Cinemadroide’s Hall of Fame : Tony Scott (1944-2012)

BTS: TONY SCOTT © TOUCHSTONE PICTURES AND JERRY BRUCKHEIMER, INC., ALL RIGHTS RESERVED

Il est midi ce 19 août 2012 sous le soleil de Californie qui illumine le pont de Vincent Thomas Bridge à San Pedro, une Prius s’arrête , un homme en sort l’air déterminé, il enjambe la barrière devant quelques passants étonnés et entreprend de monter de quelques mètres le long des câbles de suspension. Il semble réfléchir, puis se jette dans l’océan soixante mètres plus bas…vers la mort. Stupeur, dans une mise en scène qui ne dépareillerait pas dans un de ses films, Tony Scott vient de mettre fin à ses jours. Connaîtrons-nous un jour ses motivations ? (on sait depuis qu’il était atteint d’un cancer)  Peu importe le cinéma US, sous le choc vient de perdre un de ses plus grands réalisateurs.

C’est Ridley Scott, son aîné de 6 ans qui le détourne de sa carrière de documentariste pour venir travailler à ses cotés dans sa société de films publicitaires. Après un premier film de vampires « Les Prédateurs » (The Hunger) avec David Bowie et Catherine Deneuve, remarqué en Europe mais échec aux Etats-Unis  son destin se joue en 1985 quand  ayant remarqué une de ces publicités pour SAAB où une voiture fait la course avec un jet, les producteurs Don Simpson et Jerry Bruckheimer le sélectionne pour réaliser un film autour de l’aéronavale Top Gun.
Le film est un triomphe, satellise la carrière de Tom Cruise et impose une esthétique qui deviendra le style maison des productions Bruckheimer et par extension celui de la grande majorité des blockbusters d’action jusqu’à nos jours. C’est dire l’influence du bonhomme!
Il collabore deux fois encore avec l’écurie Bruckheimer, pour Beverly Hills Cop 2 » et Days of Thunder dont l’échec commercial qui suit celui du thriller Revenge avec Kevin Costner l’amène à essayer de rebondir auprès de l’autre roi des producteurs d’action Joel Silver. Ce dernier lui confie la réalisation du deuxième script du scénariste vedette de l’Arme Fatale Shane Black avec Bruce Willis (au sommet de sa gloire)  en vedette. La collaboration entre ses fortes tètes se passe mal et le film connait un succès limité, pourtant c’est aujourd’hui’ hui un classique : Le Dernier Samaritain.

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Tony Scott et le jeune Thomas Mapother sur le tournage de « Top Gun »

Dans le second tournant de sa carrière, il s’empare du scénario d’un jeune scénariste débutant : Quentin Tarantino, qu’il produit avec le français Samuel Haddida  s’entourant de la crème des acteurs du Young Hollywood pour ce qui va aboutir à  True Romance,  seul film basé sur un de ces scripts qu’il n’a pas réalisé  adoubé par Q.T. lui-même. Il renoue alors avec Jerry Bruckheimer pour Crimson Tide  thriller sous-marin hyper-tendu dont il fait réécrire une partie des dialogues par Quentin Tarantino, ce film  marque sa  première collaboration avec celui qui deviendra son acteur fétiche Denzel Washington (ils se retrouveront cinq fois). Il enchaîne une série de thriller haut de gamme avec les plus grands acteurs de l’époque : Le fan avec Robert DeNiro (un échec commercial cuisant à redécouvrir) , Ennemi d’état (un succés) avec Will Smith et Spy Game avec la paire Robert Redford & Brad Pitt.

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tony Scott et sa « muse » Denzel Washington sur le tournage de « Man on fire »

Un court métrage pour BMW avec Gary Oldman et James Brown ( !!), marque un tournant dans son style il s’y livre à une série d’expérimentations visuelles (plusieurs types de pellicule, montage ultra cutté), qu’il intègre dés son prochain long métrage Man on Fire. Remake d’un film de 1987 dont il fut évincé de la réalisation au profit d’Elie Chouraqui ( !! oui oui, celui de la comédie musicale des 10 commandements). Le film est un succès et Scott  va au bout de ses délires visuels dans Domino, sur un scénario du réalisateur de Donnie Darko mais cette fois la magie de True Romance n’opère pas, le film est un échec, la mise en scène  de Scott hallucinatoire de Scott  rejetée par le grand public !

Il l’intégrera néanmoins à doses diverses « acceptables » pour le public dans ses trois derniers films, tous avec Denzel, tous des succès : Déjà vu (Scott s’ y montre au sommet de sa maîtrise, mettant  en scène une poursuite en voiture se déroulant à cheval sur  deux époques et de sa folie des grandeurs : il fait couper la navigation fluviale sur le Mississippi pour y faire exploser un ferry !) L’attaque du métro 1 2 3 (remake d’un film de 1974) et Unstoppable son dernier film.

Il fourmillait de projets : une suite à « Top Gun » dont il faisait les repérages avec Tom Cruise juste avant sa mort, un remake de « The Warriors » (dont il préparait une scène épique sur le pont ou il s’est donné la mort) et « Narco Sub » sur le trafic de drogue.

« Moi je suis plus musique classique, Tony lui est plus Rock ‘n’ Roll ». (Ridley Scott)

Souvent considéré par nos élites critiques comme un cinéaste mineur, son héritage est pourtant immense. Les codes visuels qu’il a imposé en 1986 se retrouve toujours chez ses « disciples » plus ou moins avoués comme David Fincher, Michael Bay ou Joe Carnahan. Si son talent était principalement visuel, Tony Scott était un directeur d’acteurs de premier ordre. Essayez de trouver une mauvaise prestation dans un de ses films même les plus commerciaux et regardez la liste des comédiens qui ont voulu travailler à ses cotés…

Sa silhouette typique avec sa casquette de base Ball écarlate usée et son barreau de chaise aux lèvres va nous manquer, mais comme les plus grands « Shooter », il restera immortel à travers son œuvre

 

EN BONUS le court métrage « Beat the Devil »

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