Un script écrit par Cormac MacCarthy le romancier auteur de La route et No country for Old Men réalisé par Ridley Scott (Alien, blade Runner) avec un casting très prestigieux (et à la mode) The Counselor (Cartel en VF) était attendu par les cinéphiles. Le verdict est assez contrasté…
Je ne suis pas fan du film des Coens adapté de McCarthy mais force est de constater que leur adaptation était fidèle tant on retrouve les ingrédients de leur film dans ce scénario « original » du romancier La encore la cupidité (matérialisée ici par une cargaison de drogue en lieu et place d’argent de la drogue) va perdre un personnage qui se retrouve plongé dans un monde qui n’est pas le sien qui finira par le dévorer.La mort inéluctable incarné par Javier Bardem chez les Coens prend ici des visages protéiformes.
Ridley Scott n’est pas le cinéaste de la subtilité et du symbolisme il est un peu perdu ici sans un scénario concret avec cette histoire qui se résume à une série de conversations ou les différents protagonistes digressent longuement sur le sexe , la mort,les femmes ponctuées de mort violentes qui les rattrapent un à un .Le film tente de suggérer à travers ses dialogues alambiqués (parfois les mêmes idées se répètent dans la même conversation) qu’une partie plus complexe se joue mais l’intrigue s’avère en fait très linéaire.
Scotte se replie alors sur son style ‘pub pour parfum’ qui voit les personnages déambuler dans des décors somptueux mais froidement cliniques vêtus de costumes de grands couturiers.Le contraste entre le Mexique du défunt Tony Scott dans « Man On fire » et celui de Ridley est saisissant.Le film baigne en revanche dans une atmosphère funèbre et nihiliste bien certes héritées de Mc Carthy mais dont on sent que le décès quelques jours avant le début du tournage de son frère a énormément pesé sur la vision de Sir Ridley.
Le film est assez bavard les personnages dessinés de façon assez sommaire obligent le casting cinq étoiles à se reposer sur ses gimmicks.Ainsi le personnage incarné par Michael Fassbender n’est jamais nommé et bien qu’il occupe le rôle titre reste le moins développé du film.On éprouve finalement assez peu d’empathie pour lui , sa descente aux enfers peine à nous impliquer. Fassbender essaie tant bien que mal de l’animer mais ses typiques sourires carnassiers sont assez peu adapté à ce personnage dépassé par la situation.Son épouse incarnée par Pénélope Cruz est un personnage générique auquel l’actrice espagnole ne parvient pas plus à donner d’épaisseur sauf dans la très sexy scène d’ouverture ,nous rendant indifférent à son funeste destin.
Avec des personnages guère plus écrits ou complexes mais qui ont l’avantage d’être haut en couleurs Javier Bardem (qui arbore la coupe de cheveux du producteur Brian Grazer), Brad Pitt en intermédiaire revenu de tout et Cameron Diaz s’en sortent mieux même si Pitt et Bardem recycle un jeu qu’on a vu ailleurs. Diaz elle est surprenante laissant de coté la blonde solaire et souriante pour incarner une femme fatale fascinée par les félins dont le visage remodelé par la chirurgie et les tatouages donnent littéralement l’aspect d’une panthere.Le clou de sa performance se trouve dans une scène ou elle « baise une Ferrari » sous les yeux incrédules de Bardem à la fois drôle et malsaine.

Mais le film est loin d’être la catastrophe que certains annoncent, j’ai aimé le traitement des différents tueurs qui parsème le film comme de véritables ouvriers de la mort, le coté nihiliste,la photo de Darius Wolski et surtout une scène choc dont Scott a le secret dans la veine des accouchements d’ Alien et Prometheus. Graphique et violente même si un peu téléphonée elle est terriblement efficace Scott ne détournant pas la camera à des moments extrêmes.