es le triomphe du dernier volet endeuillé par le décès accidentel de Paul Walker la saga Fast & Furious entame un nouveau cycle mais après trois derniers volets gargantuesques y a t’il encore de l’essence dans le réservoir pour aller encore plus haut et plus fort ?
Dans un Los Angeles poisseux ville chimère qui dévore les âmes innocentes où le vice se cache autant derrière les luxueuses demeures Hollywoodienne que dans les motels miteux débarque un ténébreux étranger déterminé à rendre la justice. La première demi-heure de Message From The King avec ses archétypes de film-noir (une femme disparue, des policiers corrompus, des politiciens compromis) incarnés par des « gueules » de cinéma, son intrigue à la Chandler et son visuel granuleux nous laisse espérer un film dans la veine des films d’exploitation des années 70 . Pourtant à mesure que son intrigue « chandleresque »avance le revenge-movie du belge Fabrice Duweltz (Calvaire, Alléluia, Vinyan) se délite, Message From the King s’éloigne du neo-noir pour sombrer dans l’esthétique d’une production Europacorp. Pourtant les premières étapes de la quête de Jacob King (Chadwick Boseman) pour savoir comment la vie de Bianca a basculé maintiennent notre intérêt, chaque fois qu’il semble être dans une impasse un nouvel indice l’amène plus loin dans les cercles de l’enfer dans lequel sa sœur a sombré. Il découvre à quel point sont interconnectés les prédateurs qui exploitent ces âmes perdues dealers, mafieux, politiciens et leurs intermédiaires. Cependant si son intrigue progresse de manière logique le rythme que lui imprime Fabrice Du Welz est bien trop indolent pour lui donner l’élan nécessaire. Nombreuses sont les scènes qui ne semblent avoir qu’une fonction de remplissage , en particulier les conversations entre Jacob et sa voisine Kelly (Teresa Palmer) prostituée au cœur d’or mère célibataire d’une gamine. Ce personnage en plus d’être une caricature ambulante semble redondant avec celui plus intéressant de Trish (Natalie Martinez) amie de Bianca qui aurait pu remplir la même fonction avec plus d’ambiguïté.
Si le réalisateur, qui tient par ailleurs un discours très lucide sur le système hollywoodien et les films montés sur des packages d’agences artistiques, présente son film comme un « pulp filmé à hauteur d’hommes » il oublie les règles élémentaires du film d’exploitation. Alors que la promotion nous allèche avec la perspective du vigilante prêt à corriger la vermine à coup de chaîne de vélo il faut attendre bien trop longtemps pour la première scène de violence. La mise en scène de l’action est peut-être « à hauteur d’homme » elle est surtout ici incohérente et brouillonne privant la violence du coté à la fois brutal et malsain qui marque les meilleurs films du genre. A mi-parcours son script l’abandonne enchaîne les deus ex-machina (le camionneur qui sauve King de flics ripoux) avant un dénouement qui sent le remontage. En lieu et place d’une explosion de violence cathartique à la Rolling thunder c’est un climax de téléfilm qui conclue le film qu’une dernière séquence ingénieuse ne peut sauver. Reste l’interprétation, Chadwick Boseman livre une performance assurée avec le même charisme plein de sagesse que dans Civil War (pour le rédacteur de cette critique le film fonctionne bien mieux si on le voit comme une aventure de Black Panther) et si Alfred Molina (Spider-man 2) ne tire pas grand chose de son personnage de producteur pervers, Luke Evans (High-Rise, La Belle et la Bête) est parfait en «dentiste des stars» intermédiaire amoral et cupide entre le monde du crime et une élite pervertie.
Conclusion : Il y a sans doute une grande série B qui sommeille dans Message From the King (on se prend à rêver de ce qu’aurait pu en tirer un Michael Mann un temps courtisé par les producteurs) mais Fabrice Du Weltz n’a pas eu la capacité ou les moyens de la faire émerger au delà d’une première partie prometteuse. Dommage.
Ma Note : C