A star is Born est la quatriéme itération de cette histoire inspirée à l’origine du destin de John Barrymore (grand père de Drew dont la carriere fut brisée par l’alcoolisme), le film devait être mis en scène par Clint Eastwood avec en vedette Beyonce et Bradley Cooper. C’est finalement ce dernier qui reprend le projet à la fois devant et derrière la caméra pour son premier film en tant que réalisateur avec à ses cotés StefanieGermanotta plus connue sous le nom de LadyGaga qui fait ici ses débuts à l’écran.
La première heure du film ne trahit à aucun moment le fait que A Star is Born marque les débuts de Cooper dans la mise en scène, le naturel de Lady Gaga , le jeu hanté de Cooper, l’émotion palpable de leur entente amoureuse et artistique filmée au plus prés , le caractère immersif des scènes de concert que renforce les interprétations live du duo et des titres mémorables parfaitement crédibles en tant que tubes. La réalisation de Cooper adopte le style naturaliste du cinéma des années 70, il cadre ses protagonistes au plus près pour nous amener dans leur intimité et faire partager leur espace et leurs émotions. Mais cette proximité de la caméra enferme aussi le public avec le couple quand sa relation se désagrège. Le travail de MatthewLibatique , le directeur de la photographie attitré de DarrenAronowski, un des plus talentueux et versatile en activité aussi à l’aise dans le blockbuster (les deux premiers Iron-Man et Venom) que chez Spike Lee est éblouissant que ce soit pour éclairer les highways baignées de soleil , les bars interlopes ou le visages des amants. Si la «star» du titre est évidemment Lady Gaga dont les débuts de comédiennes sont étonnants de spontanéité , Bradley Cooper joue peut-être ici son meilleur rôle avec Jackson Maine rock-star fatiguée qui rempli encore des stades mais ne trouve plus de joie à chanter mécaniquement ses standards, se précipitant dés le spectacle terminé dans sa voiture avec chauffeur pour être seul avec la bouteille qui l’attend … Sa rencontre avec Ally va être un espoir d’échapper à ses démons mais la tragédie du film réside dans le fait que la naissance de cet espoir et l’ascension d’Ally vont précipiter sa fin. Cooper la voix grave , cramé par le soleil des festivals et l’alcool, détruit de l’intérieur par une vie de traumatismes (la mort de sa mère, la dépendance de son père et l’acouphène débilitant qui détruit lentement son audition) est impressionnant (une des performances les plus réussie d’un acteur qui se dirige lui-même) . Si évidemment la relation entre Ally et Jackson est au centre du film c’est celle entre les personnages de Cooper et de Sam Elliott, que j’ai toujours apprécié mais qui est exceptionnel ici, qui m’a le plus bouleversé. Toute leurs scènes ensemble sont puissantes et la conclusion de leur arche narrative bien plus satisfaisante.
La seconde partie du métrage consacrée à l’ascension d’Ally et la déchéance finale de Jackson perd du souffle et de l’énergie du début , sans doute parce qu’il refuse le spectaculaire et veut jouer la carte du naturalisme Bradley Cooper laisse s’installer un faux-rythme. Cette seconde partie manque des points forts de la première, la séparation physique des deux amants nous prive de la complicité des deux comédiens , l’intrusion de séquences modernes comme la cérémonie des Grammys ou la performance au Saturday Night Live , qui sont loin d’avoir la puissance des séquences de concert, fait perdre au film de sa nature intemporelle. Sans doute parce qu’elle retrouve son élément naturel, le jeu de Lady Gaga perd de sa spontanéité, sa personnalité publique dévorant celle d’ Ally. Le scénario a du mal à concilier le naturalisme voulu par Cooper et la mécanique du mélodrame, le personnage de Rez (Rafi Gavron) le manager d’Ally apparaît comme un félon caricatural qui dénote parmi les autres protagonistes et l’ événement qui précipite la fin tragique de Jackson apparaît bien peu crédible en regard des relations entre les personnages et tient plus d’une obligation que d’un aboutissement naturel.
Conclusion : En dépit d’une seconde partie moins convaincante que son premier acte tonitruant A Star Is Born marque les débuts plus que prometteurs de Bradley Cooper comme réalisateur et de Lady Gaga comme actrice avec l’authenticité de leur démarche pour point commun .
Ma Note : B+
A Star is Born de Bradley Cooper (sortie le 03/10/2018)