Mon objectif n’est pas de déterminer quels sont les meilleurs films de l’année, car il n’existe pas de critère universel pour le faire. Je m’efforce de me libérer des biais qui peuvent fausser ce genre d’exercice : sélectionner des films pour se construire une image , se laisser influencer par la renommée des réalisateurs ou réagir en fonction des opinions d’autrui. Je souhaite plutôt partager les films vus cette année classés selon deux critères, totalement subjectifs : le plaisir ressenti devant l’écran et le souvenir qui demeure après leur vision.

NUMBER ONE – OPPENHEIMER – Christopher Nolan

Sans surprise mon film de l’année n’est autre que le dernier chef-d’œuvre de mon réalisateur favori depuis 20 ans. Après le semi-échec de Tenet, qui avait pourtant tout pour me plaire, je n’étais pas très emballé par l’idée d’un biopic de trois heures sur un physicien. Mais le monumental Oppenheimer m’a bluffé, à la fois grandiose et intimiste, complexe et épuré, traditionnel et novateur, visuellement renversant. Christopher Nolan y fusionne toutes les thématiques de son cinéma et y déploie tout son savoir-faire acquis depuis 25 ans aidé par une troupe de comédiens tous formidables. Il transforme ce portrait bavard du père de la bombe A en un thriller palpitant, digne des plus grands. On peut ne pas aimer le cinéma de Nolan, mais après Oppenheimer, il est difficile de ne pas le considérer comme le plus grand réalisateur du siècle naissant.

2- BABYLON – Damien Chazelle

Babylon, le dernier film de Damien Chazelle, a été un flop monumental au box-office américain et a essuyé des critiques acerbes. Il a ainsi rejoint le club des grands ratages de génies du cinéma américain, comme « Coup de Cœur » de Francis Ford Coppola, « 1941 » de Steven Spielberg, « New York, New York » de Martin Scorsese ou « Le Bûcher des Vanités » de Brian DePalma. Mais malgré ses imperfections, Babylon est un film foisonnant, aussi excessif que ses protagonistes, qui déraille avec panache. Je l’ai vu en début d’année et il n’a jamais quitté ma mémoire.

3- GUARDIANS OF THE GALAXY Vol. 3 – James Gunn 

Marvel Studios connait à la grande joie de ses détracteurs connait depuis la fin de la pandémie une véritable crise d »identité. La fin de la trilogie des Gardiens de la galaxie Volume 3 sonne donc la fin d’une époque pour le studio plus encore qu’Avengers Endgame. James Gunn fait ses adieux au MCU avec un film qui mêle avec brio humour, action et émotion, tout en offrant une richesse visuelle et thématique. Un bouquet final qui comble les attentes.

4- THEY CLONED TYRONE – Juel Taylor

Noyé au milieu des sorties Netflix They Cloned Tyrone est une des belles surprises de l’année. Le premier film de Juel Taylor (co-scénariste de Creed II) combine avec intelligence, humour et style science fiction, comédie, thriller conspirationniste et hommage à la Blaxploitation. Il offre aussi une réflexion politique pertinente sur la situation des “ghettos” américains, leurs habitants et leur rôle dans la société américaine. Le trio d’acteurs Jamie Foxx – Teyonah Parris et John Boyega brille par son charisme et sa complicité. Si la parenté avec le travail de Jordan Peele est évidente Juel Taylor est un nom à suivre.

5- DUNGEONS & DRAGONS HONOR AMONG THIEVES – John Francis Daley, Jonathan Goldstein

Donjons et Dragons : L’Honneur des voleurs est un superbe spectacle de fantasy, qui mêle un humour à la Monty Python, des personnages (et des acteurs de talent), de l’aventure et des créatures fantastiques. Le film séduit par sa bonne humeur, son envie de divertir et fait ainsi oublier qu’il s’inspire d’une marque célèbre. C’est l’un des meilleurs « films d’IP » que l’on ait vu depuis longtemps.

6- KILLERS OF THE FLOWER MOON – Martin Scorsese

Malgré mon scepticisme face à certains choix de jeu de Leonardo DiCaprio, Killers of the Flowers Moon a su gagner mon admiration. Son ambiance sombre et mélancolique, sa peinture d’un génocide intime et glacial, et sa présence du mal qui infuse chaque scène m’ont captivé. Le film se distingue du livre dont il est tiré, qui adoptait le regard des enquêteurs, en se plaçant du côté des criminels, ce qui lui confère une complexité troublante. Scorsese offre ainsi à Robert De Niro un nouveau rôle magistral, celui d’un être à la perfidie sournoise qui paraît effroyablement naturel.”

7- MISSION : IMPOSSIBLE DEAD RECKONING Part one – Christopher McQuarrie

Dead Reckoning Partie 1 ne brille pas parmi les opus de la saga Mission Impossible, c’est peut-être le moins bon depuis celui de John Woo, mais c’est tout de même un blockbuster estival renversant et élégant qui témoigne du talent de Christopher McQuarrie et de la solidité de la franchise confortant sa place parmi les meilleures sagas cinématographiques de tous les temps.

8- VINCENT DOIT MOURIR- Stéphan Castang

Après avoir délaissé le cinéma fantastique français pendant des années, j’ai été ravi de découvrir les réussites du Règne Animal et de Vincent Doit Mourir. Ces deux films font honneur au genre, sans le traiter avec mépris ni manquer de rigueur ou de moyens, comme tant d’autres tentatives maladroites auparavant. Si j’ai apprécié le premier, c’est le second, signé Stéphan Castang, qui m’a le plus impressionné. Ce survival fantastique anxiogène assume son high-concept jusqu’au bout et déploie son univers en suivant les traces de ses inspirations (Romero, Carpenter) vers une apocalypse imminente, tout en y ajoutant une touche de réalisme poétique typiquement française.

9- KNOCK AT THE CABIN – M. NIGHT SHYAMALAN

Knock at the Cabin est un thriller anxiogéne qui débute comme une home invasion pour se métamorphoser en une énigme plus singulière et plus touchante. Elle permet au réalisateur de Sixième Sens de nous interroger sur sa question fétiche : « En quoi croyez-vous ? ». Les croyances, un fil rouge qui traverse toute son œuvre (croire aux fantômes, à son père super-héros, aux extra-terrestres, aux êtres féeriques ou à un village isolé menacé par des monstres), leur influence sur nos choix, nos erreurs ou nos épanouissements, et la façon dont le scepticisme est aussi une forme de foi. M. Night Shyamalan fait preuve d’une conviction absolue dans le récit qu’il nous propose et le conduit vers un dénouement qui s’impose comme une évidence. Un nouveau succès dans une seconde partie de carrière remarquable.

10– EXTRACTION II – Sam Hargrave 

Le premier EXTRACTION Sam Hargrave coordinateur d’action passé à la réalisation sur les traces des réalisateurs de John Wick avait été en pleine pandémie une excellente surprise. Mais on pouvait craindre que cet esprit de surprise se dissipe avec une suite. Pourtant EXTRACTIION est un thriller haletant qui ressemble à une véritable superproduction hollywoodienne et parvient à surenchérir sur son impressionnant prédécesseur sans se perdre. Chris Hemsworth avec charisme reprend le flambeau d’Arnold et Sly dans le registre « one man army« . Les réussites dans le domaine de l’action pure sont suffisamment rare pour être soulignée.

Mon classement complet de tous les films vus cette année :