
Galveston faux-road movie – rapidement l’action se fixe dans un motel de la ville côtière du Texas – se retrouve être une histoire d’amour qui n’en est pas une, entre deux âmes perdues dont la vie semble déjà prématurément finie et qui vont chercher brièvement à s’apporter du réconfort. Si l’entente entre les deux comédiens fonctionne, leurs personnages très stéréotypées, le script aurait sans doute mérité d’introduire un peu d’originalité dans leurs relations. Le jeu d’ Elle Fanning trop dans la performance avec ces crises de larmes renvoie à un cinéma européen plus auteurisant qui pourra agacer. Ben Foster a une longue carrière derrière lui entre films de franchise (X-Men. L’affrontement final, Warcraft) et séries B (Le Flingueur) mais il a acquis avec la maturité une épaisseur qui lui permet de dépasser, , même si il incarne toujours des personnages borderlines, son image de chien fou. Il fait parfaitement ressentir les tourments intérieurs de son personnage et ses regrets à l’aube de ce qu’il pense être ses derniers jours. La scene où Roy tente maladroitement de se réconcilier avec une ex (Adepero Oduye) est particulièrement réussie .

Après le triomphe de la première saison de True Detective son auteur Nic Pizzolato est devenu la coqueluche d’Hollywood et les droits de son roman Galveston (écrit avant la série) furent rapidement achetés en vue d’une adaptation cinématographique. Adaptation qui s’enlisa après la diffusion de la saison 2 de la série beaucoup moins bien accueillie (nous l’aimons beaucoup ici aux chroniques). Le projet se concrétise finalement écrans repris de manière plus inattendue par l’actrice-réalisatrice française Mélanie Laurent (dont c’est le cinquième film) qui en signe la mise en scene mais aussi l’adaptation. Le choix de la parisienne peut paraître un choix étrange pour un film noir se déroulant dans la moiteur du sud écrit par un romancier originaire de Louisiane mais Laurent suit la feuille de route du roman de Pizzolatto avec des décors et une ambiance poisseuses qui évoqueront les comparaisons avec ceux de la première saison de True Detective d’autant que la réalisatrice tente également un grand plan séquence à un moment crucial de son film. Malgré tout de nombreuses scènes de ce road-movie qui réunit un criminel malade traqué par son ancien patron et une jeune prostituée évoquent un cinéma plus européen. Le film s’ouvre sur un plan énigmatique d’un appartement battu par les vents d’une tempête avant de couper brusquement nous amenant dans le cabinet d’un médecin qui apprend à Roy Cady (Ben Foster) qu’il est sans doute atteint d’un cancer des poumons.. Sa journée ne fait qu’empirer quand il se rend compte que sa petite amie le trompe avec ouvertement avec son patron Stan (Beau Bridges). Ce dernier lui demande d’aller intimider , sans armes, un de ses débiteur , mais il s’agit d’un traquenard dont il s’échappe de peu. Après avoir abattu, Roy remarque une jeune femme Raquel Arceneaux (Elle Fanning) attachée à une chaise couverte de sang , détenue dans la maison, il la libère et l’emmène avec lui. Raquel lui demande de s’arrêter quelque part avant de quitter la ville et en ramène une enfant de trois ans qu’elle présente comme sa sœur. Le trio se retrouve bientôt dans un motel à Galveston alors que Roy doit essayer de trouver un moyen de les garder en vie.

Malgré le rythme languissant qui saisi Galveston passé son introduction Mélanie Laurent parvient à installer une vraie atmosphere qui si on la capte permet de traverser ses moments les plus traînants. Le travail de son directeur de la photographie Arnaud Potier (Les Cowboys) rend magnifiquement à la fois l’atmosphère élégiaque de scènes ensoleillées où le trio profite de quelques instants de répits sur la plage et l’ambiance poisseuse de film noir. L’attention portée aux décors comme le « bureau » de Roy à l’arrière salle d’une blanchisserie industrielle qu’on devine infestée d’amiante et dont les vapeurs chimiques ont du infester les poumons de Roy ou les chambres miteuses du motel y contribuent énormément .C’est une surprise de voir alors que ses trois précédents films étaient des drames purement français, l’aisance avec laquelle Mélanie Laurent filme les éléments qui relèvent du film noir et les moments de violence et de cruauté dont le fameux plan-séquence. Les scènes de fin utilisant une procédé narratif typique de l’auteur de True Detective sont très émouvantes et même si elle ne se raccorde pas de manière totalement harmonieuse avec le reste du métrage le concluent sur une belle note.