Hunnam affûté et gouailleur, entouré de « gueules » compose un héros très convaincant.
Mais Arthur est rattrapé par son destin quand il est « raflé » comme tous les hommes de son âge pour tenter de retirer l’épée Excalibur de son rocher. Après avoir libéré l’épée assailli de visions de son père qu’il ne peut maîtriser il est capturé par son oncle qui souhaite l’exécuter en public pour asseoir son autorité. Il est sauvé in extremis par l’intervention d’anciens compagnons de son père : l’imposant mais cool Bedivere (Djimon Hounsou), Bill l’Archer (Aidan Gillen le Littlefinger de Game of Thrones) et une mystérieuse magicienne (Astrid Berges-Frisbey dont le casting initial en future reine Guenièvre atteste des reshoots extensifs qu’à subi le film). Ils vont le pousser malgré lui à devenir le héros légendaire qu’on connait à travers une séries d’épreuves qui seront familières aux spectateurs déjà exposé à la théorie du monomythe de Joseph Campbell -en gros ceux qui ont déjà vu un Star Wars – dont une visite dans une contrée peuplées d’animaux géants (rats, chauve souris) qui nous a rappelé les séries B anglaises des années 70 comme Le continent oublié ou Le sixième continent.

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Hélas le mélange improbable entre Snatch & Frazetta qui fonctionnait plutôt bien dans sa première heure peine à tenir la route faute d’un scénario abouti, malgré quelques concepts intéressants comme la vraie nature du rocher dans lequel est enchâssé Excalibur. Ritchie se voit contraint de meubler jusqu’à l’inévitable confrontation entre Arthur et Vortigern, le film s’étire alors entre de multiples redites de la phase du « refus de l’appel à l’aventure » assorties de visions redondantes et d’une révolte du bon peuple mal dégrossie qui tient plus de Robin des Bois que de la geste Arthurienne. Le duel final précédé d’une scène incongrue avec un serpent géant noyé dans des CGI médiocres n’offre pas le climax attendu. Dans un écosystème si compétitif où non seulement les blockbusters mais aussi les séries de télévision peuvent produire des séquences épiques on ne peut se permettre de conclure un grand film d’été par des effets spéciaux dignes d’une cinématique de jeux vidéos des années quatre vingt-dix. La série Game of Thrones, à qui le film emprunte deux de ses comédiens, fait beaucoup de mal au projet que voudrait être ce Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur réalisant de manière bien plus aboutie ce projet de fantasy adulte transgressive et spectaculaire. La conclusion du film qui ramène le roi Arthur chef de gang nous laisse malgré tout sur une note plaisante et nous fait regretter un film qui aurait gagné à nos yeux à être plus modeste et jouer beaucoup plus sur cet aspect.

Conclusion : Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur est un mix improbable entre Snatch & Frazetta qui fonctionne plutôt bien dans sa première heure mais peine hélas à tenir la route malgré un Charlie Hunnam affuté et gouailleur qui compose un héros convaincant.

Ma Note : C

Le Roi Arthur : La Légende d’Excalibur de Guy Ritchie (sortie le 17/05/2017)

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