Lone Ranger – Ils étaient une fois à l’ouest …[Critique]

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Le quatuor (bon ils sont 5!) Verbinski-Depp-Rossio/Elliott-Bruckheimer tente d’appliquer la recette  qui fit de Pirates des Caraibes un carton mondial en 2003 au bon vieux western. Si le train siffle trois fois la foudre du succès peut elle s’abattre deux fois.c’est compliqué… Pour les fans les plus âgés qui jouèrent aux cow-boys et aux indiens avant de jouer aux Jedis, c’est toujours un plaisir de voir un western !
L’amour du genre est visible chez lez créateurs de Lone Ranger qui multiplient les citations et hommages aux classiques.

La narration par un personnage très âgé renvoie à Little Big Man,  la chevauchée dans Monument Valley bien sur paie son tribut à John Ford et l’attaque de la ferme cite le « Il était une fois dans l’ouest » de Leone. La musique d’Hans Zimmer participe à ces hommages citant abondemment  l’oeuvre d’Ennio  Morricone. Techniquement le film bénéficie du top de l’artisanat hollywoodien en particulier  la photo de Bojan Bazelli qui sublime les décors naturels du grand ouest. Armie Hammer se sort très bien d’un rôle plutôt difficile puisqu’en fait essentiellement comique.Il apporte une honnêteté au personnage qui l’empêche de tomber dans le ridicule malheureusement le script ne lui donne jamais l’occasion de montrer plus. Son duo avec Johnny Depp même si on ne sent pas vraiment de complicité entre les comédiens fonctionne  bien.

LRTONTO
Tu es payé combien toi sur le film ?

Johnny Depp justement vedette du film , son Tonto est un personnage certes familier de l’acteur un « outsider » décalé un peu étrange mais il faut le chercher plus du coté de Edward ou Barnabas Collins que de Jack Sparrow ou Ed Wood. L’aspect le plus intéressant de sa composition est son coté Buster Keaton  flagrant dans les scènes d’action. Gore Verbinski qui vient de l’animation  a toujours eu le gout du slapstick dés son premier film la Souris ,on le retrouve  dans ses Pirates des Caraïbes et de manière encore plus flagrante dans les scenes de  train du film.Elles  lui donnent l’occasion de grandes scènes entre cartoon et les film muet ou sa mise en scène se montre la plus efficace. Le choix de la musique qui illustre la scène finale renforce cette impression, on s’attend presque à voir passer le film à 16 images par secondes et au noir et blanc !

Mais Lone Ranger a deux problèmes majeurs , un problème de ton et de rythme. A quel public le film s’adresse t’il ? Est une aventure épique dans l’ouest pleine d’action pour les adolescents et les adultes ou un film burlesque et cartoonesque à destination des enfants ? Faute de faire leur choix l’équipe Bruckheimer-Verbinski-Depp accouche d’un produit composite qui n’est satisfaisant pour aucun des publics visés. Illustration exemplaire pourquoi cette scène ou  le personnage de William Fichter dévore le cœur d’une de ses victimes devant le frère de celle-ci ? (oui c’est bien un film Walt Disney Pictures !).

Un méchant qui a de l'appetit.
Un méchant qui a de l’appétit.

De même pourquoi ce duo d’acolytes censé évoquer la paire de pirates  Pintel et Ragetti  de « Pirates des Caraibes »,  sont ils à la fois ridicules mais aussi des meurtriers psychopathes déviants assez terrifiants (un d’entre eux est un serial killer travesti!) ? Pourquoi faire se succéder sans transition des charges épiques et tragiques comme celle des Comanches avec une poursuite cartoonesque sur fond de la musique de l’ouverture de Guillaume Tell de Rossini ? L’humour  du film passe de gags pipi-caca à des allusions au viol homosexuel. Pourquoi introduire un élément  fantastique pour l’écarter définitivement par la suite?

[Note : on sait que la première mouture jugée trop chère reprenait le concept Pirates des Caraïbes à savoir un vieux genre relevé par une dose de fantastique à effets spéciaux.Le Lone Ranger utilisant des balles en argent le choix fut fait d’utiliser des Loup-Garous dans le film.Le devis jugé trop cher par Disney l’aspect fantastique a été expurgé .Le budget du film rattrapera de toute façon le devis initial.]

Enfin le marketing du film nous vend la naissance d’un héros pourtant jamais le personnage du Lone Ranger ne se révèle en tant que héros il reste toujours ce grand naïf maladroit et toute velléité d’embrasser la mythologie du personnage est tournée en dérision.Deuxième gros problème le film est très long 2 heures et demi mais surtout très lent. Certes il y a une volonté de renouer avec l’ampleur des grands westerns classiques mais on est aussi face à un spectacle d’été et jamais le film ne parvient à générer de l’enthousiasme.

Et toi il t'ont filé beaucoup de blé?
Et toi il t’ont filé beaucoup de blé?

Les morceaux de bravoure se déroulant autour du chemin de fer et de trains, les personnages semblent tourner autour des rails leurs péripéties relèvent plus du remplissage que d’une intrigue travaillée. On rajoutera un méchant vu mille fois dans ce type de film et joué par Tom Wilkinson qui a du l’interpréter 900 fois sur les mille! Ce défaut  touche l’ensemble des seconds rôles du film de William Fichtner à Helena Bonham Carter qui semblent peu impliqués.Seule Ruth Wilson apparaît concernée mais du coup semble jouer dans un autre film! Terminer un blockbuster par un final sur une musique pompière n’est pas non plus la meilleure des options.

Conclusion : Lone Ranger est un film patchwork qui n’a pas su dépasser sa genèse compliquée et faute d’une unicité de ton, ne parvient jamais à décoller.

Ma Note : C

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