SKYSCRAPER [Critique] Die Mou

 

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Une publicité pour le fromage Port-Salut avait pour slogan « Le Port-Salut, c’est écrit dessus ». Depuis, l’expression « C’est comme le Port-Salut, c’est écrit dessus » est passée dans le langage courant. De ce point de vue on peut dire de Skyscraper qu’il est un film « Port-salut » un regard sur l’affiche suffit pour savoir à quoi s’attendre The Rock suspendu dans le vide depuis une tour en feu…Mais est-ce encore suffisant ?

Star du catch dans les années 90 Dwayne « the Rock » Johnson a su bâtir une solide carrière cinématographique débutant par une apparition dans le Retour de Momie  puis des séries B produites par ses anciens promoteurs avec des détours par la comédie pour enfants ou une tentative de cinéma indépendant dans le Soutland Tales de Richard Kelly . C’est sa participation à Fast Five qui dynamite la franchise et lance une seconde partie de carrière qui le voit se débarrasser de son étiquette de The Rock pour entamer une ascension qui va le conduire à  devenir l’acteur le mieux payé Hollywood. Très présent sur les réseaux sociaux il bâti une personnalité « à 360° » à la fois badass mais bienveillante aussi à l’aise dans la comédie que dans l’action, dans le film familial ou le Rated R grivois . Avec son associée Dany Garcia  il est désormais à l’origine de projets sur mesure souvent sous la direction des mêmes techniciens devenus spécialistes du Dwayne Johnson movie comme Brad Peyton (récemment Rampage)et plus étonnant Rawson Marshall Thurber auteur du très drôle Dodgeball qui a rejoint son écurie avec Central Intelligence. Skyscraper  grosse coproduction avec la Chine est le projet le plus important production de sa société , rare film « original » – on reviendra sur cette appellation discutable- dans un été très compétitif peuplés de suites et de franchises.

skyscraper-2-cinemadroideSi il se veut l’héritier des grands films d’action des années 80 et des films catastrophes des années 70 dans le discours promotionnel  Skyscraper n’est hélas qu’un avatar anachronique des sous Die-Hard qui pullulaient dans les années 90 et du revival des films catastrophes noyés de CGI de la même décennie. On reconnaîtra la structure du chef d’œuvre de John McTiernan  agrémenté de quelques figures narratives qui appartiennent désormais au domaine de la parodie comme le trauma qui hante notre héros qui resurgira opportunément  pour lui permettre de l’exorciser enfin (comme dans un film des ZAZ !). Le scénario signé du réalisateur applique le principe des « set-up et payoffs » de façon si mécanique qu’il en retire le plaisir chez le spectateur qui devinera la nature des scènes que Thurber va aligner des les premières minutes du film. On devine  au premier coup d’œil les traîtres et les tueurs tant ils sont ici stéréotypés. Le film enchaîne  les cliffhangers (littéralement puisque Johnson est suspendu dans le vide une bonne partie du métrage) improbables pour ne pas dire impossibles exonérant son héros des lois de la physique et de la physiologie de manière encore plus laxiste que dans les films de super-héros. Certes le rythme est alerte, l’action nourrie et on ne s’ennuie évidemment pas mais on est dans un produit si calibré qu’il en devient inconséquent.

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Même l’implication de Johnson ne suffit plus à nous investir dans le sort de  ce héros père de famille , mari, ami et  athlète idéal tant il est  générique et sous-écrit. Il est louable de vouloir se démarquer des univers fantastiques des films  adaptés de  comic-book  mais encore faut-il éviter une utilisation omniprésente d’effets numériques pour visualiser l’immeuble hi-tech du film, les ravages des flammes qui prive Skyscraper d’une dimension tactile indispensable. Sans doute eut-il été préférable de suivre la démarche de la franchise  Mission Impossible avec ses cascades « live » qui fait qu’on  tremble bien plus pour un Tom Cruise accroché au Burj Khalifa qu’aux acrobaties d’un Dwayne Johnson indestructible se balançant devant des fonds verts dans des environnements numériques. Même la photographie du grand Robert Elswit pourtant  à l’œuvre justement sur les deux derniers Mission Impossible est méconnaissable.  Skyscraper  se suit néanmoins sans ennui mais sans passion tant on est là en présence d’un produit calibré. L’humour du film provient si souvent du  premier degré extreme des situations  qu’on fini par se demander si il est vraiment intentionnel (contrairement à un Rampage et un Jumanji). Parmi les quelques bonnes idées du film on notera la volonté de donner un rôle important à  une femme dans la quarantaine qui reste proactive et pas seulement une damsel in distress , role dans lequel on a plaisir à retrouver Neve Campbell l’héroïne de Scream. Autre  bonne idée , avoir fait du personnage de Johnson un handicapé, d »une part car cette situation est à l’origine des moments les plus originaux et drôles du film mais donne aussi une représentation positive du handicap. J’avoue avoir apprécié une séquence qui rend à la fois un hommage hi-tech à une scène mémorable d’Operation Dragon mais aussi à une séquence du Total Recall de Paul Verhoeven avec Arnold Schwartzenegger. Si le titan samoan a pris à bien des égards le chêne autrichien comme modèle il devrait aussi s’inspirer de ses choix de carrière  des années 80. Johnson  n’a encore pas trouvé son James Cameron ou son Predator et ce n’est sans doute pas en multipliant les projets sans risques  mis en scène par ses yes-men maison  comme ce si générique Skyscraper  qu’il y parviendra.

Conclusion : 

Distrayant mais générique Skyscraper se veut l’héritier des grands classiques de l’action des années 80 mais n’est qu’un avatar des sous Die-Hard qui pullulaient dans les années 90.  Il est  temps pour Dwayne Johnson de renouveler la formule de ses films dont la formule semble avoir atteint ici ses limites.

Ma Note : C

Skyscraper de Rawson Marshall Thurber (sortie le 11/07/2015)

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