Baby Driver [Critique] Driver Jr. (B)

Trois ans après son départ du projet Ant-man chez Marvel et quatre ans aprés le dernier volet de sa trilogie Cornetto , Edgar Wright revient au volant de cette production Tri-Star inspirée par son amour de la musique et des heist-movie,  salué par la critique et le public – le film a fait le plus gros démarrage de sa carrière aux USA- retour sur B-A-B-Y Baby driver…

Même si il ne compte pas de séquences parler musicales à proprement parler , l’omniprésence de la musique et la place centrale qu’elle occupe dans son intrigue fait de Baby Driver une comédie musicale de l’ère du streaming où les séquences de braquages ou de poursuites se substituent aux numéros de danse et de chants des grands musicals.  Pour couvrir des acouphènes, conséquence de l’accident de voiture dans lequel il a perdu ses parents, Baby (Ansel Elgort) écoute sur une gamme d’I-pods  dont la couleur et le contenu  varient selon ses humeurs, une playlist qui couvre cinquante ans de pop-music . Il en utilise le tempo pour régler le timing de sa conduite, virtuose du volant ses dons sont exploités par le gangster Doc (Kevin Spacey) qui le force à conduire ses équipes lors de braquages depuis qu’il lui dérobé un véhicule. Le personnage Baby peut servir de  métaphore à cette « génération spotify » qui utilise la musique comme la bande-originale de sa propre vie, Wright va au bout du concept puisque la playlist de Baby et la bande-son du film se confondent. En retour  utilise les sons de sa propre vie pour créer des mixtapes et transformer sa vie en musique bouclant ainsi la boucle. Toutes les interactions émotionnelles de Baby se définissent d’ailleurs par rapport à la musique. Les personnages qui lui sont chers, son père adoptif (CJ Jones) ou la jeune serveuse de Diner  Debora (Lily James) dont il tombe amoureux ont la même sensibilité à la musique là ou ses antagonistes y sont indifférents ou hostiles.

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The gang’s all here : Baby (Ansel Elgort) , Bats (Jamie Foxx) , Darling (Eiza González) et Buddy (Jon Hamm)

Edgar Wright bâti son intrigue, simple mais solide,  sur une distillation des tropes du film de casse : alors qu’il pense pouvoir laisser derrière lui , sa dette payée à Doc , la vie de criminel et partir sur les routes avec Lily,  ce dernier le force à accepter le fameux « dernier job ». Quand celui-ci  ne se déroule pas aussi bien que prévu, Baby entre en conflit avec  ses « partenaires » particulièrement dangereux Bats (Jamie Foxx) et Buddy (Jon Hamm). Le genre ultra-codifié du film de casse avec ses archétypes forts se prête bien  à cette réinterprétation musicale, Edgar Wright cale ainsi le rythme de son film sur celui de sa bande-son comme  le fait Baby avec sa conduite, la virtuosité « chorégraphique » et la précision de sa mise en scène contribue à invoquer les esprits des grandes comédies musicales de l’age d’or. Comme dans ces classiques Baby Driver passe la réalité  au travers d’un prisme coloré, la photographie pop du génial Bill Pope (Matrix, Spider-man 2 et  collaborateur de Wright depuis Scott Pilgrim)  transfigure cet univers de neo-noir en comic-book sans perdre l’élément de réalité.

Le film , de part son attitude et l’ iconisation permanente de ses protagonistes est incontestablement cool même si c’est parfois de manière un peu ostentatoire, le braquage ouvrant le film aussi brillant soit-il , apparaît plus « clipesque » que cinématographique, heureusement dés la scène de débriefing (avec une participation de Jon Bernthal égal à lui-même donc efficace) , Baby Driver trouve sa vitesse de croisière et tous ses composants s’accordent . Les comédiens choisis pour incarner les braqueurs sont au diapason de son écriture et habitent avec talents leurs personnages :  le couple infernal composé de Darling (Eiza Gonzales) femme fatale à la gâchette facile et son mari  Buddy (Jon Hamm) (dont le nom de famille accolé au surnom est un clin d’œil à un cascadeur et réalisateur vieux complice de Clint Eastwood) braqueur tatoué évoque Bonnie & Clyde.  Wright exploite à merveille le  charme dangereux de la vedette de la série Mad Men  parvenant à évoquer ses fêlures héritées d’un passé dont on devine qu’elles  l’ont conduit dans cette voie destructrice. Si je ne suis pas un inconditionnel du comédien, Jamie Foxx , en phase avec l’esprit du film est excellent dans le rôle de Bats, criminel instable qui tire une grande fierté d’être le plus dingue de l’équipe. Bien dirigé, Foxx compose avec précision ce personnage de « wild card » défini en quelques traits, dosant ses effets, peut-être parce qu’il est aussi musicien, son phrasé colle parfaitement au tempo  du film.

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Boy meets Girl : Baby (ANSEL ELGORT) et Debora (LILY JAMES)

Si le remix de heist-movie est presque parfait un peu plus de mélancolie et de gravité auraient été bénéfiques à la romance contrariée entre Baby et Debora.  Edgar Wright aurait gagné à lever le pied sur le style et les idiosyncrasies pour laisser entrer un peu plus d’authenticité. Si Ansel Elgort, sait danser, chanter en playback et échapper à la police comme personne il est moins à l’aise quand le script lui demande d’être un peu plus sérieux, l’attitude est là moins le charisme. Le personnage de Lily James est plus un objectif  pour le héros qu’un personnage de chair et de sang, même si l’actrice la rend charmante au possible.

Le film pêche enfin dans son dernier acte, moins organique et beaucoup moins rigoureux dans l’écriture (le traitement d’un des personnages est étonnamment bâclé). Wright, comme saisi par la peur du vide, verse à nouveau dans un trop plein de style  ces séquences  certes énergiques mais confuses et convenues empêchent Baby Driver d’atteindre l’épure de ses modèles.

Conclusion :  Baby Driver est une « crimédie musicale » à la virtuosité pop, indubitablement cool portée par un casting trois étoiles auquel manque un peu de gravité pour prétendre au niveau de ses illustres modèles.

Ma Note : B

Baby Driver d’Edgar Wright (sortie le 19/07/2017)

 

 

 

 

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